BTCI, UTB, Togocom…puis NSCT. Va-t-on vendre tous les « bijoux de famille » ?

 

 

 

D’un projet de loi élaboré le 23 juin par le gouvernement, l’Assemblée nationale a voté, le lundi 29 juin dernier, la loi portant ouverture du capital de la Nouvelle Société Cotonnière du Togo (Nsct). Une nouvelle privatisation d’une société togolaise d’une extrême célébrité qui questionne sur la pertinence du modèle de gouvernance de Faure Gnassingbé, depuis son accession soi au pouvoir en 2005.

 

 

Retour à la case de départ…

C’est allé vite. Mais alors très vite. Seulement six (06) jours auront suffit pour achever le processus de privatisation de la Nouvelle Société Cotonnière du Togo (Nsct). «Est autorisée, la cession au secteur privé de tout ou partie détenue par l’Etat dans le capital social de la Nouvelle société cotonnière du Togo», stipule, en substance, ce projet signé le 23 juin 2020 par le Premier ministre sans un conseil des ministres. Ainsi donc, contrairement au Gal. Gnassingbé Eyadèma qui a consacrée une partie de son long règne à la nationalisation de certaines sociétés d’Etat dont la plus retentissante est celle de la société d’extraction, de traitement et de vente du phosphate, Ctmb devenue Otp en 1974, le Togo retombe peu à peu dans les travers et enregistre, par cette ouverture du capital, une nouvelle privatisation de ses sociétés sous l’ère Faure Gnassingbé. Dès lors, des questions inondent les esprits quant à la pertinence de ce qu’il convient d’appeler le retour à la case de départ.

En effet, nombre d’analystes s’accordent, après quinze ans de gouvernance, sur la propension de Faure Gnassingbé au rétropédalage. Et les actes attestant ce jugement de valeur foisonnent, se succèdent et parlent d’eux mêmes. Le dernier en date est la privatisation de Togocom, né de la fusion de Togo télécom et togocel, avec aujourd’hui l’actionnariat détenu, à 51% par Agou Holding, une société créée à pied levé à Lomé à quelques jours de l’acte de privatisation et qui dit-on appartient aux investisseurs malgaches. Une réforme structurelle et économique alambiquée, tant sur la forme que sur le fond et qui fait, toujours objet de débats.

 

 

Les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets, c’est à croire, qu’il se profile inlassablement à l’horizon, le scénario Togocom que les togolais n’ont pas encore fini de digérer. Cette nouvelle politique cotonnière en perspective au Togo colporte, avec elle, le dégraissage du personnel. Situation contraignante qui induira son corollaire de conséquences.

 

D’ailleurs, certaines sources laissent entendre que le prix du coton serait en baisse à la prochaine récolte au Togo.

 

OLAM, une renommée bien douteuse

Présente dans une dizaine de pays africains, Olam est l’une des entreprises agro-industrielles en vogue sur le continent avec une réputation des plus douteuses. L’année dernière, cette société a été notamment sanctionnée en Côte d’Ivoire pour y avoir importé une cargaison de riz avarié. Avant d’aller déverser son riz de qualité douteuse en Côte d’Ivoire, les responsables de Olam en complicité avec certains commerçants étaient à un pas de mettre sur le marché togolais le même riz refoulé précédemment de la Guinée. Les alertes des médias ont permis d’arrêter cette vélléité d’intoxication de masse. Mais elles n’ont pu amener les autorités togolaises à engager des poursuites contre cette société. De ce silence à la décision de confier aujourd’hui les cotons togolais à Olam, les déductions peuvent être vite faites.

 

Le pouvoir va donc mal. Et l’histoire récente révèle que Faure Gnassingbé n’est pas à sa première. Le Prince de Pya et Grand héritier du 05 février 2005 s’était déjà illustré dans le bradage aux étrangers d’autres patrimoines nationaux.

 

En effet, réuni en conseil des ministres le 3 octobre 2018, le gouvernement togolais avait procédé à l’adoption de trois projets de loi visant, entre autre, la privatisation des banques publiques UTB et BTCI. Ainsi donc, à défaut d’un projet de fusion suspendu, la privatisation de ces deux établissements bancaires du pays, restés publics après la vague de privatisations du début des années 2010, intervient donc après le rachat de la BTD et la BIA-Togo, respectivement par Oragroup et Attijariwafa Bank.

 

Pour se justifier, on argumente que cette option cadre avec la volonté du gouvernement de se désengager progressivement des secteurs productifs pour faire place au privé. Et ce, avec les opportunités actuelles du marché bancaire.

 

Politique de l’Autruche…

«Coup d’opportunités». Tout est donc dit. En présentant la privatisation des sociétés d’État, à l’heure actuelle comme un coût d’opportunité, l’on s’interroge à juste titre sur le «forcing» opéré par Faure. Cette politique de l’autriche dénote d’une particularité du pouvoir de Faure qui, au lieu de gérer avec efficacité les vices de prébendes de ses hommes de main, il préfère remettre les ‘‘bijoux de famille’’ dans les mains des étrangers pour, dit-on, en assurer une gestion plus efficace. Pourtant, il est encore vif dans les esprits quand il y a quelques années le même pouvoir a choisi de rompre à pas de charge la privatisation, de la Ceet et de l’Hôtel Sarakawa, ceci à coût de plusieurs milliards de dédommagement, à payer par le contribuable togolais, à ces partenaires d’hier pour cause de rupture arbitraire de contrat.

 

…Et de navigation à vue

De toute analyse faite de cette énième privatisation d’une société d’État, il en ressort une orientation politique, sous contraintes, qui met véritablement à nu, l’échec de la gouvernance économique enjolivée, ces dix dernières années, par la fameuse «politique des grands travaux». Laquelle n’a, en réalité, contribué qu’à créer que des «heureux de la République» par des détournements de deniers publics, malheureusement sous le sceau de l’impunité.

 

 

 

Une situation qui, contrairement aux chiffres ronfleurs, met sérieusement à genoux, l’économie du pays qu’on tente, vaille que vaille, de sauver par des artifices du genre contractualisation des hôpitaux, institution de lutte contre la corruption, ou encore ouverture de capitale des grandes sociétés d’État. Des biens nationaux qui, in fine, sont bradés aux étrangers. En somme une stratégie de l’Autriche consciemment conçue mais jusqu’à quand ? Peut-être dans le dessein d’appauvrir encore davantage le pays.

 

Source : Fraternité