Depuis vendredi dernier, plusieurs stations-services de Lomé tournent au ralenti. La faute à une pénurie de carburant. Cette situation intervient au moment où les rumeurs autour d’une probable augmentation des prix à la pompe ont commencé à circuler quelques jours plus tôt.
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Les usagers d’engins sont confrontés, depuis l’après-midi du vendredi 18 février, à une pénurie de carburant. Dans plusieurs stations-services de la capitale togolaise, ils sont priés de revenir plus tard. Dans les quelques-unes de stations qui servaient encore, c’était la bousculade. Des dizaines de motos et voitures alignées ont dû attendre impatiemment leur tour. Ce qui a même créé des embouteillages sur certaines artères.
Les seuls à profiter de cette situation sont les vendeurs de carburant de contrebande appelé dans le jargon populaire « boudè ». Chez ces vendeurs à la sauvette, les prix ont vite flambé. Dans certains quartiers périphériques, le litre de l’essence était vendu entre 700 FCFA et 800 FCFA contre 505 F à la pompe. Alors que ce commerce tournait au désespoir avec la traque lancée régulièrement contre eux par la police, il a soudainement retrouvé un peu de souffle.
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La réaction du gouvernement…
Vingt-quatre heures après le début de pénurie, le ministre du Commerce a, dans un communiqué publié le samedi 19 février, rassuré sur un retour rapide à la normale sur un ton, toutefois, incertain. « Notre pays fait face depuis le vendredi 18 février 2022 à une tension dans l’approvisionnement en produits pétroliers. L’approvisionnement devrait revenir à la normale dès ce samedi », a indiqué Kodjo Adedze.
Le ministre a clairement menacé les détaillants qui profiteraient de cette situation à travers une augmentation des prix ou par la rétention de produits. Ces pratiques anormales « seront sévèrement sanctionnées, conformément à la réglementation en vigueur », a précisé l’homme Commerce du gouvernement ajoutant que des inspections étaient en cours sur tout le territoire. Il a enfin invité les populations à ne pas céder à la panique.
Comme susmentionné, quelques jours avant le phénomène de pénurie, certains médias ont annoncé une probable augmentation du prix du carburant. Ces confrères fondaient leur analyse sur la tendance haussière du prix du baril de pétrole. En effet, depuis décembre 2021, les cours mondiaux de pétrole flambent. A titre d’exemple, le cours du baril de Brent a dépassé la barre des 83 dollars, revenant au plus haut depuis novembre 2021. « Plusieurs pays ont déjà répercuté cette augmentation du prix du baril sur le prix à la pompe. C’est le cas de la France avec une hausse de 5 à 6 centimes par rapport à décembre 2021, du Bénin où les prix à la pompe du gaz-oil et de l’essence ont augmenté respectivement de 5 francs CFA et 15 francs CFA depuis le 1er octobre, ou encore de la République démocratique du Congo où les prix ont quasiment doublé », ont-ils expliqué.
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Mais au Togo, une hausse du prix du carburant dans un contexte social marqué par l’instauration tous azimuts des taxes avec comme, entre autres conséquences, l’aggravation des difficultés dans lesquelles végètent la grande majorité des Togolais dans les villes comme dans les campagnes sonnerait comme un mépris total envers ces populations essoufflées par la misère ambiante. En effet, la flambée des prix des produits de première nécessité devient de plus en plus criarde. De nombreux togolais ne savent plus à quel saint se vouer. Une augmentation du prix des produits pétroliers, de fait, ne ferait qu’accentuer une situation déjà insupportable pour bon nombre de ménages. Et pour cause, « l’inflation peut être liée aux importations. A titre d’exemple, le coût du pétrole aujourd’hui augmente. Nous qui n’en produisons pas importons avec l’inflation », expliquait, il y a quelques semaines, un éminent économiste dans nos colonnes.
Et l’expérience a montré malheureusement qu’au Togo, l’augmentation du prix des produits pétroliers est toujours suivie de la hausse du prix des transports et des produits agricoles notamment le maïs, aliment de base au Togo. Déjà que ce céréale a vu son prix maintenir à la hausse depuis plusieurs mois, entre 800 et 900 le bol, il est évident que de nombreux ménages risquent de balbutier avec la faim.
Ainsi, dans un tel contexte, augmenter le prix du carburant peut s’avérer dangereux pour un gouvernement dont l’incapacité à trouver les solutions idoines à la vie chère semble devenir une évidence. Il est donc très probable que la pénurie qu’on essaye de gérer actuellement soit un ballon d’essai avant de faire avaler la pilule aux populations. L’optique étant certainement d’éviter de déclencher la colère des togolais comme ce fut le cas en mars 2017 où les manifestations qui ont suivi l’augmentation du prix des produits pétroliers avaient fait au moins un mort.
Avec Fraternité