C’est un succès inattendu pour un album zouglou, par temps de coupé-décalé. Quarante-heures heures après la sortie de leur CD de l’album « Héritage », l’équipe managériale annonce une vente de recette de 50 millions FCFA, sans compter les téléchargements.
« Nouveau record : 10 000 CD en 48 heures. Merci pour le soutien en route pour les 50 000 CD physiques à vendre. Et les millions de streaming sur les plateformes de téléchargement légal », pointe la page Facebook officielle de Yodé et Siro qui a connu un bon spectaculaire de nombre de fans, depuis la sortie officielle de l’album Héritage, le 3 juillet 2020 à Abidjan et vendu à 5000 FCFA.
Un jour après la sortie de l’album et son titre phare « On dit quoi ? » qui s’adresse directement au Président Alassane Ouattara, l’équipe managériale annonçait un premier record de vente, pour un album zouglou et surtout alors que les CD se vendent de moins en moins depuis l’avènement de Youtube et aussi et malheureusement du phénomène du piratage.
« 35 millions FCFA de recettes en 24 heures ». Telle est la révélation de Jérôme Bitty, l’un des managers de l’équipe du duo Yodé et Siro (YeS). L’album Heritage, le quatrième du duo du Zouglou de Gbatanikro (Treichville), après Victoire (2000), Antilaléca (2002), Sign’Zo (2007) s’arrache comme de petits pains et est abondamment téléchargé.
Héritage, Atito, Coco, On dit quoi ?, Place toi bien, Yoza Béni, Asseyons-nous, Yéré Lombali, Goumin, Hommage, Gazeur, Mon Gbaonhi, les douze titres de l’album qui sort après treize ans de silence des artistes, ont été bien accueillis par le grand public féru de Zouglou et qui n’est pas encore revenu de la disparition, il y a plus d’un an, de Dezy Champion.
Vente record pour Héritage de Yodé et siro
Les tensions tournent davantage autour de « On dit quoi ? ». « Les gens sont emprisonnés et tu dis y’a personne en prison oh. Ce que tu n’as pas voulu hier, tu ne le fais pas aujourd’hui. Parce que les mêmes causes produisent les mêmes effets », ont chanté les artistes, en référence, entre autres, à des élus et cadres GPS de Guillaume Soro, en prison sans jugement depuis sept mois.
« Les artistes usaient de l’hyperbole, pour interpeller. Et tout le monde en riait. D’où vient-il que fidèles à leur registre d’exagération des faits, ils seraient devenus des tribalistes selon des proches du RHDP ? Le problème est en vous, pas en eux. Eux sont constants » (ASK)
Le Rattrapage ethnique a aussi été stigmatisée, dans un style hyperbolique. « On dit y a pas l’argent au pays oh. Et tu dis l’argent travaille oh. Mais l’argent là ça travaille pour qui oh. Là là président c’est comment ? Plus de 60 ethnies dans notre pays. Aujourd’hui du rez de chaussée jusqu’au dernier étage. Du gardien jusqu’au directeur. Si c’est pas les Bakayoko ou bien les Coulibaly seulement qui mangent ».
Un passage qu’a vivement dénoncé Doumbia Major, proche du RHDP, qui s’est lui-même laissé aller à des commentaires basés sur la tribu, soupçonnant les deux artistes natifs du pays Bhété, de chanter sous la dictée de Charles Blé Goudé, fils du pays Bhété.
« Pour moi quand quelqu’un prête sa voix à des textes écrits par Blé Goude et Angelo Kabila qui sont du COJEP, cette personne n’est pas engagée pour le peuple, mais pour un camp politique qui comme par hasard coïncide avec son camp ethnique », a dit maladroitement l’ex-chantre de la rébellion qui, avant son ralliement à Alassane Ouattara, dénonçait lui-même le Rattrapage ethnique.
Hyperbole artistique de Yodé et Siro
« Le frein à la réconciliation, c’est objectivement monsieur Alassane Ouattara qui aujourd’hui profite de la division de ce pays et d’ailleurs qui la renforce avec des propos tels que le Rattrapage ethnique, qui est pour un homme politique une façon honteuse d’entrer dans la scène. Alassane Ouattara aujourd’hui excusez-moi du terme, dans tous ses discours ne fait qu’alimenter contrevérité », avait-il déclaré, peu avant d’être coopté à l’université de Cocody et de changer de veste.
Pour l’analyste politique André Silver Konan, il faut prendre les propos d’une chanson, avec froideur. « La question est : quand Yodé et Siro chantaient « Korhogo sera jamais jolie, parce que Sénoufo n’est pas président… Daloa sera jamais jolie, Parce que Bété n’est pas président », Korhogo et Daloa étaient plus laides que Bocanda, Djébonoua ou Toumodi ? Manifestement non. Mais les artistes usaient de l’hyperbole, pour interpeller. Et tout le monde en riait. D’où vient-il que fidèles à leur registre d’exagération des faits, ils seraient devenus des tribalistes selon des proches du RHDP ? Le problème est en vous, pas en eux. Eux sont constants », a-t-il expliqué.
Afriksoir