Le Togo est dans une situation inconfortable. Le pouvoir d’achat des populations est en chute libre. La décentralisation souffre des abus du tout-puissant ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et du Développement des territoires, et des élections régionales s’organisent pour aboutir à la contestation.
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La décentralisation en danger
Depuis deux ans, le Togo a amorcé une nouvelle décentralisation avec la mise en place des autorités communales. Dans les 117 communes que compte le Togo, les conseillers municipaux s’échinent à gérer les ressources de leur ressort territorial de la meilleure façon. Bien sûr, les brebis galeuses sont nombreuses.
Mais l’un des obstacles à une bonne décentralisation est la difficile collaboration entre les élus communaux et le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et du Développement des territoires. En bons collaborateurs de Faure Gnassingbé, le ministre Payadowa Boukpessi et les préfets optent pour un contrôle excessif des actions des maires. Certains, surtout ceux de l’opposition, se retrouvent dans un bras de fer avec le ministre qui tente d’empêcher les élus de faire convenablement leur travail. Les difficultés faites à la mairie du Golfe 4 en sont une illustration.
Pourtant, ce processus de décentralisation constitue un palier important, voire incontournable dans l’instauration de la démocratie à la base. Celle-là même qui va contribuer à une vraie démocratie au Togo. La décentralisation est en panne parce que les maires n’ont pas les coudées franches pour diriger.
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Et c’est dans ce contexte que le gouvernement a enclenché le processus d’organisation des élections régionales. Et les préparatifs vont bon train. Le lundi 09 mai 2022, les membres de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ont élu leur bureau exécutif. Une élection qui intervient un mois après leur prestation de serment devant les juges de la Cour constitutionnelle. En remplacement de Tchambakou Ayassor, ils ont élu Yabré Dago, officiellement issu de la société civile. D’après son Curriculum Vitae, le nouveau président de l’institution en charge de l’organisation des élections est diplômé de l’Ecole nationale d’administration (ENA) et de l’Institut international d’administration publique (IIAP) de Paris. Au sein du bureau, on retrouve l’éternel vice-président, Jean-Claude Homawoo de l’Union des forces du changement (UFC). Le 1er rapporteur est Dossekpli Messan pendant que le cadre UNIR Christophe Tchao est placé au poste de 2ème rapporteur.
Cette configuration de la CENI ne donne pas à présager d’une issue acceptable des élections régionales en préparation. Comme nous l’avions dit dans de précédents articles, sur les dix-sept membres de la nouvelle CENI, le parti au pouvoir est assuré d’avoir au moins 13 représentants ou affidés. Déjà, tous les représentants des partis politiques présents à l’Assemblée nationale sont d’obédience RPT/UNIR. De même que les personnes issues de la société civile. La majorité d’entre eux ont déjà fait leurs preuves de par le passé. Seuls les représentants de l’opposition extraparlementaire peuvent se prévaloir d’une certaine liberté face au régime en place. Avec Dago Yabré à la tête de l’institution, ce n’est pas la peine d’espérer des élections crédibles et transparentes.
En conclusion, que ce soit relativement à la décentralisation ou aux élections, l’espace politique est obstruée. Peut-être pour les cinq années que va durer leur mandat. Le mal, c’est que sur le plan social et économique, les choses ne sont pas meilleures.
Le pouvoir d’achat s’effrite de plus belle
A partir de mardi, les Togolais doivent faire face à une nouvelle augmentation hausse du prix des produits pétroliers à la pompe. La deuxième augmentation en moins de 45 jours dans un contexte socioéconomique particulier. Depuis deux ans, les populations sont soumises à une crise économique terrible qui se manifeste par la cherté de la vie. Après les restrictions sanitaires qui ont plombé les activités économiques, place est faite maintenant à une série d’augmentations dont celle des prix des produits pétroliers à la pompe. Le super sans plomb est désormais vendu à 625 FCFA alors qu’avant la fin du mois de mars, il était vendu à 505 FCFA.
La conséquence de la première augmentation du prix des produits pétroliers est celle du prix des transports et des produits de grande consommation. L’huile, le maïs, le sucre, le pain, le riz, le haricot… coûtent de plus en plus cher. Le pouvoir d’achat des ménages s’est drastiquement effrité. C’est en connaissance de cette situation que le gouvernement a annoncé le 27 avril 2022 les quatre mesures d’atténuation de la cherté de la vie.
Malheureusement, le calvaire va se poursuivre avec la nouvelle augmentation des prix des produits pétroliers. Pour justifier cette hausse, le gouvernement évoque le prix du baril du pétrole sur le marché international. Avec l’enlisement du conflit russo-ukrainien, une baisse du prix à l’international n’est pas envisageable. Il faut donc s’attendre à une nouvelle augmentation dans un ou deux mois.
Cumulés, les facteurs de la décentralisation, de l’organisation des élections régionales avec une CENI acquise au régime et la perte du pouvoir d’achat des populations, l’horizon ne fait que s’obscurcir pour les Togolais. Et c’est bien dommage.
G.A.
Source : Liberté.info