Tout a commencé en début de soirée du vendredi 27 novembre, Gérard Djossou, Président de la Commission des affaires sociales et des Droits de l’Homme de la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK) a été enlevé en pleine rue à Hanoukopé à Lomé. Selon ses collègues témoins du film, l’intéressé faisait partie d’une délégation de la Dynamique qui avait rendu visite au Groupe des 5 ambassadeurs (Allemagne, Etats-Unis, France, Union européenne, PNUD).
La délégation au retour à hauteur des feux tricolores du quartier Hanoukopé, des individus non identifiés ont pris d’assaut la voiture de M. Gérard DJOSSOU. Un groupe à l’arrière, un autre devant. Le membre de la DMK a donc été sommé de remettre les clés de sa voiture.
Celui-ci refusa d’obtempérer. Face à ce refus, la victime se faisait rouer des coups quand le feu vira au vert. La voiture a finalement démarré en direction de Déckon mais les autres membres de la DMK disent ignorer si elle était conduite par leur collègue ou non.
Plus tard, on apprendra que ce sont des agents du Service Centrale de Recherches et d’Investigations Criminelles (SCRIC) de la Gendarmerie qui l’ont interpellé. Le lendemain samedi 28 novembre, la Coordinatrice de la DMK Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson qui lui a rendu visite a été à son tour gardée après des perquisitions à son domicile.
Dans la soirée, comme d’habitude, c’est un communiqué du Procureur de la République Blaise Essolisam Poyodi qui finit par confirmer que plus personne ne doit croire à ce régime.
Selon Essolisam Boyodi dont le communiqué a été lu au journal de 20 heures sur la télévision nationale (TVT), il y a une atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat en préparation au sein de la Dynamique.
« Dans le cadre de cette enquête, le sieur Dodji Gérard Djossou a été interpellé dans la soirée du vendredi à Lomé par les éléments de la police judiciaire. Il été procédé immédiatement à une perquisition à son domicile. Ceci a permis la découverte et la saisie des documents compromettants intéressant l’enquête. Lesdits documents révèlent la projection des actions violentes visant à porter atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat et qui devraient être mis en œuvre à partir des manifestations publiques pour la journée du samedi 28 novembre 2020 », indique le communiqué.
C’est la même enquête qui a conduit à l’arrestation de Brigitte Adjamagbo Johnson, selon le Procureur de la République.
« Elle était en possession d’autres documents en lien avec le plan de déstabilisation du pays projeté. Elle fait déjà l’objet d’une procédure judiciaire portant sur des faits similaires et placée sous contrôle judiciaire », dit-il.
L’enquête ouverte dit le Procureur, vise à déterminer les circonstances du projet ‘criminel’, les auteurs, co-auteurs et complices de ce projet.
L’enfantillage maladif continue
Dans un communiqué rendu public dimanche 29 novembre, la DMK exige la libération immédiate et sans condition de ses deux membres arrêtés. « Ces pratiques relèvent de l’intimidation et de harcèlement judiciaire. Ce mode opératoire est bien connu et la DMK en a déjà été victime et dont la finalité est d’imposer le silence, et la fin des revendications. La DMK conduit un combat pacifique pour la récupération de sa victoire du 22 février confisquée par le régime en place qui use de tous les moyens pour taire toute velléité contestataire. La Victoire du peuple du 22 février 2020 est un acquis non négociable », assène la dynamique.
A Essolisam Poyodi, Procureur de la République accusateur, elle demande d’arrêter cette procédure qui, dit-elle, « décrédibilise l’institution judiciaire au sein de la communauté internationale et dénote sa servilité au pouvoir exécutif ».
De son côté, le 2ème Porte-parole du Front Citoyen Togo Debout Me Raphaël Kpande-Adzare, il s’agit d’une justice à double vitesse. « Lorsqu’on parle de crimes économiques intéressant des détournements des deniers publics à hauteur de milliards, la justice togolaise est complètement inerte et silencieuse ; quand il s’agit d’assassinats et crimes crapuleux, à la limite proches de la flagrance, la justice togolaise parle de « faits incriminés s’inscrivant dans un concert criminel complexe », avec des auditions qui seraient actuellement en cours et n’auraient débouché pour l’heure sur aucun placement en détention.
Mais quand il s’agit de prétendues infractions d’atteinte à la sécurité de l’Etat, des interpellations se font tout de suite avant que cette même justice n’intervienne à posteriori pour les justifier par « des perquisitions ayant permis de découvrir et de saisir des documents compromettants intéressant l’enquête ».
On sent tout simplement que tout ceci est concocté de toutes pièces pour décapiter les mouvements politiques de l’opposition, faire embastiller leurs responsables et les adversaires politiques de l’opposition, et faire taire toutes velléités de contestation ! Une justice à double vitesse ; une justice de deux poids deux mesures ! C’est malheureux monsieur le procureur de la République et il faut savoir s’arrêter, car la justice est avant tout une mission divine !
Aucune stabilité, aucun développement dignes de ces noms ne peuvent être assis dans un tel contexte», a-t-il écrit.
La sortie du Procureur rappelle tristement les épisodes similaires dans la vie politique togolaise notamment l’affaire des incendies avec les montages grotesques et puérils. Des gens ont perdu la vie dans cette méchanceté gratuite du pouvoir. Dans ce pays, des miliciens ont grièvement blessé des responsables et militants de l’opposition à coup de machettes en plein jour, le Procureur n’a rien trouvé à dire.
Dans ce pays, le chef corps du Premier Bataillon d’Intervention Rapide (BIR) a été tué dans son bureau au Camp à Agoè-Nyivé Sogbossito depuis le 04 mai dernier. Mais à ce jour, aucun résultat des enquêtes n’a été donné si ce n’est que le Colonel Madjoulba Bitala serait tué par sa propre arme.
Cette facilité avec laquelle le régime prend des libertés avec des institutions pour réduire au silence l’opposition décrédibilise le pays. C’est tout triste ce genre de montage qui ne convainc personne mais sape au contraire la morale politique.
Kokou Agbemebio
Source : Le Correcteur