Doing Business : fin de l’enfumage de la « bonne » gouvernance en Afrique !

Après avoir constaté des « irrégularités » dans les rapports « Doing Business », éditions 2018 et 2020, la Banque Mondiale avait suspendu l’an dernier, provisoirement, la publication du fameux classement annuel qui note la clarté du climat des affaires dans plus de 200 pays. Pour défendre « l’intégrité et l’impartialité des données et des analyses », l’institution de Bretton Woods avait mandaté une cellule d’audit interne indépendante pour examiner et contrôler la collecte des données réalisées en amont des cinq (5) rapports précédents, 2016, 2017, 2018, 2019 et 2020. Le verdict est tombé. Et le Togo blanchi comme neige, du moins, en apparence.

 

 

 

 

Lire aussi : Le Togo et l’affaire Doing Business: quand la Banque mondiale fait paniquer Lomé 2

 

Des soupçons légitimes

Les pays africains, pour qui le rapport « Doing Business » fait véritablement office de barème de mesure pour évaluer la bonne santé du climat des affaires, propice pour attirer les investisseurs, ont accueilli cette décision comme un coup de massue. Ils payaient, là, les pots cassés de certains pays dont les rangs suspects obtenus dans les rapports « Doing Business » ont captivé l’attention de la Banque Mondiale. Ces pays sont la Chine, l’Azerbaïdjan, l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis. Le pays gouverné de main de fer par Xi Ji Ping, en l’occurrence, a maintenu sa place de 78e dans le classement DB 2018 alors qu’il était censé chuter de 7 rangs, compte tenu de la faible démocratie qui y est relativement pratiquée.

 
 
 

Le Togo en panique

 

Mais la Banque Mondiale aurait très bien pu cibler d’autres nations, au vu de l’énorme paradoxe existant entre l’application de la démocratie et les très bons scores enregistrés dans les classements DB. Parce que, comme l’a présenté presse togolaise, l’excellent score obtenu par le Togo, en l’occurrence, ne reflète pas la misère et l’oppression de la population togolaise, laquelle ne ressent absolument pas les effets positifs des progrès soi-disant réalisés par ses autorités. N’est-ce pas pour dissiper la fumée que, cédant à la panique, l’Exécutif togolais, par l’intermédiaire de Sandra Ablamba Johnson, ministre déléguée, conseillère du Président pour le Climat des affaires, était montée très tôt au créneau pour défendre l’intégrité du Togo dans la fourniture de ses données ? Heureusement, plus de peur que de mal.

 
 
 

Lire aussi : Sandra Johnson : « Le Togo n’est pas concerné par les irrégularités dans les rapports Doing Business »

 

 

 

La Chine accablée

Après avoir épluché 80 000 documents et interrogé plusieurs dizaines d’employés actuels et anciens, les enquêteurs missionnés par la Banque Mondiale, ont révélé les machinations favorisant la Chine. Selon l’enquête du cabinet d’avocats WilmerHale, mandaté par l’institution financière, le Sud-Coréen Jim Yong Kim, président la BM à l’époque, et Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI et ex-directrice générale de la BM ont exercé des pressions énormes pour améliorer le classement de la Chine et prédisposer le pays à des accords avantageux. Des « conclusions et interprétations » avec quoi l’actuelle directrice genérale du FMI dit être « foncièrement en désaccord ».
Somme toute, la Banque Mondiale a annoncé qu’elle arrête définitivement la publication de son rapport « Doing Business » et qu’elle travaille d’ores et déjà sur une « nouvelle approche pour évaluer le climat des affaires et des investissements ».

 

 

 

Des chiffres trompeurs

Mais le cas de la Chine, en espèce, donne matière à réfléchir. L’hypothèse que d’autres pays aient également « truqué » des rapports précédents et qu’ils n’aient pas été mis en lumière, parce qu’entretenant des rapports plus « amicaux » avec les gouvernants de l’ONU, est loin d’être saugrenue. Loin de révéler la clarté du climat des affaires, ces indicateurs « maquillés » ne seraient que des supercheries et ne traduiraient que la politique égoïste des dirigeants, laquelle ne sert que leurs intérêts et ceux de leur partisans triés sur le volet, ceci, au grand dam des populations paupérisées, maintenues sous le joug de la dictature.

 

TOGOWEB