Voici le cercle fermé des officiers qui dirigent vraiment l’armée

Dans sa volonté de confisquer le pouvoir, Faure Gnassingbé s’est éloigné des valeurs républicaines qu’il a voulu imprimer aux forces de défense et de sécurité (FDS). Le tribalisme et le régionalisme ont pris le dessus et tout à l’air d’une « armée privée ». Ce qui est un danger pour le pays.

 

Les Forces armées togolaises (FAT) et de sécurité qui avaient joué un rôle important dans la prise de pouvoir de Faure Gnassingbé le 05 février 2005 puis à l’issue de l’élection présidentielle d’avril de la même année, ont été décriées aussi bien par les populations togolaises que par la communauté internationale.

 

 

Leur immixtion dans le débat politique accompagnée de nombreuses violations des droits de l’homme ont tellement marqué les esprits que l’Accord politique global (APG) du 20 août 2006 en a fait une préoccupation majeure.

 

« S’agissant des questions de sécurité, les Parties prenantes au Dialogue conviennent que des dispositions nécessaires soient prises en vue de la réaffirmation solennelle et du respect effectif: – de la vocation apolitique et du caractère national et républicain de l’Armée et des Forces de Sécurité, conformément à la Constitution et aux lois pertinentes du pays ; de la distinction entre les fonctions de l’Armée d’une part, et celles de la Police et de la Gendarmerie d’autre part de façon à ce que l’Armée se consacre à sa mission de défense de l’intégrité du territoire national et les forces de Police et de la Gendarmerie à leurs missions de maintien de l’ordre et de sécurité publique », précise le point 2.1.1 de l’accord.

 

Mais « dans l’immédiat, suggère le point suivant, le Gouvernement prendra toutes les dispositions utiles afin que les Forces de Défense et de Sécurité s’abstiennent de toute interférence dans le débat politique ».

Pour polir son régime après la parenthèse de sang de 2005, Faure Gnassingbé, Chef suprême des armées, et son demi-frère Kpatcha Gnassingbé, alors ministre de la Défense et des Anciens Combattants, ont surfé sur la dynamique créée par l’APG pour doter les FAT d’un statut général. L’objectif étant de dépolitiser, « déclaniser » et « désethniser » l’armée en la rendant plus inclusive, républicaine et professionnelle.

 

 

 

« Les Forces Armées Togolaises sont une armée nationale, républicaine et apolitique. La mission des Forces Armées Togolaises est de préparer et d’assurer par la force des armes, la défense de la Patrie et des intérêts supérieurs de la Nation. Elles sont entièrement soumises à l’autorité politique constitutionnelle régulièrement établie.

 

Elles exercent les missions conformément à la constitution, aux lois et règlements en vigueur », consacre l’article premier de la loi N°2007-010 du 1er mars 2007 portant statut général des personnels militaires des FAT.

 

Cette loi a été complétée par des décrets portant statut particulier des différents corps de défense et de sécurité. Clairement il y avait eu au début une volonté de bien faire les choses et d’aller petit à petit vers une armée nationale républicaine. Il a été noté un changement de cap dans la nomination à des postes de responsabilité au sein des forces de défense et de sécurité (FDS) ainsi que dans les recrutements.

 

Mais la douceur du pouvoir et la volonté d’y rester ad vitam aeternam ont poussé Faure Gnassingbé à tourner le dos aux valeurs professées par l’APG et la loi portant statut général des personnels militaires des FAT. Ministre de la Défense depuis le dernier trimestre 2007 et chef suprême des armées, il n’a pas su apporter de solutions adéquates à la problématique du tribalisme dans l’administration togolaise en général et au sein de la grande muette en particulier.

Il suffit de consulter la liste non exhaustive des nominations au niveau de la hiérarchie des FDS pour se rendre compte du danger que court le pays (Voire liste ci-dessous). Il est clair que certaines ethnies et/ou régions sont plus favorisées que d’autres.

Les mêmes constats sont faits quand il s’agit de partager les rôles dans les différents corps ou lorsqu’il s’agit de montrer en grade. Des efforts de démocratisation des FDS lors des recrutements notés au début de la gouvernance de Faure Gnassingbé, se sont vite estompés.

Le népotisme étant la chose la mieux partagée au Togo, les oncles, les frères et autres qui trônent au sommet ne recrutent que les leurs. Une situation qui a même interpellé Mgr Philippe Kpodzro en février 2019 : « Regardez  la situation de notre armée !

 

Une armée tribale, une armée clanique, une armée avec une prédominante ethnique excessive qui fait que depuis les officiers jusqu’au dernier peloton, ils sont accrochés à une personne, à une famille…

A mon humble avis, il serait plus juste et rassurant pour tous que, dans la poursuite de l’initiative de la refondation des Forces Armées Togolaises (FAT) telle qu’entreprise par le Chef de l’Etat, la dimension d’un recrutement sur une base ethnique équilibrée à proportion de l’ensemble des mosaïques constitutives de notre peuple soit sérieusement prise en compte pour une stabilité interne sécurisante digne et caractéristique d’une armée républicaine ».

En outre, les forces de défense et de sécurité qui sont apolitiques, continuent de s’ingérer dans le débat politique en participant activement au maintien du pouvoir dans le giron familial.

Parfois, elles sont dressées contre les populations qu’elles sont censées protéger. Derrière le maintien d’ordre, se cachent de graves atteintes aux droits de l’homme dont elles se rendent régulièrement coupables.

Garant de l’unité nationale, le chef de l’Etat est appelé à créer et maintenir une coexistence pacifique entre les ethnies en faisant preuve d’équilibre lors des nominations et des recrutements au sein des FDS et dans l’administration (Nous y reviendrons).

 

 

Le Togo nouveau qu’on veut créer passe par ces efforts d’intéresser tout le monde à la chose publique. « Les problèmes politiques africains ne sont pas spécifiques à notre histoire ou à notre géographie. Contrairement à ce que l’on pourrait croire d’ailleurs, ils ne sont même pas plus compliqués que ceux que l’on observe ailleurs sur la planète.

Ce qui semble particulier à nos pays, c’est le refus de l’élite d’aborder franchement les sujets de désaccord qui déchirent le tissu social », a dit le journaliste camerounais Blaise Pascal Talla.

 

Liste non exhaustive de ceux qui dirigent les FDS

 

 

Chef suprême des armées, Ministre de la Défense et des Anciens Combattants : Faure Gnassingbé

Secrétaire Général du ministère de la Défense et des Anciens Combattants : Colonel Martin Dadja Maganawe

Chef d’Etat-major général des FAT : Général Abalo KADANGA

Chef d’Etat-major Armée de Terre : Colonel Kpatcha SOGOYOU

Chef d’Etat-major de l’Armée de l’Air : Colonel  Djoguigou John BARARMNA-BOUKPESSI

Chef d’Etat-major de la Marine : Capitaine de Vaisseau Kossi MAYO

Directeur Général de la Gendarmerie : Colonel Yotroféi Massina

Directeur général de la Police : Lieutenant-colonel Yaovi Okpaoul

Directeur général adjoint de la Police nationale : Commissaire divisionnaire Mikidjiebe Balate

Commandant de la 1ère région militaire : Colonel MANGORGOU Monigbeni

Commandant de la 2ème région militaire : Colonel Passou Tchakébéra

Commandant Premier bataillon d’intervention rapide (1er BIR) : Lieutenant-colonel Tchangani Atafaï

Commandant Deuxième bataillon d’intervention rapide (2e BIR) : Commandant Latiembe Kombata

Chef-corps du premier régiment d’infanterie de Zowla : Colonel AGBA Napo

Chef-corps du 2ème régiment d’infanterie d’Adidogomé : Colonel Simliwa Asso

Chef-corps du 3ème Régiment d’Infanterie de Témédja : Colonel TAKOUGNANDI Alognim

Chef-corps du 4ème Régiment d’Infanterie de Nioukpourma : Colonel Gnakoulamba Bayassim

Chef-corps du Régiment commando de la garde présidentielle (RCGP) : Colonel DOLAMA Malana

Chef-corps du Régiment parachutiste commando (RPC) : Lt-colonel Allahari Dimini

Chef-corps du Régiment de soutien et d’appui (RSA) : Lieutenant-colonel Yoma Ago

Chef-corps du Régiment Blindé de Reconnaissance et d’Appui (RBRA) : Colonel Warakoum AKARIM

Directeur du Centre d’entrainement des troupes aéroportées (CETAP) : Capitaine DOUTI Djabiou Bamigoli

Directeur de l’Ecole de formation des FAT (EFOFAT) : Colonel Apollinaire Essodina Kadanga

Directeur général de l’Etablissement général des services (EGS) : Colonel Essowè Bawouna

Directeur central des Services de Santé de l’Armée (DCSSA): Colonel DJIBRIL Mohaman (Coordonnateur national de gestion de la riposte au Covid-19)

Directeur de l’Ecole du Service de Santé des Armées de Lomé (ESSAL) : Médecin-Lieutenant-Colonel AGBA Komi

Directeur des services des FAT (DS/FAT) : Lieutenant-colonel Pessé Egbaré Bassayi (Président du Comité de gestion  de la Coopérative Militaire d’Epargne et de Crédit (COMEC))

Commandant de la 1ère Région de Gendarmerie : Colonel Kodjo AMANA (Force Covid 19)

Commandant de la 2ème Région de Gendarmerie : Lieutenant-colonel Ayi AMEGNRAN

Commandant du Centre d’Entrainement des Opérations de Maintien de la Paix (CEOMP) d’Adidogomé : Colonel Yao Eindrè GNAKOUAFRE

Directeur du Collège militaire Eyadèma de Tchitchao (CMET) : Lieutenant-Colonel ABAMY Kassabdou Ayao

Chef-Corps des Sapeurs Pompiers : Colonel Tchanilé AGORO

Commandant des Eaux et Forêt : Commandant Pyoabalo Alaba (Directeur général de l’Office de développement et d’exploitation forestière (ODEF)

Directeur du Centre National d’Instruction des Forces Armées Togolaises (CNI-FAT) de Kara : Colonel Gnassingbé Malibada

Commandant du Groupe d’Intervention Légère Anti-terroriste (GILAT) : Commandant Somiyeabalo Tchamiè

Préfet Maritime : Capitaine de Vaisseau Néyo Takougnadi

Directeur de la Direction centrale de la Police judiciaire (DCPJ) : Commissaire principal Minpame Bolenga

Directeur général de la Documentation nationale (DGDN) : Commissaire divisionnaire Ahaware Aharh

Commandant de la  Base de transport à Lomé (BTL) : Lieutenant-Colonel Mama Agnidoufei Essomolam

Commandant de la Base Chasse de Niamtougou (BCN) : Colonel DJATO Tassounti

DG de l’Agence nationale des renseignements (ANR) : Colonel Ali Esso Tchakpélé

DG du Service Central de Recherches et d’Investigations Criminelles (SCRIC) : Commandant Atèkpè.

 

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