Le Président de la République a nommé, par décret, en début de cette semaine dernière, Marc Dèdèriwè Ably-Bidamon, au poste de Conseiller en charge des questions relatives à l’économie numérique et au digital. Ceci, avec rang de ministre. Une nomination à double casquette de l’ancien patron de la Douane qui suscite débat autour de la collaboration entre Faure Gnassingbé et l’actuelle ministre en charge de l’Economie numérique, Cina Lawson.
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Sous la gouvernance de Faure, tout semble dire que l’on ne chôme jamais. On prend les mêmes et on recommence. Un jeu de mouvement et placement stratégique de pion, au gré des enjeux, tel dans un jeu d’échecs.
Lundi dernier, Marc Ably-Bidamon est nommé Conseiller du Chef de l’État chargé du numérique, avec rang de ministre. Ainsi donc, celui qui avait occupé, dans le précédent gouvernement, le poste de ministre des Mines et de l’Energie ne chôme point. Il retrouve service, après un an de pause qui se révèle finalement technique.
Le temps est-il gris entre Faure et Cina?
Un retour aux affaires qui n’est point étrange à tout observateur avisé. Toutefois, le cas Ably-Bidamon révèle une particularité bien curieuse qui nécessite qu’on s’y attarde. En effet, outre sa casquette de Conseiller, l’ancien représentant de Unir à la Commission électorale nationale indépendante (Céni) a également rang de ministre. Ce qui fait que le Togo dispose aujourd’hui tacitement de deux ministres en charge du numérique. Une situation bien paradoxale qui amène objectivement à se demander dès lors qui fera quoi entre Cina Lawson et Ably-Bidamon.
Autrement, nombreux sont les observateurs qui se demandent si l’ancien Directeur général de Togocel vient-il supplanter Dame Cina, lorsqu’on sait que les deux ministres ont ou presque le même portefeuille. Le numérique. Ce qui soutendrait que le temps serait gris entre ‘‘Tanti Cina’’ et ‘‘Tonton Faure’’, à voir les difficultés apparentes qu’éprouve le Togo dans la conduite des réformes de migration de l’analogie vers le numérique, avec le cas Togocom aux rendements moins satisfaisants, aux yeux des consommateurs et autres analystes.
Mais alors, la grande question que se posent certains observateurs est de savoir ce qui a pu se passer pour que Faure arrive à cette option.
À cette question, certains analystes y vont d’une lecture technique en trouvant en cette nomination de ce cadre de la télécommunication et ancien patron de Togocel et Togotélécom, l’alternative pour faire bouger les lignes sur l’immense chantier du numérique amorcé depuis quelques années au Togo. Chantier sur lequel Dame Cina s’est montrée, au fil des années, peu perspicace, pour ne pas ainsi dire probablement échoué. Autrement, ce sera pour le Prince de Pya, une autre manière d’écarter de la gestion du Numérique au Togo tout en gardant autre oeil sur Cina. L’heure de la descente aux enfers a-t-elle sonné pour Cina ?
Le prix du conservatisme
Pour l’heure, la nomination de Bidamon, l’un des caciques du régime cinquantenaire de Lomé qui a été alors appelé en rescousse à la Céni quand le régime s’était senti en difficulté réaffirme bien le retour à l’ancienne méthode. Celle du conservatisme. Une politique bien évidemment nourrie par les fidèles et loyaux dogmatiques comme un Marc Ably-Bidamon marié à une fille Gnassingbé.
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Et cela confirme, à plus d’un titre, la philosophie selon laquelle, dans l’entourage de Faure, que l’on soit improductif ou baroudeur, la fidélité au fils d’Eyadema garantit sa place au banquet de la gestion de la République.
Ainsi, des collaborateurs, soit emballés par des affaires de corruption ou de détournements, soit accusés d’autres crimes de- lèse-majesté contre le Prince, sont seulement bougés de leur postes pour d’autres. Le temps de miroiter un semblant de remue-ménages dans le cercle des décideurs. Les cas les plus illustrateurs sont ceux de Christian Trimua, Gilbert Bawara, Adji Oteth Ayassor, Ninsao Gnofam, ou encore le Gal Félix Kadhanga. Après un temps de purgatoire sous forme de délogement, ces derniers se retrouvent nommés, quelques temps plus tard, à des postes stratégiques comme Conseiller à la Présidence. Même si d’aucun considèrent ces «promotions» comme un garage, tout semble dire qu’autour de Faure, seule la fidélité dans la vision de conservation du pouvoir déjà cinquantenaire paie. Malheureusement.
Source : Fraternité
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