Ses inféodés l’appelaient affectueusement «Karateka» pour sa générosité sans retenue à l’opposé de la générosité tatillonne de son frère, Président de la République qu’ils surnommaient donc de « Boxeur ». Est-il que le décor était pas mal explosif et il pouvait laisser tout présager pour des analystes pointues. Tout, certes, mais pas jusqu’à 12 ans de prison pour Kpatcha Gnassingbé sans que rien, même pas un roseau n’ait tremblé jusqu’à ce jour.
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Le but de ces suivantes lignes n’est point de tenter de plaider la cause, moins encore de prendre fait et cause pour l’une des deux parties en présence. Loin de là. Est-il d’ailleurs que tout a été bien scellé depuis le procès de 2011 où tant Kpatcha Gnassingbé et son autre demi-frère le Colonel Rock Gnassingbé ont bien déclaré devant le juge Petchelebia qu’ « il y avait effectivement velléité de coup d’État ».
Sans compter certains éléments des déclarations d’autres comparus. De toute façon nous n’avons aucun intérêt à jouer quelque partition intéressée que ce soit dans ce bras de fer entre deux hommes qui ont juste au nom de leurs ambitions, organisé bras dessus bras dessous, le mélodrame électoral de février à avril 2005. Aucunement !
Aussi surréaliste que certains pouvaient le croire, Kpatcha Gnassingbé, «le banquier ambulant» et l’un des plus réclamateurs de l’héritage politico-ethnique de feu Eyadema n’est pas dans une prison spéciale, mais juste dans les ordinaires geôles d’azimtimé -nom usuel de la prison civile de Lomé- jusque depuis 144 mois,… 146 plus précisément. Pourtant ce fils d’Eyadèma disposait presque d’« une secte » et bien implantée.
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Les appétits
Gouvernement de juin 2005 autrement le gouvernement de la victoire. Kpatcha Gnassingbé s’arrache le portefeuille de la Défense. Juste récompense pour celui qui avait alors joué solidaire avec son frère dès les premières heures de la mort du père pour capter le fauteuil présidentiel, mettant même à disposition sa vaste milice entretenue à tout va.
Ainsi l’enfant de feue Marie Manguiliwè qu’on classe comme -la 3e femme à avoir donné des progénitures à Feu Eyadema- devenait ainsi le 2e puissant ministre du gouvernement à côté de son frère, lui fils de Sabine Mensah -la 2e à donner des enfants au feu timonier- lui hissé sur le fauteuil présidentiel légué par Papa. Il s’est tissé là un des éléments importants qui conduiront aux évènements d’avril 2009 jusqu’à leur épilogue dans les guérites de l’ambassade des Usa au Togo.
Qu’à cela ne tienne, la fameuse parade 13 Janvier 2007 a été assez illustrative des appétits et recriminations. L’image montrant Faure Gnassingbé, Président, suivi juste derrière par Kpatcha Gnassingbé, ministre de la Défense également debout dans une Jeep de commandement des Forces armées tgolaises (Fat), les deux frères passant ensemble en revue les troupes avant l’ouverture du défilé militaire du 40e anniversaire de l’accession du père au pouvoir avait suffisamment confirmé les spéculations qui se propageaient alors sur une certaine rivalité explosive entre les deux fils du «vieux» (l’autre surnom d’Eyadèma) à qui Zakari Nandja alors Chef d’Etat-major général et toute sa suite ont fait allégeance le soir du 05 février 2005 soit quelques heures après l’annonce de la mort du General président.
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En effet, plus qu’un simple ministre de la défense, Kpatcha se considérait, sinon il était considéré par ses partisans comme le « vice-président » de la République : l’homme qui contrôle l’armée qui, on le sait est la vraie détentrice du pouvoir dans la réalité togolaise. Un rôle que ce fils d’Eyadema assumait si vachement à coup de liasses de billet de banque tant à l’endroit du plus haut gradé que du simple homme de main.
Parallèlement les plus futés ou les plus opportunistes arrachaient ici et là grâce à lui nombre de marchés, les plus faisandés de l’État. D’autres arrangeaient du bout des doigts avec lui les plus grosses affaires digne d’Ali baba. Kpatcha avait, dans la République, sa république et son armée. Des hommes et femmes qu’on avait cru seraient capables, au nom de la fidélité, de mobiliser réseaux et moyens, brefs toutes les alchimies nécessaires pour sauver leur champion sinon le hisser haut quand l’épilogue de sa rivalité avec son frère président était arrivée à son point d’orge. Mais nada !
Le reveil
Kpatacha Gnassingbé fera le constat amer. L’armée qu’il croyait détenir au nom de sa logique identitaire l’a abandonnée. Et plus encore son vaste réseau de caciques, conservateurs et va-en-guerre n’a pu bouger de la moindre once pour lui écourter les 20 ans de gnouf qu’on lui a flanqué lors du verdict du 15 septembre 2009. Pourtant « si on te cite toux ceux qui parmi eux mangeaient dans les mains de Kpatcha tu vas tomber des nus.
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Pourtant aucun d’entre eux n’a le courage de prendre à corps le cas Kpatcha », avait confié aux sortir d’une des finales des Evala 2019 à Pya, un des nostalgiques du ministre deux battants-surnom donné à Kpatcha pour sa forme généreuse-indignés face au parterre des barons et autres hauts gradés installées autour de Faure Gnassingbé.
Kpatcha se rend compte aujourd’hui que les hourras et allégeances de son cercle identitaire ne tenaient qu’à la mesure des moyens qu’il mettait pour les entretenir. Sinon ils n’étaient tous que des tigres en papier. Rien de plus !
En lieu et place, c’est le Comité des Droits de l’Homme des Nations unies qui a interpellé mardi dernier le gouvernement sur le sort de ce détenu lors de 132ème session d’évaluation.
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