Les feux tricolores à Sokodé, ville située à 340 km de Lomé dans la préfecture de Tchaoudjo, sont tous en panne depuis trois ans. Une situation qui est devenue une source d’accidents de circulation et d’embouteillages dans le chef-lieu de la région centrale .
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Un petit tour au centre-ville de Sokodé a suffi pour faire le constat. Au niveau de tous les carrefours à savoir de la CEET, de l’UTB, du CIB-Komak et Y, les feux ne fonctionnent plus pour diverses raisons, notamment faute d’entretien, actes inciviques, négligence et vétusté du matériel. Du coup, les usagers (conducteurs de voitures, de motos, de tricycles et de vélos) sont obligés de se débrouiller, chacun comme il peut ! Ce qui n’est pas sans provoquer colère et nervosité chez certains. Pour le chauffeur de taxi, S. Y, les accidents sont devenus « quotidiens » sur les voies publiques. A défaut des feux, la régulation de la circulation est désormais assurée par les policiers déployés sur le terrain.
Le vendredi 22 juillet, comme à l’accoutumé, les premiers rayons de soleil arrosent les chaussées. Cette journée très mouvementée annonce le week-end. En voiture personnelle, taxi, bus, tricycle, motos-taxis ou à pieds, chacun roule à vitesse pour rallier sa destination. Une situation qui occasionne des embouteillages incontrôlables.
Il est 7H30mn au carrefour de la CEET. Concerts de klaxons, des hurlements et des interjections. Abdou Kérim qui se rend au bureau avec sa moto, vient d’échapper à un accident. Le cœur battant, tout tremblant et en sueur, il s’efforce de bredouiller quelques phrases : « C’est embêtant. Tous les jours, nous assistons à ces genres d’incidents qui sont souvent soldés par des accidents. Aujourd’hui je l’ai échappé belle. Je remercie Allah d’être encore vivant », martèle-t-il.
Les usagers accusent la mairie de Tchaoudjo 1
Selon les usagers, la mairie ne se soucie pas de réparer les feux tricolores. « Moi, ça fait trois ans que je conduis taxi dans les différentes artères de cette ville. Je n’ai jamais vu ces feux fonctionner. Les seuls feux qui marchent sont l’un des trois situés au carrefour Y. Mais comme ça fonctionne grâce à l’énergie solaire, dès qu’il y a le soleil ça fonctionne, mais quand il n’y a pas le soleil ça ne fonctionne plus. Comme c’est le seul qui s’allume sur les trois, dès que certains usagers s’arrêtent les autres continuent de passer donc c’est comme s’il n’y avait rien et ça ne dis rien à la mairie», s’est plaint le chauffeur de taxi Seydou.
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Ces feux tricolores entrent dans le code de la route. Ce sont des éléments de signalisation lumineux ou des dispositifs généralement établis dans les intersections pour réguler l’ordre de passage des véhicules et des piétons. Son but est essentiellement d’éviter des conflits dans un carrefour, en dépit des signaux routiers ou de la règle de priorité à droite.
Certes chaque matin, les policiers, dans leur tenue bleue, portant des casques de couleurs noire et blanche et parfois un gilet jaune, se pointent aux carrefours pour indiquer l’ordre de passage. Il faut croire que cela n’est pas assez pour résoudre le problème. « Les policiers viennent du matin au soir pour réguler la circulation, mais vous savez, ce n’est pas facile pour eux aussi, comme il n’y a pas les feux chacun veut être le premier à passer, tout le monde à l’air pressé. Chacun fait ce qu’il veut, c’est très compliqué », témoigne Alassane, boutiquier installé près du carrefour de la CEET.
Ce phénomène d’embouteillage se produit non-seulement le matin, mais aussi aux heures de pointe « 12h et 18h ». Pour Moumouni, pompiste à une station d’essence située près du carrefour Y, c’est un impératif pour la mairie de Tchaoudjo1 d’assurer la réparation de ces feux tricolores : « Ces feux tricolores sont très importants. La mairie doit tout faire pour les remettre en activité. Tous les jours, on assiste à des accidents de circulation, surtout que les motos-taxis envahissent la ville de Sokodé et des gros camions-remorques qui passent à n’importe quelle heure. Il est préférable de les remettre en service très rapidement pour préserver des vies », souligne-t-il.
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Un projet de réinstallation des feux tricolores en cours
Selon le 3ème adjoint au maire de ladite commune, Tchédré Soulémane, les feux tricolores de Sokodé n’ont pas été installés par l’Etat, ni par la commune, mais par un cadre de la localité, en l’occurrence, l’honorable Amadou Yérima Mashoud, en 2018, pour éviter les accidents aux différents croisements. A l’en croire, ces feux ont été opérationnels à peine un an avant de tomber en panne pour des raisons de batteries. Il précise même que les installations du CIB-Komah n’ont jamais fonctionné. « Les différentes relances auprès de la société qui a livré et installé ces équipements n’ont jamais abouti », martèle-t-il.
Face aux plaintes des usagers qui accusent la marie d’inaction, il explique que c’est parce que ceux-ci ignorent la loi sur la décentralisation. A l’entendre, d’après cette loi, « la réparation des dommages sur les Routes nationales (RN), notamment les pannes des feux tricolores relève de la responsabilité de l’Etat et non des communes ». Cependant, il rassure qu’un projet est en cours pour la réinstallation, non seulement de ces feux tricolores, mais aussi des lampadaires de la ville. En attendant le démarrage de ce projet tant attendu, il exhorte les usagers à prendre leur mal en patience.
Source : ATOP