« Depuis mon départ de la tête de l’état-major, l’institution est dans les mains des amateurs » affirme le Général Kadhanga

 

 

Après les plaidoiries des avocats, les accusés ont eu la possibilité de s’exprimer une dernière fois avant que les jurés se retirent pour délibérer. En dernier lieu, le Général Félix Abalo Kadangha a pris la parole, commençant par rendre hommage au Colonel Madjoulba Bitala, qu’il considère affectueusement comme « son fils ». On l’accuse d’avoir été l’instigateur de l’assassinat du Colonel, survenu peu de temps après la prestation de serment du président de la République Faure Gnassingbé le 3 mai 2020. Le Général a exprimé le souhait de pouvoir rendre hommage au Colonel lors de ses funérailles, lorsque les circonstances le permettront.

 

Il a cité les mots d’Alphonse de Lamartine : « Un seul homme vous manque et tout est dépeuplé », soulignant combien le Colonel Madjoulba manque non seulement à lui-même, mais aussi à sa famille et à son pays.

Le Général s’est consolé en rappelant une croyance africaine selon laquelle les morts demeurent présents. Il a affirmé que le Colonel était toujours présent et qu’un guerrier ne meurt pas. Il a exprimé sa confiance en l’aide du Colonel pour la mission de sécurisation de leur pays.

S’adressant aux jurés, le Général les a appelés à faire preuve de sagesse divine dans leur quête de la vérité et a imploré le Seigneur de les guider vers la justice militaire au Togo.

 

En réponse à sa déchéance de sa qualité de militaire, le Général a annoncé sa retraite le 20 novembre prochain, mais il a souligné qu’un Général reste toujours un militaire. Il a ajouté qu’il avait beaucoup à offrir à son pays en matière de sécurité sur ses 56 600 km2. Il a conclu en exprimant son inquiétude quant à la gestion actuelle de l’institution militaire depuis son départ de la tête de l’état-major.

Certains ont interprété cette dernière phrase comme une critique voilée envers ses successeurs pour leur gestion de la sécurité du pays. Cependant, cette parole était destinée à des jurés qui devaient décider de son sort.

Il est important de noter que tout au long du procès, le Général Félix Abalo Kadhanga a maintenu son innocence, insistant sur le fait qu’il est un officier de guerre et non un criminel, et qu’il n’aurait pas pu renverser les institutions de la République ni tuer « son fils », le Colonel Madjoulba.

 

Le Général, qui était le plus haut gradé de l’armée au moment de l’assassinat du Colonel Madjoulba, a été arrêté le 12 janvier 2023 sous trois chefs d’accusation. C’est la première fois qu’un haut gradé de l’armée togolaise comparait devant un tribunal pour avoir exercé ses prérogatives. C’est également la première fois qu’un chef d’état-major des Forces Armées Togolaises en fonction est accusé de complot, et la première fois qu’un chef d’état-major en fonction est accusé d’assassinat de son supérieur. Il s’agit également de la première fois qu’un chef de corps de l’armée est assassiné à son bureau dans un poste militaire.

 

Le verdict de son procès a été rendu le mardi 7 novembre 2023. Le Général a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle, la peine la plus lourde parmi les accusés, assortie de la déchéance de sa qualité militaire.