Bénin : après le Vote, place à la Réconciliation !

 

 

Ce dimanche 11 avril 2021, les Béninois sont allés aux urnes dans le cadre de la présidentielle 2021. Cette élection qui voit rempiler le président sortant Patrice Talon a été marquée par des violences pré-électorales, notamment dans la partie septentrionale, de même des arrestations d’opposants qui ont appelé les populations à descendre dans les rues pour manifester pacifiquement contre la rallonge du mandat du chef de l’Etat, rallonge opérée grâce à la révision de la Constitution. Soutenue par une décision de la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples, l’opposition au régime de la Rupture conteste cette révision et donc la rallonge de 45 jours sous le prétexte d’élections générales en 2026.

 

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Pour elle, c’est la Constitution de 1990 qui est toujours en vigueur, laquelle stipule que le mandat de 5 ans de Patrice Talon arrive à échéance le 05 avril 2021, conformément au serment qu’il a prêté le 05 avril 2016. La mouvance au pouvoir ne l’attend pas de cette oreille. Face à l’opposition qui réclame l’arrêt du processus électoral et des assises nationales pour une sortie de crise, le pouvoir prône la fermeté. C’est dans ces conditions que s’est tenu le 1er tour. Sur l’ensemble du territoire, un calme relatif a été observé mais, comme en 2019, le fait majeur est le faible taux de participation. Malgré les appels du chef de l’Etat, les Béninois, dans leur grande majorité, ne sont pas sortis. Mais l’élection a eu lieu, c’est un fait. Même si on n’a pas voté partout, même si des cas de bourrage d’urnes, de votes multiples ont été signalés par endroits.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

De part et d’autre, il y a eu des échecs et des victoires. L’opposition n’a pu empêcher le vote. Le pouvoir, qui a tenu à foncer, a subi un désaveu manifesté par le désintérêt des populations. Ce désintérêt, qui a été constaté toute la période de campagne électorale, s’est traduit par le faible taux de participation. Dans ces conditions, doit-on continuer à tirer sur la corde ?

 

 

 

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Réconciliation devrait être le maître mot désormais. L’opposition devrait prendre acte de l’effectivité du scrutin. De même, le chef de l’Etat doit tirer les leçons de la conséquence de sa politique qui laisse indifférente la majorité des Béninois. Patrice Talon devrait chercher d’abord à se réconcilier avec son peuple. Cela passe par des actes de paix comme la libération des opposants incarcérés dans le sillage de cette élection, faciliter le retour des exilés, renouer avec la vraie démocratie et finir avec la politique d’exclusion. En un mot faire en sorte que le citoyen lambda se sente concerné par ce qui se fait. Ceci d’autant plus que s’il est réélu pour un autre mandat de cinq ans, Patrice Talon va  vouloir dérouler son programme de gouvernance dans un climat de paix. Il est donc important pour lui, de finir une fois pour toute avec la tension socio-politique née des différentes réformes et qui pollue l’environnement politique depuis 2019. Ça a trop duré. La grande tâche revient au chef de l’Etat dans cette œuvre de réconciliation. Et il en a les moyens.

 

 

M.M/matinlibre.com