Togo: les élèves ne veulent plus retourner à l’école…

 

 

 

Après plus de deux mois passés loin des écoles, comment les élèves togolais en général et ceux en classes d’examen en particulier, envisagent-ils leur retour sur les bancs ? AfreePress est allée à leur rencontre et vous livre leurs témoignages.

 

 

Crainte et angoisse. Ce sont les sentiments qui se lisent sur le visage de la plupart des élèves rencontrés. Après plus de deux mois de fermeture des écoles au Togo, ces apprenants avouent leur peur de retrouver les classes et les bons réflexes.

 

 

Ils doutent également de voir l’année académique reprendre de façon normale comme par le passé à cause de la psychose d’une éventuelle impréparation de leur part qui s’ajoute à la peur liée aux risques de contamination à la Covid-19. Certains apprenants interrogés sont plutôt préoccupés  par la pandémie que par les examens de fin d’année.

 

 

« J’ai appris que le ministre des Enseignements primaire et secondaire a annoncé que les classes vont rependre bientôt sans donner de date exacte. Malgré le fait que nous soyons à la maison, nous avons toujours peur de cette maladie. Et dire qu’on doit reprendre les cours, je ne sais pas comment ça va se faire parce que le Coronavirus a occupé toutes nos pensées. Ce qui fait que si moi je prends le cahier pour réviser, je fais à peine 2 heures seulement. Des fois on a l’impression d’être en vacances donc on regarde beaucoup la télé ou on dort. Mais comme nous sommes en classe d’examen, je fais de mon mieux, même si j’ai toujours peur et que je me demande parfois comment et dans quelles conditions nous allons composer si le Coronavirus ne finit pas tôt », confie Yayra AGBOVO, élève en classe de 1ère.

 

 

Pour cette dernière, même si les cours reprennent, les élèves seront incapables de respecter toutes les mesures-barrières dans les écoles. « Je serai très perturbée dans la classe avec le cache-nez. Porter ça pendant 6 heures de cours sera très difficile. En plus on est trop nombreux dans les salles de classe pour respecter les distances », a-t-elle fait savoir.

 

 

Tout comme Yayra AGBOVO, Samuel AZIAMADJI est élève en classe de 1ère au lycée moderne de Sagbado, banlieue sud-ouest de la ville de Lomé. Celui-ci est convaincu d’une chose qui selon lui, est certaine et immuable. La pandémie de la Covid-19 portera un coup dur aux résultats de l’année scolaire.

 

« Avant, nous travaillions en groupe et cela nous permettait d’échanger nos idées sur les sujets, chacun apportait sa contribution afin que nous ne soyons pas dans l’erreur. Mais avec l’interdiction des regroupements de peur qu’on soit contaminés, c’est difficile d’apprendre seul dans la chambre surtout quand il s’agit de traiter les anciennes épreuves. Après avoir passé deux mois à la maison, nous ne savons pas si on aura le temps de revenir sur certaines choses avant d’aller à l’examen. Mais pour le moment, c’est le Coronavirus qui me fait peur », a-t-il exprimé.

 

 

Le refus de reprendre l’école si la situation ne change pas

Même en classe d’examen, Agbo Kokou Faustin n’est pas sûr de reprendre le chemin de l’école en ces temps de pandémie de Covid-19. Il s’explique : « Je ne crois pas que les gens peuvent reprendre le chemin de l’école alors que la menace est toujours présente. Cette maladie, même si tu es infecté tu ne le sauras qu’après plusieurs semaines. Du coup ce qui fait le plus peur c’est qu’on peut être infecté à tout moment sans le savoir et ramener ça à la maison. Moi je ne crois pas pouvoir aller à l’école sachant que je peux attraper la maladie chez un camarade de classe par négligence », a-t-il indiqué.

 

Les enseignants ne sont pas du reste et craignent de leur côté, une baisse du niveau des élèves si une meilleure stratégie n’est pas adoptée et mise en place par l’Etat pour accompagner les apprenants depuis la maison.

 

« C’est un moment un peu difficile pour nous d’aider les enfants. Avant on pouvait les regrouper en grand nombre, mais avec cette pandémie, c’est des entretiens individuels qui sont plus encouragés. Mais ce n’est pas aussi tous les élèves qui ont la chance d’avoir des répétiteurs. Donc c’est une évidence que la plupart de ces apprenants sont tournés vers les amusements, la distraction et les quelques moments où ils sont concentrés c’est quand ils sont suivis », a confié à l’Agence de presse AfreePress, TCHALARE Abass Nasser, Professeur de SVT.

 

Celui-ci propose aux parents d’accompagner leurs enfants avec un emploi du temps bien établi pour les occuper dans cette période de crise sanitaire.

 

« Il est important que les parents établissent des heures de travail et de distraction pour que les élèves ne soient pas aussi trop stressés à la maison. Maintenant, ceux qui sont en classe d’examen ont intérêt à garder le cap afin de réussir, parce que le gouvernement a bien fait comprendre que l’année ne sera pas blanche », a-t-il souligné.

 

« J’ai décidé de me présenter trois fois par semaine et l’aider à reviser ses leçon surtout qu’il est en classe d’examen. Donc nous les préparons pour les amener jusqu’au bout », a indiqué pour sa part, un répétiteur.

 

Pour Rita, c’est une opportunité pour maîtriser les matières qu’elle comprenait difficillement. «  On essaie un peu de reviser et de maîtriser au mieux ce qu’on ne comprenait pas avant parce que parmi nous, il y a certains qui maîtrisent certaines matières et d’autres non. Nous essayons de nous retrouver pour travailler ensemble afin de nous soutenir et de nous aider mutuellement », a-t-elle laissé entendre.

 

Mais les perdants dans tout ces mouvements, ce sont ces enfants sans surveillance errant dans les rues de nos villes sans aucune mesures-barrières ni protection. Ils sont visibles dans les rues jouant au football et aux jeux de société… Ce qui est une menace pour eux et pour leur entourage.

 

« Le secteur de l’éducation regorge d’assez de personnes. Nous jetons des fleurs au gouvernement qui a pris la mesure de fermer systématiquement les établissements. Aujourd’hui, il est important de rappeler certaines mesures-barrières à nos enfants et l’une de ces mesures, c’est d’éviter de rester dans des groupes. Même quand on est entre amis, il faut nécessairement garder une distance de 2 à 3 mètres. Nous appelons les parents à garder les enfants à la maison et à exiger qu’ils se lavent régulièrement les mains à l’eau et au savon », a plaidé de son côté, Kokou Todjro, président des parents d’élèves de la région des Plateaux.

 

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