Gros scandale à TogoCom: la sécurité nationale menacée

 

Lorsqu’en novembre 2019, le conglomérat malgache Axian dirigé par la famille Hiridjee et le fonds d’investissement panafricain Emerging Capital Partners prenaient le contrôle de la société togolaise de télécommunication TOGOCOM, plusieurs voix s’étaient élevées pour critiquer ce choix.

 

 

Des hommes des médias et plusieurs compatriotes soutenaient ne pas être opposés au principe de la privatisation si l’objectif recherché est la performance et le développement du numérique au Togo. Mais privatiser au profit de qui ? Ce qui pose problème c’est le fait d’avoir laissé une société hautement stratégique aux mains d’un groupe étranger.

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Confier les télécommunications d’un pays à un groupe étranger est déjà en soi un peu imprudent. En effet, les groupes étrangers et les multinationales n’ont développé aucun pays en Afrique. Les Etats et la haute Finance internationale qui se cachent derrière ces groupes recherchent d’abord et avant tout à faire fructifier leurs capitaux. Ils ne peuvent en aucun cas être préoccupés du développement de notre pays plus que nous-mêmes.

 

Amateurisme et gestion approximative

Depuis leur arrivée à la tête de TOGOCOM, en novembre 2019, qu’y’a-t il de nouveau ? ils ont seulement continué ce qui était en cours. Pire, tous les stocks de pièces détachées sont épuisés. Ont-ils ravitaillé les magasins ? Rien n’est moins sûr. Ils fonctionnent aujourd’hui comme une équipe de  football qui joue sans gardien de réserve pour remplacer le titulaire en cas de blessure.

 

 

 

La plus grande richesse d’une entreprise, c’est les ressources humaines. S’il y a des faiblesses au niveau du management des ressources humaines, l’entreprise court à la catastrophe. Les conflits sociaux vont être récurrents et cela va impacter négativement la productivité. Partout, il est connu que la gestion du personnel est confiée aux anciens de la boite, ceux qui connaissent très bien le personnel. On ne peut pas parachuter quelqu’un pour lui demander de gérer un personnel qu’il ne connait pas.

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Autre preuve d’amateurisme est le manque de prévision. Prenez par exemple ce cas : En Janvier 2021, on envoie des messages au personnel pour lui signifier que le contrat d’assurance maladie avec GTA est résilié pour compter du 31 décembre 2020. Cette situation a pris de cours le personnel car ne disposant pas encore de nouvelles cartes d’assurance leur permettant de poursuivre leurs achats de médicaments pour les traitements en cours. Où est l’esprit d’anticipation ?

Les dirigeants annoncent pour se donner une bonne image, qu’ils ont construit plusieurs sites. Sauf qu’ils ont seulement tissé la nouvelle corde sur l’ancienne puisque tous ces ouvrages faisaient l’objet de contrats en cours d’exécution.

Les nouveaux patrons annoncent urbi et orbi qu’ils ont lancé la 5G et que le Togo est l’un des rares pays en Afrique à le faire. En principe, un bon gestionnaire ne fait pas la propagande et le folklore. Il doit laisser cela aux hommes politiques. Quel est le niveau de couverture territoriale de cette fameuse 5G ? Pas grand-chose. Ce réseau est-il opérationnel pour les abonnés ? la réponse est négative. Ensuite il y a un problème de terminaux.

Un tour à l’intérieur du pays permet de constater que même les utilisateurs publics comme les services de sécurité, les formations sanitaires, les représentants du pouvoir central et les maires dans des préfectures comme Vogan, Badou, Kantè, Pagouda, Afagnan, Tabligbo, Elavagnon, Mandouri, cinkassé, Moyen-Mono, Tchamba, Djarkpanga… etc ont rarement la connexion. Le débit qu’ils ont ne dépasse guère 20Mbps pour faire internet. Et que dire des abonnés privés ?

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Tout récemment, des enseignants du supérieur ont fait toute une journée sur le campus de Lomé attendant la connexion pour se former sur un nouveau logiciel conçu pour dispenser les cours en ligne. La connexion, c’est le minimum qu’on peut demander pour utiliser internet. Si on ne peut avoir un débit suffisant pour travailler, leur fameuse 5G est un géant aux pieds d’argile. On est loin du développement du numérique.

 

 

 

Péril en la demeure

Ce n’est pas la première fois que le Togo expérimente ces groupes étrangers dans la gestion des entreprises  publique. Il vous souvient que la CEET était confiée à un groupe chassé du Sénégal. Il a repris la CEET sous le nom de TOGO électricité. Ce groupe n’a pas fait long feu et tout le monde a constaté que les conseillers du président l’avaient induit en erreur.

Aujourd’hui encore certains conseillers du président l’on poussé à décider de confier les télécommunications du TOGO à un groupe privé étranger. Le premier indicateur de la faiblesse de ce groupe, c’est le mauvais management du personnel qui aboutit aux conflits récurrents qui ont entrainé l’arrêt de travail de fin d’année 2020. Pour une entreprise aussi stratégique, pourquoi fallait-il laisser pourrir les choses jusqu’à amener le personnel à utiliser leur arme ultime qu’est la grève ? TOGOCOM est incontournable aujourd’hui. Tout le monde a besoin de ses infrastructures pour communiquer. Le Président de la république, les ministres, les députés, la police, la gendarmerie, les sapeurs-pompiers, les militaires,  tout le monde a besoin de TOGOCOM.

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C’est pour cette raison que le risque de menace pour la sécurité nationale est réel compte tenu des tensions qui existent entre le personnel et ses dirigeants en une seule année de gestion. L’une des clés du succès d’une entreprise est la bonne ambiance entre le personnel et ses dirigeants. Si le climat est délétère, cela n’augure pas d’un avenir radieux pour l’entreprise.

 

 

Personne ne souhaite le pire pour son pays. Mais par ces temps qui  courent, où les adeptes de l’extrémisme violent, communément appelés Djihadistes sont à nos portes, il faut éviter que les faiblesses d’un groupe étranger, venus d’abord et avant tout pour faire fructifier son capital et qui est incapable de gérer son personnel, ne crée une perturbation dans notre dispositif sécuritaire, pour mettre en péril la stabilité et la paix si chèrement acquise et entretenue depuis des décennies. Nous y reviendrons.

 

 

La Montagne No 65