« Qui veut noyer son chien, l’accuse de rage », cette assertion résume visiblement la situation qui se joue actuellement à la Société Amina Togo Sarl (plus connu sous le nom Mèche Amina), où, après la fermeture et le licenciement des plus de 2000 employés de cette société de la zone franche togolaise, propriété de Coréens installés au Togo, puis le lancement d’une nouvelle procédure d’embauche avec exigence aux anciens employés voulant reprendre leur poste de se fendre d’une lettre de demande de pardon, les Délégués du personnel, visiblement non acquis à la cause de l’employeur, sont accusés à tort ou à raison d’avoir été à l’origine de cette grève dite illicite.
En fait, face à la presse ce jour, ces délégués dont la totalité est issue de l’USYNTRAZOFE (un des syndicats des employés au sein de cette société), suivant les résultats des élections en Mars dernier, après avoir depuis le début de cette crise le 06 Septembre dernier, observé un silence, ont tenté d’apporter leur part de vérité à l’opinion nationale et internationale.
« On ne se reconnait pas dans ces accusations de l’employeur, puisqu’aucune chance ne nous a été donnée de jouer notre partition pour résoudre le problème, et faire arrêter cette grève spontanée des camarades qui a duré finalement deux semaines », ce sont là les mots d’un des délégués du personnel au cours de cette rencontre avec la presse.
Dans le développement de ces Délégués, il en ressort qu’à l’éclatement de la crise le 06 Septembre, ils se sont concertés, du moins les Délégués présents (puisque certains étaient en Congés, d’autres en congés maladies ou accidents) au boulot, avaient pris sur eux d’entreprendre des démarches près de la direction générale pour discuter et voir comment l’aider à faire cesser la grève au deuxième ou troisième jour. Il ressort qu’ils se sont heurtés à un mur de la part de l’administration, leur interlocuteur leur indiquant que le PDG n’étant au pays et qu’il ne pouvait prendre aucune décision en son absence. Comment dans une telle condition, on en vient à porter les accusations sur ces Délégués, jusqu’à les flanquer une mise à pieds puis maintenant, une procédure de licenciement, avec au cœur de la démarche, une injonction du ministre de la Fonction publique Gilbert Bawara, de lui soumettre leur lettre de démission ?
De tout ce qui tourne autour de ce dossier jusqu’à arriver à l’injonction du ministre qui, d’après leurs dires, soutiendrait son exigence qui n’a même pas attendu, l’arrivée à terme de la procédure de la Direction de l’inspection du travail, d’une volonté de sauver le travail des milliers de travailleurs de Mèche Amina, concernés par cette crise, les délégués du personnel et leur syndicat mère, l’USYNTRAZOFE, y voient rien que du dilatoire et de la mauvaise foi, dans la mesure où depuis l’élection des 22 délégués du personnel (11 titulaires et 11 suppléants) toutes les démarches pour tenir les réunions mensuelles avec la Direction pour discuter de la vie de la société et des employés jusqu’alors ont été vaines. S’ils accusent d’ailleurs les anciens délégués qui ont fait 20 ans à leur poste au lieu de 2 ans, de copinage profitable aux deux parties, sur le dos des milliers d’employés, ils analysent que les agissements de l’employeur laissent penser « une crainte de ce que les pratiques qui l’arrangeaient et gonflaient ses chiffres d’affaires au détriment des employés, ne seraient plus de mise avec les nouveaux délégués », qui sont rigoureux sur le respect des textes de la législation togolaise du travail, avec un contrat de travail en bonne et due forme, la rémunération des heures supplémentaires à leur juste valeur, l’observation des jours fériés…
Au vu de tout ce qui précède, on peut se demander si finalement c’est la tête des nouveaux délégués qui ne plait pas à l’employeur jusqu’au moins où il refuserait ne serait-ce qu’à collaborer avec eux pour sauver son business ? La zone franche togolaise est devenue une zone de non droit au Togo, au point qu’un membre du gouvernement n’en vienne à réclamer la démission de délégués pourtant élus par les employés ? Un licenciement de travailleurs ne doit plus être soumis à une procédure rigoureuse prescrite par les textes avec les confrontations possibles des parties ?
Ce sont là autant de questions qui méritent clarifications, à moins que l’on en vienne à répondre que la société Amina Togo Sarl est une zone interdite où la loi ne franchit pas ou que les Coréens sont au-dessus des lois en République togolaise et peuvent disposer de la main d’œuvre togolaise comme bon leur semble sans en être inquiétés. Vivra verra !
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