GuéguerreTogo-Togoata Apedo-Amah : « La DMK et l’ANC ont ouvert un boulevard de terreur devant Faure Gnassingbé »

 

 

 

 

La guéguerre entre l’Alliance nationale pour le changement (ANC) et la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK) qui dure depuis plus d’un an, fragilise la lutte pour l’avènement de l’alternance au Togo. Ayayi Togoata Apedo-Amah, Enseignant-Chercheur dans les universités du Togo manifeste son indignation face à ce “spectacle honteux et affligeant auquel s’adonnent deux camps de l’opposition”.

 

 

 

DMK/ANC: LA GUÉGUERRE DES TIGRES DE PAPIER OU QUAND L’”OPPOSITION” TRAVAILLE POUR LE RPT/URINE

  1. 22 février 2020: un constat amer d’échec

Les citoyens responsables hostiles à la dictature militaire poussiéreuse du clan Gnassingbé, ne cessent de se scandaliser devant le spectacle honteux et affligeant auquel s’adonnent deux camps de l’opposition après le vol de la présidentielle du 22 février 2020 par le dictateur de service. Mais à quel résultat s’attendaient les participationnistes quand on sait que le scénario de la fraude était déjà écrit et ficelé ?

 

 

 

Alors quel est donc la cause de cette guéguerre picrocholine ? L’enjeu pour l’opposition participationniste a toujours été d’apparaître comme le premier de la classe et donc le leader. Mais là où les calculs ont été complètement faussés, a été l’arrivée d’un invité surprise considéré comme un simple figurant: la triplette Agbéyomé Kodjo, Monseigneur Kpodzro et la CDPA du reliquat de la C14. L’invité surprise a arraché la première place en écrasant Fabre de l’ANC qui a subi un double revers, défait à la fois par la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK) de Agbéyomé Kodjo et par le dictateur. L’ANC fut fair-play en reconnaissant la victoire de Kodjo, la rage au cœur. Mais ce fut une victoire pour rien, comme d’habitude, face à la machine à fraudes du système RPT/URINE.

 

 

 

Agbéyomé Kodjo se mit à criailler pour réclamer son dû qu’on lui avait volé. Lui et ses supporters enragèrent à leur tour contre l’ANC et Fabre, accusés d’être de mèche avec Faure Gnassingbé, à cause de leur indifférence, conformément à la règle non écrite au sein de l’opposition : “C’est moi ou rien”. Ce que l’opposition participationniste a oublié, c’est le deuxième tour, celui où il faut arracher la victoire volée des griffes du régime fasciste. Dans ce cas de figure, il faut être tous ensemble et ratisser large au sein du peuple, tous courants politiques et sensibilités démocratiques confondus. Or l’odieuse campagne de dénigrement entre la DMK et l’ANC ne pouvait associer le second au combat du premier. Il fallait y penser avant. Le second round de la campagne de diffamation fut sans égal depuis l’avènement du multipartisme au Togo. Comme les militants de l’ANC ont estimé, de mauvaise foi, que Agbéyomé les avait privés de la place de leader par le dénigrement et le mensonge, outrances dont ils ne s’étaient pas privés non plus, ils décidèrent, encouragés par leurs dirigeants, de rendre à la DMK la monnaie de sa pièce. Les dirigeants de la DMK incitèrent les militants de leur machine à mensonges à répliquer tous azimuts et affublèrent Fabre du sobriquet humiliant de “Monsieur 4%”.

 

 

 

 

 

 

Cette bataille de chiffonniers faite d’injures et de mensonges, me poussa à quitter quelques groupes WhatsApp qui avaient fait de cette merde, leur régal. Le paradoxe de cette situation ridicule : deux camps enragés qui se battent pour leur défaite infligée frauduleusement par un tiers ! Curieux, non ? Et le coupable du hold up électoral, il jouit tranquillement des délices du pouvoir usurpé ! Un RPTiste, fou de joie du spectacle offert par le tandem DMK-ANC, m’a interpellé : “Vos amis de l’opposition, ils sont si cons que ça ?” Je ne pouvais pas nier cette évidence qui crevait les yeux sous peine de mauvaise foi. C’est dire que les ennemis du peuple souhaitent ardemment que le cirque des clowns se poursuive pour qu’ils continuent à jouir de la tranquillité offerte par cette opposition-la depuis plus d’un an. Effectivement la DMK et l’ANC ont ouvert un boulevard de terreur devant Faure Gnassingbé, lequel ramène brutalement ou en catimini le Togo à l’époque du parti unique de son père. Quelle complicité ! Quel scandale !

 

 

 

 

 

  • Se tromper d’ennemi, c’est protéger l’ennemi et refuser la remobilisation.

Après l’échec, suit l’autocritique de la stratégie. Est-elle bonne ou mauvaise ? Est-elle due à des impondérables, au hasard, à des défaillances ? Les différentes élections présidentielles au Togo offrent l’économie d’une fastidieuse autocritique, car la récidive interpelle les esprits oublieux: de 1993 à 2020, il y a eu sept présidentielles frauduleusement frauduleuses. En faudra-t-il mille pour que le participationnisme aveugle en tire les leçons ? Il ne suffit pas de fanfaronner : “Cette fois-ci, on ne nous volera pas” pour être crédible. Confronté au vol, qu’elle est la contre-attaque pour le mettre en échec ? Comment empêcher la tenue ou le vol des élections truquées ? Cela suppose un plan B. Y en eut-il jamais ? Que nenni ! En 2020, entre boycott et autodestruction, il n’y en eut point. Ni le secours de la communauté internationale, ni le carnet d’adresses fournis, ni la caution de l’armée ne furent fidèles au grand rendez-vous pour sauver le soldat Agbéyomé Kodjo, abandonné à lui-même et sur le point d’être jeté en prison. Il dut prendre les chemins caillouteux de l’exil. Certains de ses ennemis de l’ANC s’en réjouirent sans vergogne, regrettant qu’on ne l’ait pas arrêté et embastillé. Dans quel pays sommes-nous donc ? Quant au prélat nonagénaire Kpodzro, il vit son grand âge et sa soutane souillés de merde et de morve par des morveux pour avoir mis la superstition religieuse dans la balance au profit de Kodjo. Kpodzro se revêtit de la toge de prophète et de vaticinateur en multipliant les anathèmes et les malédictions contre Fabre, qualifié de traître, et l’ANC, comme si la religion catholique pouvait faire des miracles. Il fit du populisme en tirant sur la corde superstitieuse des Togolais. L’éternelle arnaque de la religion et des clergés pour abuser le bon peuple.

 

 

 

 

Ce qui me sidéra dans cette foire aux cancres, c’étaient les menaces de violences physiques, voire les menaces de mort proférées par des criminels écervelés appartenant aux deux camps ennemis. Si ces adeptes de la démocratie musculaire et de la castagne adhèrent aux sales méthodes du régime de terreur liberticide, alors pourquoi veulent-ils le changer ? Le veulent-ils vraiment ? Question à mille euros.

Certains militants ou sympathisants intelligents tentent, malgré tout, de débattre à coups d’arguments mais les aboiements assourdissants et rageurs des cerbères les rendent inaudibles sous des tombereaux d’injures et d’insanités. Il est donc interdit de raisonner. La raison n’a pas droit de cité ! Tu raisonnes, tu es donc un ennemi mortel ! C’est la zombification du militantisme. Quelle régression !

 

 

 

 

Le constat est amer. Les militants fanatiques de l’opposition ne savent pas débattre avec des arguments. Les lacunes de la formation civique et politique au sein des partis. Les dirigeants politiques ne voient en leurs partisans qu’un vulgaire bétail électoral inculte et prompt aux injures et diffamations, voire aux coups de poing. Tel est le spectacle nauséeux que ces fameux leaders et leurs troupeaux nous offrent jusqu’au dégoût. Ces pseudo-dirigeants, qui ne méritent même pas d’être nommés sous-chefs de canton, sont des producteurs de militants zombies.

Il faut ici et maintenant tourner la page de la souillure et de la diversion pour se pencher sur l’essentiel : chasser la dictature. Ces petites querelles de petits chefs arrogants nous saoulent. La présidentielle volée de 2020 a été un échec pour tous les démocrates et pour le Togo. La démocratisation régresse vers le parti unique et les gens passent leur temps à se cracher dessus : complicité ou inconscience ? Ne voient-ils pas le danger menaçant quand tous les opposants sont menacés de prison, quand les manifestations et les réunions sont interdites et que sont votées des lois scélérates par un parlement illégitime issu de la forfaiture tyrannique ? La fermeture des organes de presse, les procès politiques bidon, les prisonniers politiques, la censure, le pays transformé en monarchie héréditaire corrompue et médiocre, l’économie nationale siphonnée par une minorité de forbans, sans parler de la misère qui s’incruste comme une tare dans le quotidien des Togolais, ne les concernent-ils pas ?

 

 

 

 

 

 

PASSONS DONC À AUTRE CHOSE.

J’en appelle à la responsabilité, vis-à-vis du peuple togolais, des politiciens qui s’étripent en prenant l’ombre pour la proie.

J’en appelle à la société civile pour qu’elle manifeste sa réprobation et invite les belligérants à déposer les armes de leur haine fervide.

J’en appelle à tous les démocrates, à toutes les forces démocratiques pour reprendre la lutte émancipatrice là où l’égoïsme politicien l’a laissée tomber au profit de la diversion des querelles de chiffonniers.

Réparons les pots cassés et mettons-nous, chacun à sa place, à son niveau, en ordre de bataille pour la lutte libératrice.

 

 

 

Ayayi Togoata APEDO-AMAH