Eric Mc est un artiste togolais. C’est un poids lourd du Hip-Hop, celui-là même qui a sacrifié sa jeunesse, ses études et sa vie à imposer ce style de musique au Togo. L’artiste fait souvent l’objet de dénigrement sur les réseaux sociaux. Il le sait.
Les sujets sur lesquels il est critiqué sont aussi nombreux : paternité du Hip-hop, son engagement politique, sa réussite professionnelle ou non.
La Rédaction de Lomebougeinfo s’est rendue au domicile de l’artiste pour une interview exclusive.
Eric Mc, connu comme sans langue de bois, y parle à cœur ouvert. L’artiste qui dit ne pas aimer l’hypocrisie a donc parlé de façon franche comme il sait le faire depuis très longtemps. The Blaak Nigga est reconnu être le père fondateur de la nation Hip-hop made in Togo. Musicalement le Togo était vierge de cette musique et il fallu qu’il se batte de 1984 jusqu’à 2003 du HH pour l’indépendance du Hip-hop.
Lomebougeinfo: Comment se passe votre quotidien en ces temps de pandémie?
Eric MC : Au quotidien, avec la pause observée dans le monde de la musique, je travaille sur mon album. Il sortira bientôt. J’ai au moins 25 titres mais il reviendra à l’équipe de choisir. Les scènes nous manquent, il faut le reconnaitre. Malgré tout cela, je suis qui je suis. Je reste fidèle à mes choix musicaux et de vie . Je me nourris de la musique.
En cette période de COVID19 c’est difficile pour les artistes, également pour moi.
Je pense aux jeunes carrières arrêtées où abîmés par la pandémie.
EricMc n’est pas un bourgeois, je vis comme la moyenne de la population. Je n’aime pas me faire voir, personne ne sait qui je suis vraiment Je suis un mystère, je me protège.
Que doit-on savoir aujourd’hui de votre engagement politique ?
Il est intact car le peuple pleure encore, et la petite fille est dans la rue encore.
Néanmoins, le terrain est mélangé. Si on part de 2013, du Collectif Sauvons le Togo à la C14, il fallait la realpolitik. Cela a manqué. Les leaders de l’opposition n’ont pas été à la hauteur.
Je suis rentré au pays en 2010 après avoir subi la censure au temps du président Eyadema à partir du 20 décembre 2003. Les politiques ont tenté de prendre le devant de la lutte mais ont commis encore les mêmes erreurs. Ils n’avaient pas le pouvoir dans la rue je me demande même s’ils n’avaient pas peur de la rue et le mouvement a été sabordé.
À, la dernière minute, les chefs d’Etat de la sous-région sont venus pour le dialogue inter-togolais et tout a basculé. La rue a été trahie On se rappelle que certains ont même fait des selfies en avion pour aller à une rencontre politique. On a aussi entendu parler d’argent remis par des chefs d’Etat.
J’ai fait la campagne du deuxième mandat de Faure sur la base d’une plateforme de nos revendications. Les gens diront que j’ai peut-être sali mon image
En effet, après avoir compris qu’il n’y avait pas d’opposition réelle, j’ai répondu à l’appel de BÂTIR.
BATIR est-elle finalement la solution ?
Avec BATIR nous avons tenté de travailler pour la jeunesse. La volonté de trouver de l’emploi aux jeunes. Jai aimé cette approche et cet objectif noble de contribuer au progrès de la jeunesse.
Au lieu de ramener les jeunes dans la rue pour se faire gazer, blesser emprisonner nous avons préféré travailler avec BATIR pour le bien de tous. C’est là que tout a commencé véritablement le bilan reste à faire. Je rappelle qu’il y a très longtemps que nous avons créé le collectif y en a marre etiame dont les revendications ont donné naissance au fonds d’aide à la culture et le statut d’artiste notamment.
Quelle est le sort de l’alternance au Togo ?
Si on se fie à la nouvelle constitution voté en 2019 avec la nouvelle Assemblée nationale.
L’alternance est possible et pointe à l’horizon.
Sauf si la gourmandise politique…
Le Togo, qu’on le veuille ou non, il y a une prophétie qui dit que c’est l’or de l’humanité. On verra.
Actuellement, Tous les leaders politiques de l’opposition n’ont plus de crédibilité. Tout cela m’amène à me poser des questions.
Faure Gnassingbé a gagné les élections certes, il y aurait eu des tripatouillages et des questions sur le décompte des voix.
Le scrutin s’est partagé entre Agbéyomé kodjo avec ses résultats insignifiants et Mgr Kpodzo en divisant l’électorat catholique.
Quant à Mr Fabre, Mr le Maire, a-t-il encore un avenir national?
En résumé je dirai Alternance oui mais avec la démocratie.
Quel avenir pour la jeunesse ?
C’est la question essentielle.
La jeunesse représente plus de la moitié de la population togolaise.
Or, la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté avec un revenu moyen mensuel de 23000 CFA. Imaginez la détresse de la jeunesse.
Nous travaillons dans les coulisses pour que le fonds d’aide à la culture soit porté à un milliard FCFA et pour la construction d’un palais de la culture.
La jeunesse a un avenir mais il faut une prise de conscience. Quand je parlais du cas social en 2015, beaucoup n’ont pas compris. Mais avec la crise de la pandémie Corona Virus les d’Etats africains ont octroyé des soutiens financiers à des citoyens. C’est de l’assistance sociale. C’est de cela j’ai rêvé bien avant la pandémie actuelle. Cela signifie que si l’Etat fait bien son budget, on peut soutenir tous les chômeurs voire plus.
Les jeunes qui me vilipendent sur les réseaux sociaux ne savent pas ce qu’ils font car ils se trompent d’ennemi, d’adversaire et de méthode.
Je leurs propose un duel à la loyale : un musical battle dans un concert Live Performance Backstage.
Un mot sur la musique. Le combat que nous avions fait ne date pas de cette génération, et cette situation me fait de la peine.
Je saisis cette occasion pour parler de Omar B. il sera irremplaçable avant longtemps.
Les gens mal intentionnés ou Ingrat peuvent tout faire, il garde à titre posthume son titre de « roi du R’nb ».
Omar B a subi 7 ans de boycott. Nous 17 ans. Ce n’est pas facile j’espère que sa mort mettra fin à ce boycott Blacklist black-out interdiction de scène et qu’il sera reconnu dans le showbiz.
Quel est votre mot de fin ?
La Jeunesse a besoin de musique et inversement la musique a besoin de la jeunesse.
Mais la jeunesse a besoin aussi d’une place dans la société c’est à dire un Emploi, la protection sociale, une école de la réussite.
La première mesure serait la mise en place du RSA où RUS ( Revenu Universel de Solidarité) à 35000cfa et un smig à 50000cfa.
Le Togo est riche, les jeunes doivent profiter de cette richesse.
Je voudrais m’adresser aussi à ces activistes de la diaspora qui sont sur les réseaux sociaux. Je les appelle à soutenir les bonnes initiatives de la jeunesse et à une prise de conscience collective pour l’avenir du Togo et de ces jeunes.
NB: bientôt mon livre mémoire de la Nation HH made in Togo/où de mon engagement à la nation HH/ où EricMc le vieux père (révolution du HH Togo 🇹🇬 dans les librairies ✍️) l’aventure continue
LomeBougeInfo