Sexe, magie, luxe…le business risqué des « Sugar babies » à Lomé

 

Le concept de « Sugar Daddy » est devenu un vrai phénomène de société dans notre pays, à l’instar de ce qui se passe dans beaucoup d’autres. Ce terme, qui veut dire littéralement en anglais « papa gâteau », désigne un homme qui offre de l’argent et /ou des biens à une femme beaucoup plus jeune que lui, en contrepartie de la compagnie de celle-ci et/ou des relations sexuelles.

 

 

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Si elle peut parfois être criminalisée dans certains cas et considérée comme de la prostitution dans d’autres, il est désormais installé dans les mœurs sur le continent.

Pour les non-initiés, Sugar Daddy peut évoquer une marque de sucre, de la confiserie ou des friandises. Il est cependant le nom qu’est pudiquement donné à un homme qui entretient une femme beaucoup plus jeune que lui, lui offrant de l’argent ou des biens matériels, en contrepartie de la compagnie de celle-ci et/ ou des relations sexuelles. La jeune femme qui offre ses services en nature est alors désignée Sugar Baby.

Ces relations peuvent aussi fonctionner avec une femme plus âgée payant un jeune homme : on parle alors de Sugar Mummy et de Sugar Boy ou Gigolo. Ces relations peuvent aussi être des relations homosexuelles dans le cas d’un homme ou d’une femme âgés payant respectivement un jeune homme ou une jeune femme pour des actes d’escort ou de prostitution. Souvent, la Sugar Baby est séduisante et ambitieuse.

 

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Typiquement étudiante, en apprentissage ou dans un emploi précaire, elle recherche un confort de vie et apprécie les biens matériels, les cadeaux et les voyages etc. Si auparavant cette relation se créait sur les sites de rencontres amoureuses, aujourd’hui elle se fait pour beaucoup sur les réseaux sociaux. Désormais, Facebook, Whatsapp, Instagram etc… sont les lieux de prédilection où se forment ces couples.

 

 

 

Bénéfices mutuels

Dans cette relation, chaque partie offre quelque chose que l’autre recherche. En effet, le contrat est simple. La jeune femme permet à son Sugar Daddy de rompre sa solitude, de passer d’agréables moments, hors cadre familial et officiel, sans réel engagement, en lui offrant son temps, sa chaleur, sa bonne humeur feinte ou non et son corps. En retour, le Sugar Daddy se montre généreux en donnant à sa Sugar Baby de l’argent, en la couvrant de cadeaux, en l’amenant dans des restaurants ou autres endroits de loisirs qu’elle n’aurait sans doute pas pu se payer elle-même, en la faisant voyager etc…

Certains Sugar Daddies financent les études, le commerce de leur protégée et ou leur paient les loyers « Céline m’a aidé à affronter la solitude après mon divorce avec ma femme. Je suis vendeur d’objets d’art et je vis en Allemagne. Chaque trois mois, je reviens au pays pour me ravitailler.

 

 

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Et durant mon séjour, c’est Céline qui est à mes côtés durant mes achats au Ghana, Burkina-Faso et parfois en Côte d’Ivoire », témoigne M. Boom, la soixantaine.  Ce dernier entretient une relation sexuelle avec Céline depuis l’âge de 20 ans quand elle était  encore en classe de terminale.

 

 

Motivation vénale

Les Sugar Babies sont de deux catégories. Il y a d’abord celles qui viennent de familles démunies ou modestes, et voient en cette relation, une opportunité de sortir de leur situation, voire d’ascenseur social. Selon Jeannine Agunke, inspectrice de l’Education à la retraite, ce sont des jeunes femmes qui cultivent un complexe d’infériorité, prêtes à tout pour s’intégrer dans la société de consommation. « Elles veulent mener une vie de rêve et se pavaner avec des produits « dernier cri ».

Elles se cherchent alors des “Sugar Daddies” pour un peu de  luxe, pour se sentir importantes », explique-t-elle. Comme Céline, la Sugar Baby de M. Boom. « J’avais besoin d’argent. Je cherchais un petit job pour m’aider à arrondir mes fins de mois. C’est là où je suis tombée sur cet homme qui m’a énormément aidé financièrement.  Grâce à lui, je suis devenue coiffeuse et j’ai mon propre salon aujourd’hui. Je suis mère célibataire mais il continue de m’envoyer de l’argent », confie-t-elle. « Bien sûr, en contrepartie je lui donne ce que j’ai de plus cher, le fruit défendu », ajoute-t-elle dans un fou rire.

 

 

 

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La seconde catégorie des Sugar Babies est celle qu’appelle Agunké, les « insatisfaites ». Elles vivraient dans de bonnes conditions et ne seraient pas dans le besoin. Mais elles en veulent toujours plus. Pour elles, avoir un Sugar Daddy, relève de caprices, de jeu et parfois de pari : tester leur capacité de séduction, histoire de voir qui pourra conquérir le Sugar Daddy le plus riche, le plus généreux. « Elles ont brisé des cœurs, ces demoiselles ! Des ménages aussi… En général, il y a le petit copain officiel, avec qui elles se projettent dans le futur. Mais ce pauvre chou ne peut leur offrir un IPhone X ! Donc, elles font avec les moyens de bord », analyse la retraitée.

Pour elle, accepter de rencontrer des hommes fortunés le temps d’une soirée, ou de temps à autre en contrepartie de l’argent ou des cadeaux, est une forme de prostitution déguisée.

 

Une relation à risques

Dans cette relation particulière, les Sugar Babies sont tenues en laisse : habituées à la longue au luxe ou à un certain niveau de vie, elles en deviennent dépendantes. Ou alors ont du mal à en sortir parce que leurs Sugar Daddies veulent faire d’elles leurs propriétés et deviennent possessifs.

 

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« Les jeunes filles peuvent vite prendre goût à un train de vie élevé. Et, ce qui n’était qu’un moyen d’arrondir ses fins de mois, peut rapidement devenir une source de revenu très importants. Difficile de s’en priver du jour au lendemain ! Pire, l’appât de cet argent facile peut contribuer à rendre les Sugar Babies imprudentes, et à leur faire baisser la garde…», confirme Mr Tony Bou, psychologue clinicien au Centre convivial des femmes.

 

 

 

Focus Infos No 269