« La microfinance d’après Covid-19 : dialogue entre ADA et ses partenaires d’Afrique de l’Ouest »

à la crise

Le spécialiste de la microfinance, Ada, a migré son événement trimestriel, le «midi de la microfinance», sur Zoom, vers un format digital. Cela a permis de réunir 500 participants, dont 95% dans l’Afrique francophone et qui travaillent à 90% dans le secteur de la microfinance. C’est Paul II Singué, journaliste à Africa 24, particulièrement connu sur le continent, qui a accepté de participer à cette expérience et de servir de modérateur à cette discussion. Une première qui a permis à tous les acteurs de faire le point sur les conséquences de la crise du Covid-19: «Nous avons revu nos projets et nos priorités», estime Christian Baron, directeur des opérations d’Ada Luxembourg. La crise a touché différemment les pays et même les régions, et dès les premiers jours, le secteur s’est organisé pour échelonner les crédits, faire un moratoire pour certains, et établir un plan de continuité, avec une aide précieuse des outils digitaux.

 

 

 

«Nous n’avons pas observé de problèmes de liquidités, contrairement à ce que nous pensions. Principalement parce qu’il y a eu beaucoup de rééchelonnement de crédits. Même si la plupart de nos partenaires sont inquiets, nous voyons des décaissements de crédit ainsi qu’une dégradation de portefeuille, ce qui sont des signes de manque de liquidité à venir», poursuit Christian Baron. Du côté d’Ada, la directrice Laura Foschi estime que tous les projets initiés avant la crise seront maintenus: «Nous avons le budget pour accompagner les institutions et les aider. Nous avons réalisé une étude qui montre qu’il y a un intérêt à investir plus généralement dans le secteur agricole ainsi que les produits d’épargne pour les clients». La production agricole est ainsi vu d’un oeil nouveau par les instituts de microfinance car ils sont considérés comme comportant moins de risques. «Même s’il est difficile de faire des précisions», nuance Christian Baron.

 

 

Garder le lien

Des incertitudes demeurent cependant: «Un effort de classification de gestion des risques pour les investisseurs a été mis en place, mais sera-t-il pérenne, il est encore difficile de le dire car la situation est différente selon les régions. Il faudrait pour cela relancer la coordination entre les banques centrales et les gouvernements», poursuit la directrice. Le programme de réponse à la crise d’Ada a permis de venir en aide à 20 instituts de microfinance en Afrique, cela avec des experts en gestion de risques qui ont effectué des travaux d’assistance technique pour mesurer la gestion des risques. «La crise est globale mais elle va frapper les plus faibles et en particulier ceux qui n’ont pas une gouvernance solide. Ada va aussi devoir faire preuve de flexibilité et de réactivité en revoyant nos programmes thématiques en fonction des clients», précise le directeur des opérations. Avec un soutien du ministère des affaires étrangères luxembourgeois, Ada peut en effet analyser ses nouveaux besoins sereinement.

 

 

 

La crise du Covid-19 aura permis de souligner les avantages de la digitalisation pour le secteur de la microfinance. Les outils ont permis aux instituts de dialoguer plus facilement avec leurs clients et surtout de garder le lien, de diffuser les normes sanitaires à appliquer ou encore les aides de l’Etat mises en place. Une avancée digitale qui se mettait déjà en place, mais qui s’est confirmée ces dernières semaines: «On voit que les outils digitaux facilitent la gestion de crise pour communiquer, faire de l’éducation financière des clients, la gestion des transactions etc. Le digital peut apporter des choses. Il a fait une grosse différence et il peut représenter une valeur ajoutée», estime Laura Foschi.

 

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