[Exclusif]: ce que Eyadéma a confié à Faure et Kpatcha dans le Boeing 707 avant sa mort

« Frères ennemis » ! C’est le terme qu’utilisaient diplomates et habitués du palais pour parler de Faure Gnassingbé et son demi-frère Kpatcha Gnassingbé désormais pensionnaire de la prison civile de Lomé.

 

 

 

 

Pour comprendre l’animosité entre les deux fils de confiance du feu général Eyadéma Gnassingbé, il faut remonter au 5 février 2005 et les faits qui se sont produits dans le Boeing 707 Togo 01 avant la mort du Général comme le précisent nos confrères de Jeune Afrique dans un article publié en avril 2009. Extrait…

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Comme dans les tragédies grecques, tout remonte au jour de la mort de leur père, le 5 février 2005. Premier acte, Faure et Kpatcha sont dans l’avion qui transporte Gnassingbé Eyadéma en catastrophe vers Israël pour une ultime tentative de sauvetage. Pourquoi Faure et Kpatcha sont-ils à bord, et pas les autres membres de la nombreuse fratrie Gnassingbé ? Tout est là.

Depuis quelques années, les deux frères sont des proches collaborateurs du chef de l’État togolais. Après des études d’économie en France et aux États-Unis, Faure, l’aîné, est devenu ministre des Mines et gère les biens de la famille. Avec un bagage universitaire beaucoup plus modeste, Kpatcha s’est imposé comme l’interface avec les militaires et dirige la très juteuse zone franche de Lomé. Visiblement, le « Vieux » prépare les deux aux plus hautes fonctions… Mais il n’a pas choisi.

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Ce 5 février, le général Eyadéma meurt dans l’avion de la dernière chance. Après une escale à Tunis, on rentre donc au Togo. Et dès cet instant, le conflit se noue. À bord du Boeing 707 Togo 01, les deux frères parlent succession et, très vite, le ton monte. Aussitôt, la première dame intervient. Hubertine n’est la mère d’aucun des deux, mais elle a l’autorité de la première épouse. Elle réussit à calmer le jeu et à convaincre Kpatcha de s’effacer devant son aîné. Le même jour à 19 heures, deuxième acte. Les deux demi-frères arrivent à Lomé II et convoquent le haut état-major pour une cérémonie d’allégeance. Dehors, la résidence est entourée de blindés. Au cas où…

Faure est debout, dans le bureau de son père. Un à un, chaque officier supérieur s’avance vers lui, se met au garde-à-vous et déclare : « Désormais, Excellence, nous vous reconnaissons comme chef de l’État. » Kpatcha est à la droite de Faure. Après le salut militaire, chaque officier serre la main de Faure, puis celle de Kpatcha. Ce jour-là, Faure devient président, mais Kpatcha est de facto vice-président.

 

 

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Pendant les trois mois qui suivent, les deux frères respectent une trêve. Le clan Gnassingbé n’est pas sûr de garder le pouvoir. Il faut donc se serrer les coudes. Faure est le gestionnaire présentable aux yeux de la communauté internationale. Kpatcha, lui, contrôle l’armée et dirige la répression qui s’abat sur l’opposition après la présidentielle d’avril 2005.

Bilan : au moins quatre cents morts, selon l’ONU. Mais dès la victoire acquise, les tensions renaissent. Kpatcha réclame et obtient le ministère de la Défense. L’année suivante, il demande même le poste de Premier ministre. « Ce n’est pas possible. On ne peut pas mettre deux frères à la tête de l’État ! » réagit Faure. « Pourquoi pas ? Regarde les frères Kaczynski en Pologne », rétorque Kpatcha…

 

 

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Depuis, la querelle n’a cessé de s’envenimer. Après son limogeage de la Défense en décembre 2007, Kpatcha, qui venait d’être élu à Kara, a tenté de prendre le perchoir à l’Assemblée. Son frère a déjoué la manœuvre. (…)

Aujourd’hui, Faure Gnassingbé semble sortir renforcé du bras de fer. Apparemment, l’armée est de son côté.

 

 

Avec Jeune Afrique