[Enquête] : immersion au cœur de la vie clandestine des homosexuels au Togo

 

Des hommes visiblement efféminées traités de gay, hués et chassés d’une plage à Lomé par une foule de jeunes! Un autre présumé gay battu dans un bar de la même capitale, juste quelques jours après l’incident de la plage. Les faits se sont déroulés en avril et les vidéos ont fait le tour des réseaux sociaux au Togo. A l’occasion du 17 mai, journée internationale contre l’homophobie et la transphobie, retour sur ces incidents contre l’homosexualité vus sous le prisme de la législation togolaise, mais aussi du point de vue d’acteurs de la société civile.

 
 

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Indésirables…

Ici comme ailleurs, l’homosexualité est mal vue par la société, à en croire des citoyens interrogés dans les rues de Lomé. Ce ne sont d’ailleurs pas les images qui ont circulé en avril dernier qui démentiront ce constat ! A tort ou à raison, la présence de personnes affirmées ou supposées homosexuelle irrite dans les communautés togolaises. Lesbiennes, gays, bisexuelles ou transgenres (LGBT) sont presque contraints de vivre leur choix sexuel dans la clandestinité.

Le sujet est source de gêne si bien que même les acteurs qui défendent les droits de cette minorité préfèrent encore parler sous couvert d’anonymat. Au-delà du regard de la société, au Togo, la loi punit les pratiques sexuelles contre-nature. Même si les acteurs des Droits de l’Homme disent travailler « à une société où tout le monde est accepté pour ce qu’il est », rien ne présage de sitôt des jours de tranquilité aux homosexuels.

Et les raisons de cette stigmatisation des personnes LGBT sont notamment cultuels, sociales, voire morales. « Le constat d’une manière générale est que la société togolaise regarde les personnes LGBT comme ayant déviées, des personnes qui n’entrent pas dans le moule des mœurs et de la morale de la société », confie Lassey Adjévi-Zan, chargé du monitoring à Amnesty International-Togo.

Selon un responsable d’une ONG de lutte pour les droits des personnes LGBT requérant l’anonymat : « les normes sociales, la culture, la tradition, la religion ont un réel impact sur la société togolaise. Classiquement, la plupart des togolais ne connaissait que comme orientation sexuelle l’hétérosexualité et comme identité de genre, la répartition classique homme et femme. Ainsi toute orientation sexuelle et identité de genre autre que ce qui est connu classiquement serait une déviance selon la plupart des citoyens togolais.  C’est ce qui les amène à jeter un regard accusateur, de mépris à l’égard des personnes LGBT, les considérant comme des malades mentaux, sources de malédictions et des personnes possédées ».

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Un mode de vie peu commode

Pour vivre leur choix, les personnes LGBT optent bien souvent pour la clandestinité. Une situation qui ne leur permet pas de vivre librement leur sexualité. Elle les prive de leur liberté dans tout son sens. « Pourtant, nul n’a le droit de discriminer une personne à cause de son orientation sexuelle supposée ou réelle. En matière de Droit de l’Homme, c’est tout le fondement. Qu’on ne torture pas, ne violente pas, ne prive personne, parce qu’on pense qu’il est homosexuel », martèle-t-on à Amnesty international.

Cette vie de clandestinité dûe au contexte socio juridique hostile, aux nombreux actes de stigmatisations et de discriminations n’aide pas les acteurs constitués de défense des droits des homosexuels, à estimer par exemple, la taille réelle de cette frange de la population au Togo. Conséquence : les programmes de santé sexuelle dédiés à cette couche restent infructueux.

Pour fouir le regard de la société, certaines personnes LGBT par peur des représailles en affichant publiquement leur orientation vivent une double vie.

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Que dit la loi togolaise ?

Le droit pénal togolais n’évoque pas expressément l’homosexualité. Cependant, il condamne les pratiques contre nature commises avec un individu de même sexe.  Outre les comportements homophobes, la législation nationale ne favorise donc pas l’homosexualité. Le nouveau code pénal, en son article 392, dispose : « Constitue un outrage aux bonnes mœurs tout acte impudique ou contre nature commis avec un individu de son sexe ». Cette disposition prévoit aussi des peines de prisons et de fortes amendes.

Le premier alinéa fait références aux relations entre personnes de même sexe. Cette interdiction trouve sa sanction dans l’article suivant, l’article 393 qui dispose : « Toute personne qui commet un outrage aux bonnes mœurs est punie d’une peine d’emprisonnement d’un (01) à trois (03) an(s) et d’une amende d’un million (1.000.000) à trois millions (3.000.000) de francs CFA ou de l’une de ces deux peines ». Le Togo a encore récemment affirmé sa position vis-à-vis du sujet face au comité des Droits de l’Homme de l’ONU lors de l’évaluation EPU.

Pour le responsable d’ONG contacté par Full-news, « cette disposition s’applique en flagrant délit. Aucune présomption ne suffirait donc pour s’en prendre à un individu, commettre des actes de violences, de discrimination sur lui ». Il se réfère ainsi aux incidents survenus à la plage de Lomé et dans un bar de la place et insiste : « toute personne efféminée n’est pas forcément homosexuelle ».

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De ce fait, « commettre des actes de violences sur un individu quel que soit le motif est puni par la loi », conclut-il. Selon lui, l’engagement des défenseurs des droits des LGBT « n’est pas d’obtenir la légalisation du mariage entre personnes de même sexe comme beaucoup vous le font croire, ou d’en faire une quelconque promotion ; mais plutôt de créer un environnement inclusif pour tous les citoyens togolais et qui permettrait d’avoir accès aux soins de santé, à l’emploi sans discrimination », a réitéré ce responsable d’ONG.

Ce 17 mai, journée internationale contre l’homophobie et la transphobie, les communautés LGBT vont une nouvelle fois tenter de se faire accepter partout au monde. Au Togo, il est donc probable qu’aucune manifestation publique ne saurait se tenir. L’homosexualité reste un sujet d’opprobre au vu de la loi et de la société. Pour l’instant…

 

Avec Full-News