«Elle débarque avec des valises d’argent, des sponsors de chefs d’Etat des pays voisins, a indiqué Patrice Talon dans un entretien à RFI et France 24, vendredi 30 avril. Les gens de son parti ont dit publiquement qu’ils empêcheront l’élection par tous les moyens… A des fins politiques, ils ont planifié et recruté des gens pour brûler le pays et commettre des assassinats aveugles. S’ils ont été interpellés, c’est qu’il y a des preuves.»
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Qui a déjà oublié ces déclarations du président béninois Patrice Talon qui datent à peine de deux mois? Et qui se souvient encore de la conseillère béninoise en communication de Faure Gnassingbé, le président de fait du Togo? Réckya Madougou, c’est son nom, que certains n’hésitent pas à qualifier d’intime du dictateur togolais.
Conseillère en Communication le jour, intime la nuit, selon la rumeur publique. Et il est vrai que la Diplômée béninoise de l’Institut supérieur européen de gestion de Lille est d’une beauté angélique, même si les philosophes nous disent que la beauté serait relative. Depuis que le président béninois était monté au créneau pour accuser la candidate à la candidature aux élections présidentielles qui eurent lieu en avril 2021, d’être à la solde de pays étrangers pour destabiliser le Bénin; et depuis que Réckya Madougou est accusée de détenir des fonds aux origines douteuses, de terrorisme et jetée en prison, Patrice Talon, facilement réélu, faute de concurrence sérieuse, pour un deuxième mandat, continue à boire du petit lait.
La belle Réckya, l’habituée des jets privés et des villas cossues, ronge aujourd’hui son frein au fond d’une cellule de la maison d’arrêt d’Akpro-Missérété, à la périphérie de Porto-Novo. Depuis le 03 mars 2021 elle est accusée par la justice béninoise pour « association de malfaiteurs et financement du terrorisme ». Une accusation grave, très grave qui, si elle avérée, risque de lui valoir plusieurs années derrière les barreaux, synonyme d’une carrière politique à oublier. Comment en est-on arrivé là? Réckya Madougou connaîtrait-elle ce sort sort peu enviable si elle n’avait pas servi à la présidence togolaise comme conseillère?
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Les ennuis judiciaires qui sont aujourd’hui les siens seraient-ils liés à ses relations supposées avec le président togolais, qui, sur le plan politique, ne serait pas forcément sur la même longueur d’ondes que Patrice Talon? Les grandes sommes d’argent, aux origines peut-être togolaises, dont parlait le président béninois, et dont Réckya aurait été en possession à son arrivée à Cotonou, n’ont-elles pas été la goutte d’eau qui fit déborder le vase? Voilà quelques-unes des interrogations qui nous taraudent l’esprit depuis un petit temps et que nous avons décidé d’aborder dans ce texte; histoire de nous rappeler du rôle, bon ou mauvais, joué dans les hautes sphères de notre pays par une Africaine de 47 ans qui ne manque pas de talent, dont la vie politique et la vie tout court sont encore devant.
Si sur le plan éthnico-social ce sont presque les mêmes peuples, les mêmes éthnies, sur le plan politique le Togo et le Bénin prirent des chemins différents quand il s’est agi de faire le procès des régimes autoritaires pour passer à la démocratie à l’orée des années ’90. Quand le Bénin réussissait sa mutation du régime de dictature à la démocratie grâce à la bonne volonté d’un homme que les Béninois n’oublieront pas de sitôt, Mathieu Kérékou, les Togolais eux, n’auront pas eu cette chance. En bon dictateur et étant incapable de comprendre le signe des temps, Gnassingbé Éyadéma ne trouva mieux que de lancer ses tueurs aux trousses des opposants et d’instaurer un climat de terreur généralisé. Quand le Bénin d’à côté connaît l’alternance au sommet de l’état, le Togo s’est pratiquement installé dans une crise politique permanente qui dure jusqu’à ce jour, faite d’assassinats et de persécution d’opposants au régime.
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Ne pas faire ce petit rappel historique n’aiderait pas à comprendre le cas Réckya Madougou, qui a servi au Togo, officiellement comme conseillère en Communication de Faure Gnassingbé. Le bon élève en domaine d’alternance au sommet de l’état qu’est le Bénin et le cancre en démocratie d’à côté que constitue aujourd’hui notre pays ne peuvent qu’avoir des relations de voisinage marquées par une forte suspicion de part et d’autre, surtout que le pays de Patrice Talon héberge certains opposants au régime de dictature de l’ouest.
On savait Réckya Madougou proche, sinon très proche de l’opposition à Talon; sa présence en tant que conseillère ou autre auprès de la présidence togolaise, avec tous les avantages surtout financiers qu’elle pourrait en tirer, fait d’elle automatiquement une candidate sérieuse face au président béninois qui avait décidé de rempiler nonobstant sa promesse de ne faire qu’un seul mandat. Comme on le voit, ce n’est pas tant la seule personnalité de Réckya Madougou qui fait d’elle une candidate dangereuse aux yeux de Patrice Talon. En dehors des soupçons des autorités béninoises que les fonds en possession de Madame Madougou seraient d’origine togolaise, il y a également un puissant homme d’affaires burkinabè Mahamadou Bonkoungou qui pourrait aussi faire partie des gros sponsors de la malheureuse candidate aux élections présidentielles béninoises d’avril dernier.
Pour le moment Réckya Madougou reste en prison et est accusée, entre autres, d’avoir financé un projet de meurtre de deux personnalités dans sa ville natale Parakou, dans le but de provoquer la terreur, le chaos et parvenir à faire suspendre le processus électoral; ce qu’elle nie en bloc. Elle reconnait seulement avoir remis une somme de 15 millions de francs CFA à un militant de son parti pour mobiliser des sympathisants dans la perspective du scrutin d’avril 2021. Sur le plan politique Patrice Talon est officiellement réélu, mais l’opposition l’accuse d’avoir mis à l’écart ses sérieux challengers avant d’être plébiscité avec un score à la soviétique. Elle dénonce également une dérive dictatoriale du président béninois.
Comme au Togo certains poids lourds de l’opposition béninoise appelle à un dialogue national pour remettre tout à plat et reprendre à zéro. En tout cas il revient à nos frères et voisins béninois de savoir si la situation politique dans leur pays est aussi dramatique, et quelle solution il leur faudrait.
Revenons à nos moutons et surtout à Réckya Madougou pour dire qu’étant amoureux de la liberté et de la démocratie, nous pensons qu’aucune autorité politique, aussi haut placée soit-elle, au Togo, au Bénin ou ailleurs, n’a le droit d’imposer une privation de liberté à un citoyen ou à une citoyenne de son pays pour des motifs fantaisistes. C’est normal que Madame Madougou réponde de ses actes devant la justice de son pays si ce qu’on lui reproche est vérifié; et c’est également son droit de recouvrer la liberté si les accusations portées contre elle ne reposent sur rien, juridiquement parlant. Et ceci vaut également pour les dizaines, sinon les centaines de prisonniers politiques au Togo que certains n’hésitent pas à présenter comme des otages personnels de Faure Gnassingbé. En attendant il y a ceux et celles qui sont tristes et prient pour que Réckya Madougou soit libérée; et il y aurait, selon certaines indiscrétions, au sein du personnel féminin autour du président togolais, celles qui jubilent, poussent un ouf de bon débarras et souhaitent que la belle Béninoise ne sorte jamais de prison. Allez-y savoir pourquoi!
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