Un bâtiment scolaire neuf en quatre semaines, du matériel didactique et un proviseur sanctionné. C’est la suite du drame qui a frappé le Lycée de Sessaro-Mazada à Sotouboua le 31 mai 2021. Au moins deux (02) élèves ont perdu la vie dans l’effondrement de l’abri de fortune qui leur servait de salle de classe. Un drame qui aurait pu être évité si les autorités togolaises n’avaient pas abandonné le système éducatif.
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Un drame aux conséquences multiples. Le 31 mai dernier, une pluie s’est abattue sur la ville de Sotouboua. Des élèves du Lycée de Sessaro-Mazada ont perdu la vie dans l’effondrement de la salle de classe où ils avaient trouvé refuge. Une trentaine de blessés ont été également enregistrés dans le drame. Quelques jours après, la décision du ministre des Enseignements primaire, secondaire, technique et de l’artisanat est tombée.
Sans détour, Dodzi Kokoroko a déchargé le proviseur Essodina Akizouzim de ses fonctions. « Il est mis fin aux fonctions de proviseur de Monsieur Akizouzim Essodina, n° mle 052398-G, professeur des collègues d’enseignement général de 1ère classe 3ème échelon, spécialité philosophie, en service au Lycée de Sessaro-Mazada (DRE-C) », lit-on dans l’arrêté n°892/2021/MEPSTA/CAB/SG/DRH. Les raisons de cette sanction n’ont pas été précisées, mais des sources rapportent que le ministre reprocherait à son collaborateur d’avoir été négligeant.
Il n’y a pas que de mauvaises nouvelles pour cette école qui venait de perdre au moins deux de ses pensionnaires. Le Chef de l’État a tourné son regard « bienveillant » vers le Lycée Sessaro-Mazada en donnant les instructions pour que tous les blessés soient pris en charge par le ministère des enseignements. « Nous avons été instruits par nos ministres de prendre en charge les victimes, certains sont évacués à Sotouboua et d’autres à Sokodé », a indiqué le Directeur Régional de l’éducation en charge de la région Centrale.
En plus de la prise en charge des blessés, il est annoncé le remplacement des abris de fortune par des bâtiments en dur. « Grâce au président de la République, nous aurons dans un mois quatre nouveaux bâtiments scolaires de trois classes avec l’installation d’un système de météo pour alerter les élèves, enseignants et les populations », a déclaré pour sa part le préfet de Sotouboua, Pali Tchabi. On évoque également des dons de matériels didactiques.
Un drame évitable
Cette « prompte » réaction de Faure Gnassingbé que ses militants tentent de faire passer pour un geste héroïque doit normalement susciter l’indignation au sein de la population togolaise et parmi les parents des victimes, pour la simple raison que ce drame pouvait être évité. Deux vies fauchées à cause du manque d’infrastructures adéquates dans une école, c’est du véritable gâchis. Au 21ème siècle, dans un pays qui multiplie les programmes de développement à la base et qui court derrière les statistiques et classements internationaux flatteurs, on ne doit plus parler d’abris de fortune pour les apprenants.
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Malheureusement, après 54 ans de règne, le régime autoritaire instauré par le clan Gnassingbé n’a pas réussi à doter le pays des infrastructures indispensables pour son développement. Au niveau du système éducatif, le sentiment le plus partagé est celui de l’abandon. Aussi bien à Lomé, sa périphérie que dans les villes de l’intérieur du pays, la grande majorité des écoles n’existent que de nom. Les bâtiments qu’on y trouve se résument à des cases couvertes de paille qui font office de salles de classes. Le domicile des directeurs d’écoles servent le plus souvent de magasin pour tout le matériel didactique.
Pour suivre les cours, les élèves sont obligés de s’asseoir sur des poutres, les tables-bancs relevant du luxe. La craie et autre matériel sont quasiment à la charge des parents d’élèves et des enseignants eux-mêmes. Récemment, des éducateurs ont été sanctionnés par le ministre de la Fonction publique pour avoir dénoncé dans une vidéo, le manque de craie dans leur établissement. N’avaient-ils pas le droit de dénoncer ce qui ne va pas, d’autant que le gouvernement a toujours privé les écoles de l’essentiel ?
Revenons au cas du proviseur du Lycée de Sessaro-Mazada. Que lui reproche-t-on exactement ? Peut-être le fait d’avoir autorisé les élèves à aller se refugier dans l’abri de fortune qui leur sert de salle de classe. Qu’aurait-il dû faire ? Demander aux élèves de retourner à la maison alors qu’il n’était pas encore l’heure ?
Quoi qu’on lui reproche, Faure Gnassingbé et ses collaborateurs doivent prendre la pleine mesure de la situation des écoles au Togo. Au lieu d’investir des millions pour orner un mur et dépenser autant pour son inauguration, il faut investir dans la construction de salles de classes. Le Togo n’a aucune obligation de faire étalage de son savoir-faire culturel, il a l’obligation de former ses citoyens, et de bien les former. Et puis, tout en consacrant des milliards annuellement aux équipements militaires, il faut aussi penser à l’éducation.
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