Adoyi : Comment est-il passé de la gloire à la déchéance ?

« Le véritable échec n’est pas la chute, mais de se relever sans en tirer un enseignement » (Adrien Verschaere)

Il y a à peine deux mois, le Commissaire des Impôts, Ahmed Essowavana Adoyi, rayonnant de joie, avait été élevé au grade de Colonel des Forces Armées Togolaises (FAT). Ainsi que son collègue  Philippe Kokou Tchodié, Commissaire général de l’Office Togolais des Recettes (OTR). Les deux commis de ce pool financier avaient reçu le 16 juillet 2020, leur Certificat d’aptitude militaire (CAM) après trois mois de formation au Centre d’entrainement des troupes aéroportés de Lomé. Ils entraient ainsi dans le cercle des sécurocrates de Faure Gnassingbé. 

 

 

 

A l’occasion de la remise d’attestation aux deux officiers, le chef d’état-major des FAT, Félix Abalo Katanga avait d’ailleurs salué le dévouement des deux personnalités au service de la nation. Il s’est, par la même occasion félicité du travail inestimable qu’ils accomplissent à la tête de l’OTR et les a exhortés à poursuivre dans la même dynamique pour le plus grand bonheur des populations. C’est dire qu’au plus haut sommet de l’Etat, Ahmed Essowavana Adoyi avait la pleine et entière confiance des dirigeants et devrait couler de beaux jours.

 

Mais mercredi 09 septembre 2020, patatras, la nouvelle est tombée. Le n°2 de l’OTR est sauté comme un fusible. Au grand désarroi de ce dernier et de ses soutiens. C’est d’autant plus surprenant que rien ne présageait une telle décadence. Quatre jours plus tôt, le Commissaire des Impôts avait organisé un mariage somptueux de son fiston, digne d’un mariage d’un prince du Golfe qui avait rassemblé plus de 500 convives dont les hauts cadres du parti présidentiel UNIR, selon des sources.

 

 

 

L’officier des FAT, pour agrémenter l’ambiance, n’a pas hésité à monter sur la piste de danse pour se déhancher gracieusement et faire étalage par la même occasion de toute sa générosité en faisant, comme le disent les Ivoiriens, le « travaillement », c’est-à-dire en arrosant sa belle-fille et son fiston des billets craquants neufs sous les hourra de la foule. C’était la belle vie, une vie de pacha, loin de l’océan de misère dans lequel pataugent la grande majorité des Togolais.

 

Il est utile de rappeler que ce mariage fastueux a été organisé en pleine crise sanitaire liée à la Covid-19 où les gestes barrières sont de mise et les rassemblements de grande foule interdits. Or, avec plus de 500 personnes annoncées à cette parade nuptiale, la distanciation sociale et autres règles de prévention n’ont forcément pas été respectées.

 

 

 

L’opinion a vite fait d’établir un lien entre ce mariage pompeux et l’éviction brusque du Commissaire des Impôts. Un argument fort plausible d’autant plus que quelques jours plus tôt, c’est un autre cadre du parti UNIR qui avait subi le même sort. Dame Aïssatou Titikpina, préfet de Tchamba, a été démis de ses fonctions  le 27 août 2020 et remplacée au pied levé. Elle est accusée d’avoir favorisé la propagation du virus dans la préfecture en organisant des regroupements des populations  au mépris des mesures barrières à la veille de la fête de la Tabaski. Les autorités ont été obligées de boucler la ville.

 

 

 

Essowavana Adoyi, Commissaire des Impôts est déchu, mais le régime ayant habitué  les Togolais au jeu de chaise musicale, il ne sera pas surprenant qu’il rebondisse ailleurs dans les jours à venir, à un autre poste encore plus juteux.

 

Médard AMETEPE / Liberté Togo