Un incendie s’est déclenché ce week-end, dans la nuit du 10 juillet 2021 aux environs de 19h45 et a ravagé des centaines de balles de cotons entreposées sur un terre-plein exploité par le Groupe Bolloré au Port Autonome de Lomé. Les balles de coton, en provenance des pays saheliens sont entreposées sur le terre-plein, en attente d’empotage dans des conteneurs pour l’export.
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Hier dimanche tard dans la journée, les équipes de sapeurs-pompiers du Port, de la ville, et de l’aéroport, appuyées par les camions citernes de l’ANASAP, étaient à pied d’oeuvre pour maîtriser le sinistre et parvenir à l’extinction complète de l’incendie, a constaté la rédaction de Forum de la Semaine qui s’était rendue sur les lieux.
«Les investigations sont en cours pour déterminer les causes de cet incendie» a déclaré une autorité portuaire rencontrée sur les lieux. «Toutefois, l’on sait que les balles de coton empilées sont toujours sujettes à des risques d’incendie provenant d’une combustion spontanée» a-t-il ajouté, préférant requérir l’anonymat.
Le coton, comme plusieurs autres matériaux en fibre, peut en effet, avec l’humidité et la chaleur, s’auto-échauffer (réaction exothermique entraînant une élévation de température). L’auto-échauffement peut être assez important pour mener à l’emballement thermique. L’emballement thermique fait naître un feu couvant et les flammes prennent naissance lorsque le front du feu couvant atteint l’extrémité des balles extérieures, a tenté d’expliquer un spécialiste contacté par notre rédaction.
Ceci démontre qu’il faut un suivi régulier des balles de coton empilées, en termes de températures internes, pour prévenir de tels événements malheureux. Mais apparemment, rien n’est fait en ce sens et aucune autre disposition n’a été prise pour éviter de façon scientifique, le drame du week-end.
Qui pis est, on note de façon ahurissante que le terre-plein d’entreposage de coton où s’est déclarée l’incendie est immédiatement contigüe à la Société Togolaise d’Entreposage (STE) où sont installés des bacs contenant des hydrocarbures hautement inflammables. Conséquence: Avec une grande partie des liquides qui devraient servir à éteindre le gigantesque incendie, les sapeurs-pompiers ont dû procéder au refroidissement des bacs d’entreposage pour éviter d’éventuelles contaminations du feu avec des conséquences imprévisibles.
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Si un seul bac de la STE est touché, c’est toutes les installations du port avec les quartiers environnants qui seront partis en fumée car les parcs de véhicules d’occasion juste en face prendront la relève du sinistre et bonjour les dégâts qui, rien que pour le moment sont chiffrés à plusieurs milliards de nos francs.
Déjà le week-end surpassé soit le dimanche 27 juin, un grave incendie s’était déclenché aux environs de 11h dans la journée, emportant un grand magasin de Sprukfield, de fabrication de produits chimiques, situé derrière R-logistique (ex Germa) vers Akodessewa, en zone portuaire. Là aussi les dommages sont évalués à au moins cinq (05) milliards de nos francs, de sources très fi ables.
Il est unanimement reconnu qu’un incendie peut se déclencher en tout moment partout où des activités humaines sont menées, suite à des comportements volontaires ou involontaires des hommes, ou suite à une foudre ou encore à des défaillances au niveau des installations électriques ou aussi par la nature inflammable des produits en stockage. Et c’est pour cela qu’il faut prendre des dispositions anti-incendie de façon pointue afin de parer à toute éventualité.
Malheureusement, sur ce point, notre port qui jouit d’une excellente réputation parce que construit en eau profonde et capable d’accueillir n’importe quel navire, est vraiment défaillant ne disposant d’aucun dispositif fi able pour lutter efficacement contre les incendies et c’est extrêmement grave. Et l’incendie du week-end passé est venu exposer toutes les faiblesses des installations portuaires en ce sens et démontrer les graves conséquences auxquelles sont exposés les travailleurs de ce poumon de l’économie togolaise.
Retenez votre souffle: comment peut-on imaginer que toutes ces installations au port ne disposent d’aucune bouche d’incendie et que les camions citernes venus, après avoir vidé leur contenu sont obligés de retourner à leurs bases respectives pour s’approvisionner avant de revenir. Pendant ce temps les flammes continuent par dévorer tout sur leurs passages. Et ce n’est pas tout.
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Comment peut-on imaginer que tout ce grand port ne dispose que de deux (2) petits camions anti incendies, qui ne sont d’ailleurs pas opérationnels parce que l’un est l’objet d’une panne d’alternateur et de batterie,(dont la réparation ne devrait pas coûter plus de cinquante mille (50.000) Francs CFA selon les spécialistes) et est immobilisé depuis des mois et le second avec lequel les pompiers se débrouillent, a sa pompe qui lâche en tout temps avec des pannes récurrentes pas possibles donc clairement inopérationnel. C’est terrible. Et ça faut-il que le Chef de l’Etat Faure Gnassingbé descende au Port Autonome de Lomé pour acheter la batterie, l’alternateur et réparer les voitures des pompiers ?
Lorsque nous avions évoqué les rackets des agents des douanes du port la semaine passée, un Commandant des douanes dont nous taisons le nom pour le moment, a réuni les transitaires pour nous traiter de «journalistes bandits dont les écrits ne lui font pas peur». Notre objectif n’est pas de faire peur mais d’éveiller les consciences pour entretenir les vertus et amener les décideurs à corriger les vices qu’eux autres entretiennent par leur gloutonnerie sans limite. Ce commandant des douanes peut-il honnêtement répondre à notre question à savoir si c’était les véhicules de fonction des autorités portuaires, demeureront-ils non-dépannés des mois durant ?
Des experts de l’Union Européenne, dans le cadre de WeCAPS, un projet d’accompagnement des ports de l’Afrique de l’Ouest et du Centre sur les aspects de sécurité, de sûreté et de gouvernance, sont récemment venus mener une étude d’inspection au port autonome de Lomé. Leur conclusion est implacable et sans appel: LE PORT AUTONOME DE LOMÉ EST ASSIS SUR UN BRASIER !
Quel est le sort réservé à ces conclusions ? Dieu seul le sait. Il est donc important et urgentissime que les règles d’attributions d’espaces pour les activités industrielles et d’entreposage dans la zone portuaire soient revues pour mieux intégrer les aspects sécuritaires en vue d’une meilleure prévention des catastrophes dans une zone économique aussi sensible que le Port Autonome de Lomé.
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À notre humble avis, avant d’attribuer les espaces pour la construction des magasins, l’Etat, la commune ou les autorités portuaires doivent s’arranger pour installer des bouches d’incendie à des distances raisonnables le long des rues, ou obliger les concessionnaires à procéder à l’installation de ces bouches d’incendie et même des bacs de rétention pour constituer des réserves d’eau au cas où un incendie venait à survenir au moment où le réseau de distribution d’eau est en panne. On devrait aussi s’assurer qu’il y ait des accès faciles à ces entrepôts en vue de faciliter les interventions anti-incendie.
D’autres part, il est urgent d’augmenter les équipements des Sapeurs-pompiers qui sont actuellement largement insuffisants dans le pays. Peu de camions, qui tombent même régulièrement en panne sans qu’on ne se soucie de leur réparation alors que chaque commune devrait disposer de ses propres engins de lutte contre les incendies. Selon nos informations, lors de l’incendie du magasin Sprukfield, le camion des Sapeurs-pompiers de la ville n’arrivait pas à un moment à projeter l’eau. La population et les badauds qui sont venus voir, criaient sur eux seulement au lieu d’apporter leurs concours, l’incivisme aidant.
Il est temps que les autorités politiques au plus haut niveau prennent les taureaux par les cornes pour ne pas attendre le pire des pires avant de réagir. Très souvent les Togolais attendent que les catastrophes se produise avant de réagir au lieu d’agir pour prévenir. Or les pertes énormes sont déjà consommées suite à ces derniers incendies quand bien même Dieu nous a mis à l’abris du pire.
Car imaginons un seul instant que les entrepôts de la STE soient touchés à cause de ces négligences, non seulement beaucoup d’installations vont péter et le port et ses environs ravagés, mais il y aura également pénurie de carburant sur plusieurs mois, ralentissant l’économie nationale, et beaucoup d’autres pertes même celle en vie humaine. Le Liban s’est amusé jusqu’à ce qu’on ait la catastrophe de Beyrouth que les Libanais regretteront toute leur existence.
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Malheureusement au lieu de tirer des leçons de ce malheur, après cet article, et se concentrer sur la résolution des problèmes, nous sommes convaincus que les autorités portuaires, vont chercher plutôt des boucs émissaires, ou comment les journaux ont eu les informations laissant toujours la proie pour l’ombre comme nous savons si bien le faire dans ce pays. C’est vraiment dommage! Et que le Seigneur Dieu nous vienne en aide!
Togoweb