Affaire Bolloré: au palais, Faure Gnassingbé dans l’embarras

 

C’est une lapalissade, le Togo est nobélisé dans la corruption. Le dernier rapport de Transparency International sur l’indice de perception de la corruption dans le monde publié fin janvier 2021 en est l’illustration.

 

 

Le Togo est classé parmi les champions de la corruption sur le continent. Sous l’entrelacs des nombreux cas de corruption vient percer l’affaire Bolloré, immense scandale ruisselant du miel de la corruption dont les autorités togolaises sont la ruche.

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Confortant ainsi l’ONG internationale de lutte contre la corruption dans son classement. Donnant également raison à ce compatriote qui affirme que le Togo n’est qu’une dictature militaire, mais aussi mafieuse « une zone de non-droit, infestée par la pègre internationale, des voy… en col blanc et leurs « valets locaux » ».

Le régime a bradé -le mot est faible- le port de Lomé à Vincent Bolloré contre le financement de la campagne électorale de Faure Gnassingbé à l’occasion de la présidentielle de 2010. « Le groupe Bolloré a obtenu une prolongation de la concession du port de Lomé, assortie d’avantages dorés sur tranche : construction d’un troisième quai, exonérations fiscales, nouveaux entrepôts », a révélé Mediapart. Comble du scandale, on apprend par la suite que Bolloré avait obtenu une nouvelle manutention portuaire depuis une dizaine d’années sans contrat écrit.

 

 

 

Le moins qu’on puisse dire est que cette affaire embarrasse au plus haut point Faure Gnassingbé et sa minorité pilleuse. En témoignent la fébrilité du pouvoir et l’embrouillamini qui entourent ce dossier puant la haute corruption.

 

 

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Quand en 2018 l’affaire sur les soupçons de corruption pour l’obtention de concessions du port de Lomé et de Conakry avait éclaté et Vincent Bolloré mis en examen, les autorités togolaises s’étaient empressées d’annoncer leur disponibilité à coopérer dans l’enquête. Le régime s’était dit prêt à fournir toutes les informations nécessaires à la justice française.

« Le Togo ne se sent pas concerné par cette affaire et l’Etat togolais est serein. Le port de Lomé est le seul port dans la sous-région à respecter scrupuleusement les conditions de passation des marchés », avait déclaré Gilbert Bawara. « Cependant, si on demande au Togo de fournir des informations ou des éléments de tout genre, soyez assurés que nous le ferons volontiers ». C’est ce qu’on appelle la marche de l’écrevisse : un pas en avant et deux en arrière.

 

 

L’affaire connaît un retentissant rebondissement en cette fin du mois de février 2021. Vincent Bolloré reconnaît finalement sa culpabilité dans les faits de corruption active au Togo et a négocié avec la justice française le paiement d’une amende de 375.000 euros (246 millions de FCFA) pour que sa condamnation ne soit pas inscrite à son casier judiciaire. Mais au regard de la gravité des faits, les juges ont refusé le plaider-coupable et renvoyé Bolloré devant le tribunal correctionnel.

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Du côté du pouvoir togolais, on se fait tout discret. « La position du gouvernement est de ne pas commenter une procédure en cours dans les juridictions d’un pays étranger. C’est une affaire franco-française qui ne concerne pas le gouvernement togolais », s’est contenté de dire le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Akodah Ayewouadan. Une réponse qui trahit la frilosité et l’embarras du gouvernement.

Pourtant, la justice française estime que les faits reprochés à Vincent Bolloré et son groupe portent « gravement atteinte à l’ordre public économique et à la souveraineté du Togo ». Certains parlent même de « crime de haute trahison ». Mais au Togo, les premiers concernés jurent par tous les saints ne pas être concernés. Bienvenue au Togo des Gnassingbé ! Un pays entièrement à part.

 

 

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