Conflit Russie-Ukraine et approvisionnement alimentaire de l’Afrique : le paradoxe du blé soudanais

 

Au Soudan, les agriculteurs peinent à vendre leur blé, alors que le pays en manque et que les populations font face à une inflation galopante.

 
 
 

Plongé dans une crise économique qui ne cesse de s’aggraver, le Soudan manque de blé. Le prix du pain a été multiplié par dix depuis le coup d’État d’octobre dernier et les files d’attente font désormais partie du quotidien de ceux qui ont encore les moyens d’en acheter.

Le pays importe plus de deux millions de tonnes de blé par an, mais en produit aussi plus de 750 000 tonnes, selon les derniers chiffres de la FAO, pour l’année 2020. Or, depuis deux mois, la récolte locale a du mal à se vendre. L’État avait promis 75 dollars par sac de blé, mais aujourd’hui les acheteurs institutionnels ont disparu du circuit et les sacs de céréales s’entassent chez les agriculteurs qui craignent de voir leur stock s’abîmer.

 

L’État a confirmé le mois dernier qu’il n’achèterait pas l’intégralité des récoltes produites dans le pays, car les caisses sont vides. Contraint d’acheter au prix fort sur le marché international, le Soudan a déjà dépensé 366 millions de dollars en blé importé entre janvier et mars, selon la Banque centrale.

« Le blé local finira par trouver preneur »

La suspension de l’aide internationale depuis l’arrivée au pouvoir du général Al Buhran pèse aussi sur les finances de l’État qui avait déjà taillé dans ses dépenses l’été dernier, sous la pression internationale, en arrêtant de subventionner de nombreux produits. Une mesure qui a précipité la flambée des prix.

 

 

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La difficulté, c’est que la plupart des agriculteurs ont l’habitude de vendre la totalité de leur récolte à des acheteurs officiels et qu’ils refusent pour l’instant les propositions à bas prix à des intermédiaires locaux. L’exportation de ce blé soudanais n’est pas une alternative, précise un analyste, pour des raisons de qualité des grains et faute de relais nécessaires pour le commercialiser.

Mais ce blé ne sera pas perdu, tempère un négociant : il finira par être acheté, car le pays a besoin de sa production locale, d’autant que l’Ukraine et la Russie faisaient partie jusqu’à la guerre des deux principaux fournisseurs de blé du Soudan.

 

Avec Rfi