De nouvelles révélations sur le logiciel espion utilisé au Togo !

 

 

 

La révélation fait la Une des médias nationaux et internationaux depuis hier lundi au Togo. Selon une enquête du journal français Le Monde, et anglais The Guardian, le pouvoir de Lomé aurait utilisé un puissant logiciel espion israélien pour surveiller des leaders politiques de l’opposition, des religieux et des activistes.

 

 

Dans l’article publié hier lundi, le journal Le Monde explique également comment fonctionne ce « piège numérique » arrive à accéder aux smartphones des personnes ciblées. Extrait…

 

Le chef de l’Etat est un fervent catholique qui se rend au moins deux fois par an en Italie et au Vatican. Mais pour cibler des religieux de son pays, ses services ont utilisé des serveurs informatiques utilisés par Pegasus et dont les noms de domaines, tels que chretiendaujourdhui.com ou viedechretien.org, sont volontairement trompeurs.

 

 

 

Pièges numériques dans lesquels est tombé le père Affognon, qui s’est longtemps demandé comment certaines de ses conversations WhatsApp ont pu se retrouver sur des sites Internet de propagande du régime. Le mystère est levé en octobre 2019, lorsqu’il reçoit un message d’alerte l’informant qu’il a été ciblé par Pegasus.

« J’ai été choqué et cela m’a rappelé combien nos libertés individuelles sont réduites », se souvient le prêtre. Tout comme Mgr Alowonou, il explique ne pas avoir informé le Vatican de cette tentative d’espionnage subie par l’Eglise catholique togolaise, faute de certitudes.

 

 

 

Le logiciel Pegasus exploitait alors une faille de sécurité de la messagerie WhatsApp, propriété de Facebook, qui a porté plainte en octobre 2019 aux Etats-Unis contre NSO Group. La société israélienne, rachetée par le fonds d’investissement britannique Novalpina Capital quatre mois plus tôt, est accusée d’avoir permis l’espionnage d’au moins 1 400 utilisateurs de WhatsApp dans le monde : « avocats, journalistes, militants des droits humains, dissidents politiques, diplomates et autres hauts fonctionnaires de gouvernements étrangers », pour ne citer que quelques catégories de personnes ciblées, selon la messagerie.

 

 

Pour les identifier, WhatsApp a recouru aux investigations numériques du Citizen Lab de l’université de Toronto. Un de ses principaux chercheurs, John Scott-Railton, compare les découvertes à « la pointe hideuse d’un iceberg bien plus vaste ». Après que le continent africain a été inondé au XXe siècle d’armes de guerre d’Europe de l’Est, aujourd’hui « tout régime autoritaire cherche à s’équiper d’armes numériques invisibles pour espionner sa population, sa diaspora, ses voisins et des diplomates étrangers », analyse-t-il.

 

 

 

 

Au Togo, la surveillance fait depuis longtemps partie du quotidien des militants pro-démocratie. Des micros distillés dans les lieux de réunion aux écoutes des lignes téléphoniques GSM, en passant par la plus prosaïque infiltration des associations et partis politiques par des agents du régime, la panoplie était déjà large avant Pegasus. Mais avec ce logiciel, un palier technologique a été franchi par les services de renseignement togolais.

 

Vivien Kouassi