Tradition : Le couscous traditionnel « Yaka-okin » en pays guin, un repas sacrificiel et de convivialité

 

« Yaka-Okin » franchisé en « Yèkè-yèkè », signifie en Ewé « manger le couscous traditionnel à volonté sans payer ». Ce couscous préparé à base de maïs à la vapeur est une spécialité en pays Guin dans la préfecture des Lacs. Ce mets intervient à l’occasion de Épé-Ékpé, cérémonie de prise de la pierre sacrée chez le peuple Guin, une célébration qui était à sa 359e édition cette année.

« Yaka-Okin», un repas de fraternité
Dans les familles, la préparation de ce repas intervient au premier dimanche après le jeudi de la prise de pierre sacrée. « C’est un repas familial, fraternel et de convivialité qui rassemble tout le monde, membres de la famille, les proches et les amis. Ce repas se savoure après le rituel de demande de pardon dans la famille, une pratique en pays Guin. Quand vous rentrez dans une maison, vous mangez sans payer dans n’importe quelle concession », a expliqué le journaliste natif d’Aného, Jeff Latévi Lawson-Ayeku.

Pour le prince Kanyi Folly-Bebe alias Gbewuyé, notable du chef canton de Glidji, Le partage de « Yaka-Okin» est « une occasion où les frères et sœurs voire des amis ont l’impérieux devoir de se retrouver pour se réconcilier autour du repas traditionnel et laver ainsi le linge sale en famille ».

 

Un repas à consommer sur six mois

Le premier dimanche après la prise de la pierre sacrée est le jour de l’an, une occasion de présenter les vœux en pays Guin. « C’est à partir de ce moment qu’on peut préparer en famille et dans les maisons « Yaka-Okin», et cela s’étendre sur les six mois qui viennent sur le calendrier lunaire du pays Guin qui compte 13 mois », a précisé le journaliste. D’après ces explications, ce couscous se mange tous les jours avec plusieurs sauces selon la convenance des uns et des autres.

Le « Yaka-Okin» en famille précède celui du couvent destiné à honorer les défunts.

 

« Le samedi, est réservé aux sacrifices aux morts, notamment, les parents décédés, les êtres chers que vous avez perdus. Vous leur donnez à manger, vous priez pour eux », a confié Lawson-Ayeku. D’après lui, « donner à manger aux morts en période de Yèkè-yèkè est un rite symbolique pratiqué dans les grandes maisons de famille. Il consiste après la préparation, à servir des morceaux de Yèkè-yèkè avec un peu de sauce devant les maisons pour inviter les morts à venir manger, une manière traditionnelle pour se souvenir des morts et leur dire qu’ils ne sont pas oubliés ».

« Le dimanche, le Yaka-Okin commence dans les familles. Chaque famille organise son pique-nique ou sa rencontre familiale pour inviter les amis afin de partager ce plat ensemble avec tout le monde », a renchérit le journaliste.

Le « Yaka-Okin» du couvent, un repas sacrificiel

 

« Les ingrédients entrant dans la préparation du couscous traditionnel au couvent relèvent du secret et sa cuisson est confiée aux reines-mères (Tassinous) », a déclaré le prince Kanyi Folly-Bebe. « Ce mets ne se prépare pas par n’importe qui et n’importe comment. Il faut être une femme vertueuse, respectueuse des préceptes. Tu dois respecter les interdits, être juste, très purifié avant de préparer ce mets-là », a signifié M. Dossavi Félix, chargé de communication du palais de Glidji.

Après la préparation au couvent, les initiés et non-initiés (population) se rendent au palais royal ou sous l’arbre à palabre du palais où le mets est servi à tout le monde. « On demande à tous de manger à leur gré (Mikè yaka yaka). C’est une fête et le manger est mis à la disposition de tout le monde », a commenté le prince.

Avant de servir le mets aux convives, précise M. Dossavi, « on va dans le couvent des ancêtres pour un rituel et donner à manger aux ancêtres. Et après ça, tout le monde peut manger ».

 

Source: atoptg.com