Confidence : le Togo est en train de tuer Nibombe Wake

 

 

Tout porte à croire que les anciennes gloires ne sont pas valorisées au Togo, après avoir mouillé le maillot de la sélection. Waké Nibombé (né le 19 février 1974 au Togo) fut un gardien de but de classe internationale ayant laissé son nom au panthéon du football national. Avec l’équipe nationale du Togo, il a joué les CAN 1998 et 2000 où le Togo a été éliminé, à chaque fois, au premier tour.

Dans un entretien avec Africafootunited, l’emblématique gardien des Éperviers du Togo, Nibombe Wake ouvre sa boîte à souvenirs et s’indigne d’avoir été complètement oublié par les plus hautes autorités sportives, après avoir tant donné pour son pays.

 

Dites-nous comment êtes-vous venu au football !Nibombe Wake :

Le football, je l’ai vu comme ça se donne. C’est le bon Dieu qui me l’a donné. Dans le temps, les écoles primaires font leurs championnats et Bassar (nord du Togo) vient jouer contre la région centrale qui se composait de Tchamba et Sotouboua . Le premier tour vous faites ça le matin et les finalistes jouent le soir. C’est comme ça, arriver à Sokodé,  notre gardien dépassait 1,60m et le directeur , Monsieur Djobo en ce temps a demandé qui va garder les buts. J’étais le premier à lever le doigt et j’ai dit que je vais mieux garder, il y avait un autre aussi qui voulait le faire. Donc on a dû lancer une pièce et c’est moi qui fut choisi. On avait battu Tchamba 1-0 et le même score contre Sokode, la fureur, en finale. C’est de là que tout est parti.

 

Vous avez eu un parcours glorieux. Racontez-nous ! Nibombe Wake :

De retour de cette finale remportée, le préfet d’alors m’a ordonné de continuer le football en étant toujours gardien de but. J’ai eu mon CEPD et les directeurs d’écoles ont commencé par se bousculer pour me récupérer et c’est le directeur d’Atakpamé qui a finalement gagné. Au cours du championnat au CEG Bassar ville, c’était comme la coupe du monde, tout le monde cherchait à me mettre un but mais ils ne pouvaient pas. C’est comme ça à petit coup, les inter écoles nous ont conduit à Lomé et là j’ai montré toute ma classe. Après tout, Gbikinti de Bassar (actuellement en D2) est venu me chercher de force. Dès que j’arrive à Lomé, c’était comme un gardien de l’Europe, tout le public scandait mon nom.

La première fois, j’ai récolté entre 120 et 130 mille au Stade Eyadéma dans le match contre Agaza (club, actuellement, en D2). J’ai reçu la bénédiction du ministre d’alors et au campement j’ai servi mes coéquipiers. Deux semaines plus tard, j’ai été appelé en sélection junior et on devait aller au Sénégal en ce temps. La concurrence se faisait avec Ayomane, le gardien de Doumbe, un bon duel, je m’en souviens très bien. Deux semaines encore, c’est avec les Seniors que je devais jouer. On est parti à Accra pour la zone 3, le gardien titulaire, Bassarou étant blessé j’ai dû le remplacer et depuis je suis devenu titulaire. En 1986, j’étais meilleur gardien en France.

 

 

 

Vous participez aux CAN 1998 et 2000. De beaux souvenirs n’est-ce pas ? Nibombe Wake :

Ah oui! Il fallait qu’on entende parler de moi, j’ai eu la chance de faire un bon duel avec le Ghana. Si le pays voisin nous battait, j’allais avoir des problèmes. Les Togolais diront que c’est parce que je suis au Ghana et que j’ai pris de l’argent. Le bon Dieu était avec nous je me suis donné à mort et la suite vous la connaissez (victoire du Togo 2-1).

L’attentat de Cabinda en 2010, forcément vous rappelle de très mauvais souvenirs ?Nibombe Wake :

C’était malheureux parce que ce qu’on a pensé que ça devrait être au retour, ce n’était pas ça. J’ai eu une balle sur mon pied droit et jusqu’à présent ce sont des problèmes sur ce pied. Une balle sur l’organisme d’un homme, il faut vraiment un bon traitement. Nous sommes arrivés et bizarrement personne, absolument personne, pour le traitement. C’est jusqu’à Bandjeli (nord du Togo) que je suis allé pour me faire sortir la balle ou les résidus. Difficile de marcher dessus mais il y avait des produits que je payais à la pharmacie, dès fois, je suis obligé d’aller à Bandjeli.

 

Plus de nouvelles vraiment ? Malgré des promesses faites par les autorités sportives ? Nibombe Wake :

 

Si promesses il y avait, cela devrait être l’assurance mais rien. Depuis l’histoire de l’assurance, le ministre nous avait dit que ceux qui sont morts, une part sera réservée à leur famille, ceux qui sont vivants et sont blessés en ont également et ceux qui n’ont rien, en auront. Mais! C’est ce qu’on attend depuis et c’est devenu noir plus que la mort.

 

Vous décidez alors de ne plus entendre parler du football togolais !Nibombe Wake :

Oui, pas du tout. Je ne veux plus parce que je ne suis pas un enfant. Compte tenu de mon âge, on ne peut pas me tromper deux fois. Là où je suis, j’aime le football. Si Adebayor arrive il m’appelle, dès fois j’y vais et il me reçoit correctement. Pas de nouvelles de la fédération togolaise de football, c’est ça le problème.

 

Quel regard portez-vous sur le football togolais et surtout la sélection nationale ? Nibombe Wake :

J’apprends toujours, je regarde le football mais quand le Togo joue non, je préfère faire autres choses. Si le Togo joue ce n’est pas mon problème. La sélection, qui est là? Est-ce que ceux là me connaissent et me respectent? C’est ça le problème. Dans les pays où le football marche on respecte les gens. Ceux qui viennent en sélection, est-ce qu’ils s’approchent de moi? Un seul mot pour ces joueurs qui peut-être viendront me voir, c’est un plus mais ils ne veulent pas venir et ce n’est pas moi qui vais aller chez eux.

 

AfricaFootUnited