Depuis que Faure Gnassingbé, avec l’apport du syndicat des chefs d’Etat de la CEDEAO, avait réussi en 2018 à reprendre la main sur la crise sociopolitique qui avait ébranlé son régime et imposé des réformes bancales lui permettant de prolonger son bail à la tête de son pays, il donne l’impression que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes au Togo. Il se présente aujourd’hui en grand gendarme du Sahel et veut proposer ses bons services dans les pays en crise notamment le Mali et le Tchad.
Pour s’assurer une légitimité à l’international à défaut de celle des Togolais qu’il n’a jamais eue, Faure Gnassingbé se tourne vers la scène internationale. Après la politique de prestige, c’est-à-dire l’organisation à coût de milliards de francs CFA des sommets maquillant les misères des populations pour faire croire au monde que tout va bien au Togo et rehausser l’image du président mal élu, des rencontres internationales qui n’ont d’ailleurs pas apporté aucune plus value au Togo, Faure Gnassingbé actionne dorénavant sa diplomatie au Sahel.
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Il s’était invité dans la crise au Mali et avait exprimé sa disponibilité aux nouvelles autorités à soutenir les institutions de la transition en vue d’un retour rapide à la paix et la stabilité dans le pays. « Le Togo continuera de promouvoir et d’exporter la paix et la médiation, partout où besoin sera », disait l’homme de main de Faure Gnassingbé, Robert Dussey. « Cette volonté, le pays l’aura surtout montrée lors de la crise malienne, en intervenant à plusieurs reprises auprès des différents protagonistes, en rapprochant les points de vue, en mobilisant la communauté internationale au profit de ce « pays frère auquel le Togo est très attaché, et en soutenant toutes les initiatives allant dans le sens d’un retour rapide à la stabilité ».
Après le Mali, Faure Gnassingbé se tourne vers le Tchad. Bien avant il effectue une visite à l’Elysée où il demande à Emmanuel Macron de lui laisser les coudées franches pour mener les négociations avec les frères ennemis du Mali. Au Tchad, le fils du père a exprimé sa disponibilité à accompagner la junte militaire en vue de l’organisation d’une transition pacifique et inclusive.
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Pendant que Faure Gnassingbé se décarcasse à trouver des solutions aux crises dans le Sahel, son propre pays ne se porte pas mieux. Toute voix dissonante est durement réprimée au Togo. La preuve, un ancien ministre de Faure Gnassingbé est actuellement en garde à vue depuis une semaine pour délit d’opinion. Son crime, avoir dit tout le mal qu’il pense du régime de Faure Gnassingbé et de la Françafrique dont le « jeune doyen » semble être la nouvelle figure.
Notre pays ne s’est jamais aussi mal porté qu’aujourd’hui. Les apparences de sereine tranquillité et de quiétude qu’affiche le pays ne sauraient cacher longtemps le mal profond qui le ronge. La paix, la véritable et la médiation dont se targue Robert Dussey ne valent pas que pour les autres. Pendant que Faure Gnassingbé et son ministre des Affaires étrangères s’affairent au chevet des pays du Sahel, au Togo la lassitude s’est installée, et comme une bombe à retardement, n’hésitera pas à exploser à la première occasion.
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