L’élection présidentielle du 22 février dernier n’a apparemment pas fini de livrer tous ses secrets. C’est ce qu’on peut déduire d’une opinion publiée le 11 avril dernier par le candidat de l’ADDI, le professeur Aimé Gogué Tchabouré Gogue.
Dans son opinion publiée, le président de l’ADDI a fait des révélations sur des rencontres qu’il a eues avec le camp Agbéyomé Kodjo aux lendemains de la proclamation des résultats de l’élection présidentielle. Extrait…
Je vais simplement rappeler quelques faits qui se sont déroulés après l’élection. Dans l’après-midi du 23 février, le Dr Agbéyomé m’a appelé afin de contacter les autres candidats de l’opposition pour une concertation ; cette rencontre n’avait pas pu avoir lieu non pas uniquement parce que j’étais hors de Lomé, mais surtout parce que certains d’entre nous ne s’étaient pas remis du choc créé par la manière dont l’élection s’était déroulée et par les résultats proclamés.
Quelques jours après mon retour à Lomé, des consultations avec les autres candidats de l’opposition, des leaders de partis n’ayant pas participé à l’élection, des responsables de la société civile et des membres de la Dynamique Kpodzro, un consensus s’est dégagé : mener des actions communes en vue de la proclamation des résultats de l’élection bureau de vote par bureau de vote.
Cette procédure devrait : i) prouver à tout le monde entier l’ampleur des irrégularités qui ont marqué l’élection ; ii) la défaite du président sortant ; et iii) la probable victoire du Dr. Agbéyomé. J’ai ensuite rencontré Mgr Kpodzro pour lui faire part de ce consensus. Malheureusement, Mgr Kpodzro a conditionné toute action commune à l’acceptation préalable de la victoire du Dr. Agbéyomé.
En dépit de mes multiples tentatives de lui expliquer que la méthode proposée n’élimine pas la possibilité que le Dr. Agbéyomé soit déclaré élu à l’issue du processus, il n’a voulu rien entendre et nous nous sommes séparés en faisant le constat de notre désaccord. Évidemment, j’ai rendu compte à presque tous ceux avec qui j’avais discuté.
Nous en sommes là. Il est faux de prétendre que la Dynamique Kpodzro a envoyé des lettres aux autres candidats de l’opposition. Il est vrai que le Dr. Agbéyomé a rencontré la majorité entre eux : il est venu à deux reprises chez moi. Je me suis rendu aussi chez lui mais dans le cadre de ses démêlés avec la «justice». Il est également vrai que nous sommes d’accord pour revendiquer la proclamation des résultats de l’élection bureau de vote par bureau de vote.
Mais la Dynamique Kpodzro veut que cette action commune soit conditionnée par l’acceptation par nous tous de sa victoire. Ce que nous ne trouvons pas nécessaire. Personne d’entre nous ne lui a demandé d’apporter au préalable les preuves de sa victoire, car ni lui ni le Président sortant ne peut le faire.
Je suis surpris que des compatriotes clament haut et fort et avec suffisance que le Dr. Agbéyomé a gagné cette élection. Il y a eu tant d’irrégularités qu’il est difficile de qualifier ce qui s’était passé le 22 février d’élection : les PV produits n’ont aucun lien avec la réalité.
On ne peut prendre le risque d’accorder du crédit qu’aux résultats des parties du pays limitées au Sud par les communes du Nord des préfectures du Zio et de l’Avé : et là encore ! Peut-on parler d’élection avec ce qui s’est passé dans les Régions des Plateaux, Centrale, de la Kara et des Savanes.
J’admire Mgr Kpodzro pour son engagement pour la démocratie. Je ne doute pas de sa volonté d’expérimenter l’alternance au Togo en 2020 de préférence. Cependant, je ne suis pas convaincu que la voie choisie par la Dynamique Kpodzro soit la meilleure.
Je ne partage pas sa méthode de lutte. Je commence à me demander sincèrement s’il œuvre pour l’alternance ou pour quelqu’un. Quelle est la différence de son approche avec celle d’autres leaders supposés égoïstes et qui défendent l’idée selon laquelle si «ce n’est pas eux, le régime peut continuer à garder le pouvoir» ?
Comme nous l’avions dit depuis longtemps, Mgr Kpodzro divise plus l’opposition ; hors, beaucoup plus que par le passé, nous avons besoin d’une plus grande unité. Je suis convaincu qu’il est temps que Mgr Kpodzro fasse une introspection et une auto critique. Il pourra ainsi faire une meilleure évaluation de son apport à la lutte pour l’alternance et définir une autre orientation pour une meilleure stratégie. Nous sommes tous des humains : nous pouvons nous tromper.
Tous les leaders de l’opposition, notamment ceux qui n’ont pas été aux élections législatives de 2018, veulent l’alternance. Il y a déjà beaucoup de compatriotes qui sont dans cette dynamique. Faisons un effort républicain en évitant des insultes surtout à partir des faits non fondée.