Discours de Faure Gnassingbe: la même phraséologie sans relief ?

 

Comme il l’a plu cette fin d’année, le Chef de l’Etat s’est adressé à la nation. Faure Gnassingbé pour une rare fois depuis quelques années a présenté ses vœux au peuple togolais le 31 décembre 2020.

 

 

Dans cet énième discours, rien de nouveau en dehors de la pandémie à coronavirus. La même phraséologie autour de la paix et la sécurité.

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Un discours de plus

 

Pour le Chef de l’Etat, le bilan de l’année 2020 se résume à l’organisation de la présidentielle du 22 février et la gestion de coronavirus. « En me référant à la tenue de l’élection présidentielle au mois de février, je remercie la providence divine qui nous a permis d’honorer ce rendez-vous républicain, juste avant la survenue de la pandémie dans notre pays.

Je me réjouis de la bonne organisation de cette consultation et salue la maturité et la mobilisation du corps électoral qui a massivement exprimé son choix en toute liberté et responsabilité.

 

 

 

Cette occasion me permet de vous réitérer mes remerciements pour la confiance renouvelée, et redire solennellement que je mesure chaque jour -avec humilité et détermination– ma responsabilité dans la conduite de notre pays sur la voie qu’il a choisie : celle d’un Togo en paix, d’une nation moderne avec une croissance économique inclusive.

À ce stade, je voudrais partager à nouveau avec vous ma conviction que l’œuvre de développement national est nécessairement commune et c’est ensemble que nous devons l’aborder, car elle est beaucoup plus importante que toutes nos divergences d’approche ou d’opinion », avance-t-il.

« L’année 2020 a été éprouvante à bien des égards, avec l’irruption de la maladie à Covid-19 et ses multiples conséquences aux plans sanitaire, économique et social.

 

 

 

L’épreuve nous a permis de mesurer la pertinence des efforts consentis durant les années antérieures pour bâtir une économie résiliente et développer des mécanismes d’inclusion sociale.

Mais elle nous aura également rappelé combien nous serions vulnérables si nous ne veillions constamment à préserver et consolider nos acquis. Le personnel de la santé qui s’est retrouvé au-devant de ce front sans précédent, a fait montre d’un courage et d’une mobilisation exemplaires qu’il convient de souligner.

Je voudrais donc l’exhorter, pour les mois à venir, à poursuivre avec le même engagement sa mission au chevet des patients pour protéger des vies».

Plus loin, il soutient «une lueur d’espoir point à l’horizon avec la mise au point des vaccins. Je veux vous dire que nous ne lésinerons sur aucun moyen pour préserver nos vies et nous permettre de reprendre rapidement le cours normal de nos activités.

 

 

 

Aussi ai-je instruit le gouvernement pour que les dispositions soient prises afin que notre pays, qui a déjà adhéré à l’initiative COVAX, bénéficie, dès que possible, des premières doses de vaccin qui seront destinées prioritairement aux personnes présentant des facteurs de comorbidité et au personnel soignant », précise-t-il.

Par ailleurs, le « quadramandataire » appelle à tirer les leçons de la crise sanitaire. « Nous devons donc nous enrichir des leçons que la crise nous aura administrées, pour continuer d’améliorer notre quotidien dans ce contexte.

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Le renforcement de notre système de santé sera poursuivi. Davantage d’efforts seront consentis pour dispenser une formation de qualité au personnel médical, et disposer d’un plateau technique performant.

Tout en continuant de renforcer le plateau technique, l’assurance maladie universelle sera généralisée de manière progressive. Spécifiquement, nous démarrerons dans les prochains jours le programme de gratuité des soins pour les femmes enceintes ».

 

 

Quant au secteur de l’éducation « principal levier de réduction des inégalités– nous ferons encore preuve de capacité d’adaptation et d’innovation, et mobiliserons les ressources nécessaires pour former la relève et accroître, pour la jeunesse, les chances d’accéder à un emploi décent». Comme pour reprendre mot à mot les trois axes de gouvernance déclamés plus tôt par le Premier ministre Victoire Dogbé, le fils de Eyadèma estime que « la digitalisation s’est trouvée au cœur des solutions les plus efficientes mises en œuvre récemment. Elle devra alors être généralisée à tous les secteurs et nous ferons appel au numérique et à ses applications technologiques pour relever le défi de l’inclusion et de la protection sociale, en particulier avec le programme d’identification biométrique de tous les résidents, et l’instauration d’un registre social unique ».

 

 

Principal socle de son règne, le Président du défunt RPT a fait un clin d’œil à l’armée « La préservation de la paix et de la sécurité apparaît plus que jamais décisive au regard des menaces qui émergent çà et là, et particulièrement dans notre sous-région.

Je salue l’engagement des forces de défense et de sécurité et les encourage à maintenir ce dévouement professionnel dans la fidélité à leur déontologie et le respect des citoyens.

La récente loi de programmation militaire confère aux forces de défense et de sécurité les outils idoines pour l’exercice de leur mission de protection et de défense, dans la cohésion avec l’ensemble des forces vives de la nation ».

 

 

En fin l’ancien député de Blitta trouve nécessaire que « notre pays devra consolider ses succès passés, notamment en matière d’assainissement des finances publiques, tout en continuant d’accroître les investissements et de renforcer les capacités de transformation de nos produits».

Lorsque le Chef de l’Etat se réjouit de la bonne organisation de la présidentielle du 22 février 2020, on peut comprendre aisément que c’est juste parce que cela lui a permis de continuer son bail sur le Togo. Sinon, il n’en est rien. La Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) proclamait les résultats le 23 février au moment où aucune plénière ne s’est tenue pour examiner les Procès-verbaux des résultats des CELI. Il s’agit en réalité des chiffres fabriqués et rendus publics. Rien d’autre. Personne ne peut s’étonner que le maintien de M. Gnassingbé à la tête du Togo ne consacre que le statu quo.

Lorsque Faure Gnassingbé déclare que la crise sanitaire « nous a permis de mesurer la pertinence des efforts consentis durant les années antérieures pour bâtir une économie résiliente et développer des mécanismes d’inclusion sociale», cela fait sourire simplement car Dieu seul sait l’aggravation de la misère de la majorité des Togolais. Il n’y a que Faure et son groupe de la minorité pilleuse qui ne sentent pas cette crise.

 

 

Plus loufoque, c’est quand il parle de renforcement du plateau technique alors qu’aucun hôpital public ne dispose de scanner au Togo. Et là pendant que rien n’est fait de concret en termes de recherches pour faire face à la Covid-19, il annonce être prêt à faire administrer les premières doses de vaccin CoVax à ses concitoyens. On le comprendrait si son gouvernement se montre préoccupé par les recherches.

S’agissant du secteur de l’éducation, rien qu’à voir le grand bazar qui entoure l’organisation des cours loin des promesses annoncées avant la rentrée, il n’y a que la providence qui sauve les enfants pour le moment mais pour combien de temps encore ?

Tout en saluant l’engagement des forces de défense et de sécurité, Faure ferait mieux de dénoncer aussi leurs dérapages jusqu’à l’assassinat du Colonel Madjoulba Bitala.

 

 

Par ailleurs, en parlant d’assainissement des finances publiques, on peut se demander à quoi fait-il allusion. Les détournements des deniers publics sont à ciel ouvert. En définitive, contrairement à la plupart des chefs d’Etat qui prennent la parole pour de grandes annonces, Faure Gnassingbé se contente de la même phraséologie sans relief pour inaugurer les chrysanthèmes.

Rien de nouveau donc.

 

 

Kokou AGBEMEBIO

Source : Le Correcteur