A l’approche de la présidentielle de 2021 au Bénin, des mouvements de jeunes et des religieux appellent Patrice Talon à briguer un 2ème mandat en violation de sa promesse de mandat unique. Par un communiqué en date du 29 août 2020, la présidence de la République du Bénin a interdit ces appels et le culte de la personnalité. Tout le contraire du Togo qui baigne dans cette pratique depuis plus de 50 ans, de Gnassingbé Eyadema à Faure Gnassingbé.
Patrice Talon siffle la fin du folklore. Le 29 août 2020, la présidence de la République du Bénin a publié un communiqué appelant les mouvements se réclamant du chef de l’Etat à mettre un terme au culte de la personnalité dans le pays. «La présidence de la République observe que depuis quelque temps, divers mouvements se réclamant du Chef de l’Etat, Monsieur Patrice Talon, organisent des manifestations de soutien à son action. A l’appui de ces manifestations, des affiches et posters à son effigie sont parfois apposés. La présidence de la République tient à rappeler aux uns et aux autres que ces pratiques ne sont conformes ni à la vision du Chef de l’Etat, ni à son combat contre le culte de la personnalité dans notre pays», lit-on dans le communiqué qui précise que ces mouvements sont invités à bien vouloir s’abstenir de rééditer lesdites pratiques.
En effet, c’est depuis le mois de juillet que le phénomène a connu une ampleur sans précédent. Mouvements et associations de jeunes organisaient alors des conférences de presse pour déclarer leur soutien à Patrice Talon, l’appelant même à briguer un 2ème mandat en 2021. Le 23 juillet 2020, 75 associations de jeunes se réunissent au sein du mouvement dénommé « Perspectives Talon 2021 » formulent le vœu de voir le chef de l’Etat être candidat en 2021. Pour justifier cette demande qui ne se rencontre que dans les pays africains, ces jeunes évoquent « les nombreuses réalisations de Patrice Talon qui changent le visage du Bénin et le révèlent au monde entier ».
Pour eux, depuis la période des indépendances le Bénin, malgré les différentes alternances au pouvoir, le Bénin ne s’est jamais révélé autant dans la sous-région ouest-africaine et dans le monde entier. « Le sens de notre engagement réside dans le fait qu’en quatre ans, des chantiers ont été ouverts simultanément, plusieurs déjà achevés et d’autres en cours, changeant progressivement le visage de notre pays. Nous pouvons mentionner entre autres, les infrastructures routières, marchandes, hospitalières, sportives, socioculturelles et les infrastructures sociocommunautaires telles que les adductions d’eau potable, des branchements électriques, des maisons de jeunes et centres de loisirs réalisés à travers tout le pays », avaient déclaré Constantin Ada, président de « Perspectives Talon 2021 ». Le mouvement avait même annoncé une tournée dans tous les départements du Bénin pour toucher les indécis.
Pour les mêmes arguties, d’autres jeunes réunis au sein de la Ligue des Jeunes pour l’émergence de la Commune de Toffo (LiJECT) souhaitent eux-aussi que « Patrice Talon brigue un second mandat pour parfaire l’œuvre entamée depuis 2016 ». Au cours de la rencontre de mobilisation organisé le 9 août 2020, ils disent avoir « lancé une série d’actions pour encourager le chantre de la rupture à aller au bout des réformes ».
Comme en Afrique, le ridicule ne tue pas, les jeunes du mouvement « Perspectives Talon 2021 », organise un point de presse et se mettent à genou pour réitérer leur demande à l’endroit du chef de l’Etat. Le spirituel s’en est aussi mêlé. Dans de nombreuses localités, des consultations divines ont été faites pour connaître la position des dieux par rapport à un second mandat du chef de l’Etat en 2021. Et fort curieusement, les dieux seraient favorables à un second mandat de celui-là même qui a été élu sur la promesse du mandat unique. Heureusement, le modèle togolais peine à s’exporter au Togo.
Talon n’est pas un Gnassingbé
Ces pratiques que l’on observe au Bénin ne sont pas étrangères aux Togolais. Ils y sont habitués puisque ces mouvements de soutien existent dans tous les cantons du Togo et dans presque tous les villages. Lors des campagnes électorales, elles sont alimentées en gadgets et en dons à l’effigie de Faure Gnassingbé pour corrompre les populations et organiser des fraudes massives à travers l’achat des consciences. Ils promettent monts et merveilles en contrepartie du vote et remplissent les lieux de meetings du chef de l’Etat qui tire du plaisir du fait que son image est à tous les coins de rue. Une pratique légendaire si l’on fait un saut dans le passé. Depuis 1967, année de sa prise officielle du pouvoir, Gnassingbé Eyadema a imposé le culte de la personnalité à ses concitoyens. Des gadgets à son effigie trônaient dans les salons, de gré ou de force. Des chants et danses ont été dédiés à sa gloire. Les marches et meetings forcés pour chanter ses louanges se multipliaient à toutes les occasions et à l’instar de son fils, son image était partout.
Heureusement, Patrice Talon n’est pas un Gnassingbé. Par sa décision d’appeler à la fin de ce folklore, il s’est débarrassé du manteau d’empereur qu’arbore fièrement Faure Gnassingbé. Même si des faits marquant son premier mandat ne plaident en sa faveur, le président béninois vient de montrer à ses pairs, mais également à lui-même qu’après son départ du pouvoir, le Bénin ne va pas vivre le chaos. C’est tout le contraire du fils de Gnassingbé Eyadema qui, malgré les appels de la population à son départ, s’imagine indispensable et accepte, volontiers, que les jeunes appâtés par le gain facile crient et chantent ses prouesses imaginaires. Les chefs d’Etat indispensables, cela n’existe plus.
Liberté Togo