Coronavirus : Un test gênant et qui fait mal !

 

Des internautes s’étonnent qu’il faille chercher le virus si loin, si un simple postillon est contagieux. En réalité, le virus est peu présent dans la salive.

 

L’image suscite volontiers l’appréhension : pour diagnostiquer une infection au Covid-19, la procédure nécessite d’aller recueillir avec des écouvillons des cellules au fond des muqueuses de l’arbre respiratoire, en « transnasal ».

 

 

Depuis début juillet, une image de ce type de test circule sur les réseaux sociaux, assortie d’une légende pleine de suspicion : « Je me demande pourquoi ils t’enfoncent un Q-Tip dans le nez jusqu’à l’arrière de la tête pour recueillir un échantillon de Covid-19, quand ils prétendent qu’une simple goutte de salive a le potentiel d’infecter un village entier ? »

La question, troublante au premier abord, témoigne d’une mécompréhension du fonctionnement du virus et de sa transmission : celui-ci loge en premier lieu dans les voies respiratoires, et ne se transmet pas prioritairement par la salive.

 

 

Un procédé établi en 2009

La méthode du test en transnasal n’a rien de nouveau. La vidéo dont est tirée l’image a été mise en ligne en 2009 par la très sérieuse revue scientifique The New England Journal of Medicine. La technique est préconisée depuis l’apparition de la grippe H1N1 pour le diagnostic des maladies à virus respiratoire, comme le Covid-19.

 

 

Pourquoi des tests en transnasal ? Ceux-ci apportent deux bénéfices.

Des diagnostics plus fiables

Le premier tient dans leur fiabilité plus élevée. « C’est ce qu’il y a de mieux », explique Laurent Andreoletti, professeur de virologie à la faculté de médecine de Reims, et responsable d’une unité de diagnostic Covid-19. « Même si on peut trouver le virus dans la salive et la gorge, il est davantage présent dans les cellules ciliées de l’arbre respiratoire. Cela limite le pourcentage de faux négatifs », c’est-à-dire de personnes porteuses du virus que l’on échoue à diagnostiquer. Concrètement, ajoute le chercheur, la fiabilité d’un test en transnasal bien réalisé est de l’ordre de 80 à 90 %, contre 60 à 70 % pour un test salivaire.

 

Une détection plus précoce dans le cycle de la maladie
L’autre avantage est stratégique. Le SARS-CoV-2 étant en premier lieu un virus respiratoire, c’est dans les voies respiratoires qu’il se loge. Et c’est donc là que l’on peut le détecter en premier, avant qu’il ne se développe dans d’autres parties du corps.

 

 

« On ne sait pas exactement quand il arrive dans la salive ; alors qu’on sait que l’on va le trouver dans les muqueuses, qui sont le lieu d’infection primaire », détaille Bernard Binetruy, directeur de recherche Inserm, chargé de communication scientifique en charge des tests PCR.

« Si on ne faisait que des tests salivaires, on passerait à côté de gens qui ont le virus et sont en début d’infection mais ne seraient pas encore détectables. »

 

L’air exhalé, principal vecteur de transmission

De ce point de vue, l’image qui circule sur les réseaux sociaux est trompeuse. « Une simple goutte de salive n’infecte pas un village entier, c’est complètement faux », écarte Laurent Andreoletti. Et de corriger :

« La salive n’est pas un bon milieu de transport pour le virus, qui préfère les cellules de l’arbre respiratoire. La transmission se fait principalement par la vapeur d’eau présente dans la respiration. »

 

 

 

C’est la raison pour laquelle il est recommandé de porter le masque non seulement devant sa bouche mais également devant son nez. Certaines personnes développent davantage le virus dans leurs voies respiratoires, et en exhalent donc davantage, expliquant les cas de supercontamination, ajoute Laurent Andreoletti.

En début de mois, plus de 250 scientifiques ont par ailleurs adressé à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) une lettre affirmant que le virus se transmet par les voies aériennes. L’agence onusienne a admis le 7 juillet que « la transmission aérienne du virus ne peut pas être exclue ».

 

 

 

Un autre test, sérologique, lui, recherche dans le sang la présence d’anticorps. Il nécessite une simple prise de sang, et permet d’évaluer si une personne a été porteuse du virus, mais pas de dépister une contamination récente.

 

 

LeMonde