Mecredi 09 septembre 2020 au journal de 20 heures à la TVT l´information tombe comme un couperet: par décret présidentiel, il est mis fin aux fonctions du Commissaire des Impôts à l’OTR Adoyi Essowavana. Les uns et les autres se mettent tout de suite à douter de l´authenticité de la nouvelle, tant les réseaux sociaux sont connus pour être un repère de mensonges et de montages de toutes sortes. Il fallait donc prendre cette information avec des pincettes avant d´y voir plus clair. Mais le limogeage de celui qui paraissait indétrônable se confirme d’heure en heure. Adoyi Essowavana est bel et bien remercié par voie de presse par Faure Gnassingbé.
Si au début beaucoup avaient douté de la surprenante nouvelle, personne en réalité ne pouvait parier qu´une telle décision ne pouvait tomber un jour. Avons-nous oublié que nous sommes en dictature où il n´y a qu´un seul maître à bord, dont les collaborateurs, supposés fidèles ou non, ne sont qu´en sursis? Le dictateur est le seul à faire et à défaire des carrières autour de lui, il est le seul à décider de qui doit devenir milliardaire en volant l´argent de tous les Togolais, de qui doit périr en prison ou mourir tout de suite. Il est le seul à jouir d´une impunité totale et à la dispatcher à certains de son entourage pour qu´ils puissent voler, enlever ou tuer pour la survie du régime, devenu depuis longtemps une mafia très dangereuse. Et comme pour la dictature Gnassingbé l´opacité la plus totale est la chose la mieux partagée, tout le monde va de sa petite spéculation pour expliquer le surprenant limogeage de ce zélé cadre de cette association mafieuse dénommée RPT-UNIR.
Pour les uns, notre cousin Mollah de Tchavadi, l’un des sept villages princiers de Tchaoudjo à l’instar de Kpangalam, Kadambara, Birini, Kparatao, Yèlivo et Wogouloudè, doit son humiliation à des visites régulières à un parent qui serait un ancien baron du régime tombé en disgrâce. Une attitude de Adoyi Essowavana qui aurait mis en colère le maître des lieux Faure Gnassingbé; surtout que, convoqué pour s´expliquer, l´ex-Commissaire des impôts n´aurait pas convaincu son petit monde. Pour les autres, si ce grand cadre de l´État togolais est aujourd´hui remercié en monnaie de singe, c´est à cause de son insouciance et de son non-respect pour les mesures-barrières à la mode pour juguler la pandémie du siècle, le Coronavirus. Il y a à peu près deux semaines, Monsieur Adoyi organisa avec pompe une célébration de mariage de son fils en présence de plusieurs centaines de convives. On aurait cru que l´éradication totale et définitive du COVID19 venait d´être annoncée sur les media. Les images sur les réseaux sociaux parlent d´elles-mêmes. En tant que haut fonctionnaire de l´État, il devrait servir de modèle en adoptant les bonnes manières. Notre ex-Commissaire des impôts à l´OTR aurait donc payé pour avoir favorisé une possible propagation du virus. Sur ce plan, l´ex- Préfet de Tchamba, Madame Aissatou Titikpina en sait quelque chose.
Mais le troisième groupe de Togolais penche plutôt vers la thèse d´une vendetta entre deux amoureux rivaux; un duel qui aurait mal tourné pour le légitime mais plus faible amant. Et ce n´est pas notre ami Ali Camus, Rédacteur-en-Chef du site d´information Lynx-Togo installé en Allemagne et bien informé, qui nous dira le contraire: « On a beau tourner la sortie d’Esso-Wavana Adoyi dans tous les sens, le mariage en plein COVID 19 n’explique pas son éviction séance tenante. Le prince voulait sa femme et du coup, faire les réformes pour la frange « kabyè » qui voit le Togo de demain encore dans les bras des caciques de Pya. Sous nos yeux, l’hydre est en train de prendre une autre forme… » Donc si la troisième thèse semble la plus plausible, cela confirmerait la légèreté avec laquelle Faure Gnassingbé gouverne, si vraiment il gouverne, et traîte les affaires de la cité. Comment le premier responsable du pays peut-il ainsi banaliser le rôle du Président de la République en réduisant nominations à des postes de responsabilités et humiliations de hauts cadres à une affaire de femmes?
Un Chef de l´État qui tombe si bas en traîtant les affaires du pays entre les cuisses de belles femelles de la République n´est nullement à la hauteur de sa tâche. Il n´est pas qualifié pour être l´exemple et le modèle pour les populations togolaises. Si Faure Gnassingbé veut vraiment jouer au Monsieur « mains propres », soucieux de la santé de ses compatriotes et de leur prospérité, il devrait d´abord commencer à s´attaquer aux chantiers qui traînent devant sa porte. De nuisibles vieillards -suivez mon regard- lui servent de conseillers et sont légion autour de lui. Les uns plus tribalistes et méchants que les autres. On ne dirige pas un pays en s´appuyant sur l´ethnie de son père et en lésant les autres. Si le Président de fait du Togo veut vraiment gouverner comme beaucoup de ses pairs en Afrique ou ailleurs, il devrait avoir le courage de reconnaître qu´il n´est pas sur la bonne voie et changer radicalement de cap, en écoutant par exemple son opposition. Car il n´est jamais trop tard pour bien faire.
Autrement, le jugement des générations présentes et futures, surtout celui de l´histoire sera impitoyable!
Samari Tchadjobo
13 septembre 2020
Allemagne