Gerry Taama devant la justice !

L’affaire est rapportée par le député lui même. Dans un long témoignage publié sur sa page Facebook, Gerry Taama affirme avoir payé les frais de son excès de gentillesse envers une togolaise qui à réussi à lui soutirer plus  de 1,8 million de CFA devant la justice togolaise.

 

 

 

Trouvez-moi un boulot, peu importe lequel

L’histoire commence en 2012. Un jour, une voisine de quartier, nawda comme moi, vient me voir au sujet de sa fille.
– mon fils, il faut aider ta petite sœur. Elle travaillait à fil o parc mais elle s’est fait renvoyer. Elle ne fait que pleurer. Trouve lui un boulot, peu importe lequel. Même si elle n’est pas payée, au moins qu’elle sorte de la maison. La voir en pleurs tout le temps m’empêche de dormir.
Je la regarde avec commisération et lui répond que j’ai vraiment rien sous la main. Elle insiste et revient plusieurs fois me voir. De guerre lasse, uniquement pour aider, je fais aménager un bureau, y met du mobilier et du matériel informatique, et le transforme en une annexe du NET. A l’époque le siège du parti était à nukafu. La jeune fille était supposée enregistrer les adhésions, même si elle a plus passé son temps à faire Zuma, un jeu qui faisait fureur à l’époque. Et elle était payée au SMIG, sur mes fonds propres.
Quelques mois plus tard, le propriétaire de la maison de nukafu nous vire parce qu’il ne voulait pas de parti politique dans sa maison, on se replie donc vers d’autres bureaux que je louais à l’ époque, contigus à ma maison à Agoè. Ne pouvant avoir deux assistantes pour le même travail, je suis obligé de me séparer de ma “petite sœur” avec la promesse de continuer à penser à elle.
Deux mois plus tard, c’est les élections législatives de 2013, et nous avons besoin de bras pour l’administration. Malgré sa faible maîtrise de la bureautique, je la fais appeler, toujours pour aider. Après les résultats aux élections, elle repart, comme toutes les personnes recrutées pour cette tâche.
C’est aussi à la même période que je suis obligé de fermer toutes mes sociétés sises sur le boulevard circulaire. Mon entrée en politique a été catastrophique pour mes affaires. Je ramène donc la librairie harmattan qui avait pignon sur rue face à la villa à nyekonakpoe à Agoè. Un jeune homme y officie. Au bout de quelques mois, il manifeste son désir de partir (il faut reconnaître que ça ne marchait pas très fort) je fais appeler de nouveau ma petite sœur.
– que fais-tu ? As tu trouvé un travail ?
– non, grand frère.
– Ok. Je vais te faire travailler à la librairie. Je vais te former et ma secrétaire va t’ assister en permanence. Tu seras mieux payée et j’espère que ça va vous aider, ta maman et toi.
– merci grand frère.
Cette nouvelle aventure va durer plus d’une année. Mais la librairie est en faillite totale. Il y’a des mois ou le chiffre d’affaire ne fait pas 20 000 f, alors que la libraire est payée plus du double. Le tout est pris en charge par moi toujours, par l’entremise de l’une de mes sociétés. Un moment, n’en pouvant plus, je décide de fermer boutique. Mais voulant coûte que coûte lui trouver une situation, je contacte un ami qui voulait ouvrir une librairie à adidogome. Je lui recommande ma petite sœur. Lui est d’ accord mais elle trouve que c’est loin. Je lui dis donc que je vais continuer à prospecter. Si je trouve quelque chose, je lui ferai signe.
Le lendemain, elle vient me retrouver dans mon bureau pour me demander ce que je voulais qu’elle devienne en la licenciant. Elle me dit que depuis que je l’emploie, elle et sa maman ont changé de domicile, qui allait payer leur loyer. Toujours aussi généreux (en réalité aussi con) je m’engage à lui payer trois mois de son dernier salaire, même si je ne le devrais pas parce que la librairie à fermée.
Elle vient harceler la secrétaire le premier mois, dès le 5, on finit par la payer vers le 8. Au second mois, même chose, et quand la secrétaire lui dit qu’elle même qui vient tous les jours, n’est pas encore payée, elle lui signifie que certains agents avaient deja perçu leur salaires. Quand j’en suis informé, mais uniquement après qu’elle ait reçu son second payement, informations qu’elle me confirme elle même d’ailzurs, je décide de suspendre toute autre versement. La librairie étant fermée pour cause de faillite, je n’avais plus d’obligation envers elle.
Vers mi février 2013, je reçois une convocation du tribunal, me demandant de m’y présenter le 9 mars suite à une plainte de ma “petite sœur”. Le 9 mars était le début de la campagne présidentielle, et je la commençais à mandouri. Je me fais représenter par deux personnes de mon service, en ayant pris le soin d’adresser un long courrier au juge. Mon personnel est surpris de constater que ma “petite sœur” et sa mère se font assister d’un avocat. Et les propos qu’ils tiennent sur moi les horrifie. L’audience est ajournée à une date ultérieure. Et je n’aurai plus de nouvelle de cette affaire jusqu’à ce qu’un huissier me tende les conclusions du jugement où je suis condamné à verser la dame une somme de 1,8 millions de dommages et intérêts. Le pire est que je suis condamné à titre personnel , le Net est condamné et même ma société qui ne l’a jamais employée est condamnée. Je vois mon avocat mais le délai où je pouvais faire appel est passé. L’huissier se resoud à faire une saisir des fonds sur les comptes des trois entités car je tardais à payer. Sauf que mon nom sur la décision judiciaire n’est pas bien écrit, ainsi que que celui de l’entreprise, et le net, sortant de campagne était plutôt fauché. Il fait donc choux blanc.
Mon avocat me dit de laisser tomber mais d’être vigilant. Il faudrait un autre jugement pour rectifier les noms et en ce moment, on sera prêt.
L’affaire ne s’est terminée que cette année. Quelques mois après notre entrée à l’assemblée nationale , je constate que mon indemnité est amputée de 200 000f. Je me renseigne et mon me dit que c’est un juge qui a saisi le trésor public, pour une créance que je devait à une dame. D’abord, je suis surpris qu’on puisse commencer à me prélever sans demander mon avis, et je produis le jugement qui n’avait pas permis à l’huissier de bloquer mes comptes car les noms étaient t erronés. On m’explique qu’un autre juge a produit une autre décision ou cette fois le nom est correct. Mon avocat me presse de faire appel car mon droit à la défense avait été bafoué. Mais je refuse. D’abord parce qu’étant politicien, on part toujours perdant dans la bataille de l’opinion sur une affaire nous opposant à une personne plutôt vulnérable. Ensuite parce que je voulais que cette histoire s’arrête.
Donc j’ai payé 1,8 million pour avoir été trop généreux. Elle n’avait pourtant jamais porté plainte contre son ancien employé qui l’avait viré sans ménagement, mais je suppose que j’étais la proie idéale. Il est politicien, il ne voudra pas faire un scandale. Ce qui est vrai.
Moralité de l’histoire, il faut connaître, quand est employeur, le code du travail. J’aurai évite de faire des erreurs si je l’avais mieux maîtrisé. C’est à l’ambauche qu’il y a problème. Il vaut toujours mieux de faire signer un contrat de travail.
Seconde leçon, souvent celui qui vous veut du mal est celui que vous aidez. Ceux qui me détestent passent rarement à l’acte, mais ceux que j’aide, presque tout le temps.
Mais est-ce une raison suffisante pour cesser d’être généreux ? Certainement pas. Quelque soit vos convictions religieuses ou philosophiques, le salaire de l’amour et de la générosité, c’est la réussite et la prospérité. Les chrétiens parlent de grâce. Plus vous partagez de l’amour et de l’altruisme, plus vous êtes élevés. Tous les coups bas tels que ceux de la “petite sœur” ne sont que les secousses de l’avion quand il veut prendre son envol. Ne leur accordez pas trop d’attention même s’il faut être plus vigilant.
Alors oui. Depuis, j’ai continué à chercher du boulot aux gens dans la mesure du possible. Certes je ne créé plus de postes pour faire plaisir, mais aidons nous les uns les autres. J’ai 45 ans et dans tout mon parcours tumultueux, c’est toujours quelqu’un qui m’a tendu la main, parfois même sans que je ne comprenne le pourquoi. C’est sans doute parce que je tends aussi la main à autrui, nonobstant les déceptions.
L’empathie est aussi ce qui distingue l’homme de l’animal sauvage.
Afrizoom