Dernière minute : un autre prisonnier politique hospitalisé d’urgence

En détention depuis 2019, ce malheureux prisonnier politique est admis à l’hôpital, informe Samari Tchadjobo depuis son fief en Allemagne.

 

 

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Dima Massaoudou, c´est le nom de l´infortuné. Âgé d´environ 42 ans, originaire d´un petit village du nom de Kédjikandjo près de Sokodé, donc dans la préfecture de Tchaoudjo, sa triste histoire ne diffère pas tellement de celle de beaucoup de ces dizaines de prisonniers enfermés depuis plusieurs années au sein de l´ancienne gendarmerie face à la BTCI à Lomé. Inutile de rappeler que les conditions de leur détention en ces tristes lieux sont des plus exécrables et des plus inhumaines. De telles conditions inacceptables  de traitement, ajoutées aux séquelles des tortures de toutes sortes dont plusieurs furent victimes, constituent forcément l´une des principales causes d´un fort stress et surtout la porte ouverte à toutes sortes de maladies. La conséquence aujourd´hui est le fait que la quasi totalité des incarcérés souffre de maux divers.

 
 

Dima Massaoudou souffre depuis plusieurs mois d´une hernie inguinale,(hernie de l´aine; partie du corps située entre le haut de la cuise et le bas-ventre).Le comité pour la libération des prisonniers avait, certes, apporté sa contribution pour l´aider, mais il était laissé la plupart du temps sans soins et dépérissait de jour en jour. Le fait que le prisonnier politique devenait jour après jour l´ombre de lui-même, physiquement parlant, n´échappa pas à la vigilance de ses codétenus, heureusement! Ceux-ci donnèrent l´alerte et se cotisèrent malgré la précarité de leur situation pour aider leur compagnon d´infortune à retrouver la santé.

 

 

Aux dernières nouvelles, après qu´une clinique dont nous taisons le nom, ait refusé de le garder par peur des représailles politiques, il serait sous perfusion dans un hôpital de la place depuis samedi 18 décembre 2021. Le prisonnier malade étant totalement démuni de même que sa famille, ne peut que compter sur quelques bonnes volontés parmi ses codétenus et surtout sur la générosité d´un détenu politique qui est l´un des initiateurs, sinon l´initiateur principal de l´hospitalisation et de la prise en charge des soins médicaux.

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Sans ce sort peu enviable de prisonnier politique et aujourd´hui de malade hospitalisé, Dima Massaoudou serait un citoyen ordinaire qui vaquerait, comme des millions de Togolais, à sa débrouillardise pour nourrir sa famille. Mais le hasard a voulu malheureusement qu´il fût pris dans ce tourbillon de répressions aveugles du régime Gnassingbé pour se retrouver dans une détention à laquelle il ne comprend rien. Comme nous l´écrivions plus haut, son histoire ou plutôt sa mésaventure ressemble à s´y méprendre à celles de beaucoup de ses compagnons d´infortune. Comment et pourquoi son destin a-t-il basculé ce 03 décembre 2019, le jour de son enlèvement? Revenu fraîchement du Nigeria pour porter assistance à sa mère malade, il se démerdait pour trouver un peu d´argent. C´est au cours d´une de ses courses qu´il fut brutalement kidnappé par des hommes en tenue noire qui le conduisent à la gendarmerie de Kédia à Sokodé. On lui présente la photo d´une personne qu´il dit ne pas connaître; on l´accuse de détenir des armes; ce qu´il nie également. Bien que la perquisition de sa chambre ne donnât rien, il fut sauvagement bastonné jusqu´à ce qu´il perde connaissance.

 

 

Sans le savoir Dima Massaoudou venait d´être la énième victime de cette cabale sans tête ni queue, dite “Tigre Révolution”, inventée par les jusqu´au-boutistes de la dictature pour emprisonner des innocents, parce que tout simplement soupçonnés d´être proches de l´opposition. Et nous ne cesserons jamais d´insister sur le caractère tribalo-ethnique de cette persécution sauvage d´une certaine catégorie de Togolais.

 

 

 

Après être sauvagement torturé et portant des blessures ouvertes sur tout le corps, il est transféré à Lomé dans un autre centre appelé Camp GIPN d´Agoè Logopé. Après avoir passé par la Direction de la Police Judiciaire (DPJ), le Procureur de la République et le juge d´instruction aux ordres ne diront rien sur les cas de torture et n´eurent aucune gêne à l´envoyer en prison. Après 6 mois de détention à la prison civile de Lomé, il est transféré dans l´ancienne gendarmerie dont nous avons parlé plus haut pour y être enfermé dans des conditions animales avec plusieurs dizaines d´autres malheureux. Rappelons que 7 (sept) citoyens togolais ont déjà perdu la vie en détention ou peu après leur libération. Rien d´autre que les séquelles des tortures subies et les mauvaises conditions d´emprisonnement ne peut expliquer la mort de ces compatriotes dont les familles durent enterrer les corps sans broncher.

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Aujourd´hui Dima Massaoudou est malade et hospitalisé; espérons qu´il s´en sorte rapidement en retrouvant sa santé. Beaucoup de prisonniers souffrent d´un mal quelconque, mais ne le font pas savoir à cause du manque de moyens pour financer les soins. Aux malaises physiques s´ajoutent les stress quotidiens dus à l´incertitude de leur situation. Il y en a beaucoup dont les familles se désagrègent à cause de la longue absence du père. Et le fait de penser à ceux qui ne sont plus là, et de penser surtout aux causes de leur mort n´est pas de nature à arranger leur moral. Quant à  Dima Massaoudou, sa mère malade avait fini par perdre le combat contre la maladie et surtout contre le chagrin de l´enlèvement brutal de son fils. Pour permettre à tous les prisonniers politiques, dont Kpatcha Gnassingbé, de retrouver leur liberté, leurs familles et se faire soigner, il n´y a qu´une seule alternative: leur libération sans conditions.

 

 

Samari Tchadjobo

Allemagne