Faillite des hôtels du Togo: voici ce que cache la vague de licenciement abusif

 

En souffrance depuis belle lurette, le secteur de l’hôtellerie au Togo se trouve asphyxié par la pandémie à coronavirus. Mise au chômage technique des employés, cessation d’activités, suspension des salaires, le domaine étouffe de plus en plus. Et la reprise n’est pas pour demain.

 

« Baisse d’activités de l’ordre de 70 à 100% pour les hôtels. Certains établissements pourraient ne pas se relever de cette crise et disparaître complètement ».

 

Ce diagnostic établi par l’Association des grandes entreprises du Togo (AGET) dans un document envoyé récemment au gouvernement est révélateur du malaise dans le secteur de l’hôtellerie au Togo.

Dans une note d’information à l’endroit du personnel, l’hôtel 2 février, le plus grand établissement du pays, a signalé « son incapacité à faire face aux charges salariales ».

« Depuis l’apparition de la pandémie due au virus COVID-19, la direction générale de l’hôtel 2 février s’est attelée à trouver avec les employés, un compromis permettant de sauvegarder les postes et rémunérations.

 

 

Dans sa volonté de préserver les emplois, des discussions ont été engagées parallèlement avec les partenaires financiers afin d’obtenir un accompagnement susceptible de compenser la perte du revenu lié à la crise économique causée par la COVID-19.

 

Face à l’échec des négociations avec les partenaires financiers, l’hôtel se trouve dans l’incapacité de faire face aux charges salariales. A cet effet, la direction générale a le regret de mettre en chômage technique pour une période d’un mois renouvelable, l’ensemble du personnel (…) », précise la note d’information.

Même son de cloche du côté du boulevard Gnassingbé Eyadéma où se situe l’hôtel Eda Oba. « La direction a suivi à la lettre les instructions des autorités publiques et des autorités sanitaires afin de participer à l’effort national demandé à tous pour combattre l’épidémie.

Nous avons aussi pris les mesures de distanciations sociales imposées à tous pour assurer votre santé et votre sécurité. Ceci étant, il est devenu imprudent sur le plan sanitaire et impossible sur le plan financier de garder l’hôtel EdaOba ouvert dans des conditions actuelles.

 

Comme vous le savez tous, nous sommes arrivés à bout financièrement, avec une trésorerie de fonctionnement pratiquement non existant, après plus d’un an où nous fonctionnons déjà presque à vide à cause du très faible volume d’affaires….

C’est pourquoi nous avons décidé la mise au chômage technique de tous les employés de l’hôtel Eda-Oba et la suspension de nos activités jusqu’à nouvel ordre », indique une note du PDG Hilaire Messan Locoh-Donou. Situation identique à Marcelo Beach situé à Baguida, très prisé par les jeunes et hôtes par sa localisation en bordure de mer.

Chaque semaine, surtout les week-ends, ça tournait à plein régime dans cet établissement qui a pignon sur rue. Parking saturé, plage bondé de monde, Marcelo Beach n’avait rien à envier à ses concurrents.

Sauf que depuis le début de la pandémie qui fait également de l’effet là-bas grâce aux restrictions en vigueur dans le pays, c’est le branle-bas. Employés abandonnés à eux-mêmes, sans salaires, ne savent plus à quel saint se vouer.

 

 

A l’hôtel du Golfe où nous nous sommes également renseignés, c’est l’exception. Le personnel est certes au chômage technique, mais les conditions sont un peu plus souples : payement de la moitié du salaire au personnel depuis le début de la pandémie, afin de les aider à subvenir aux besoins de leurs familles.

« La crise est générale. Les activités ne tournent pas. Mais nous essayons de faire de notre mieux pour aider le personnel. Nous ne pouvons pas les renvoyer, car c’est notre richesse », nous confie une source proche de la direction générale de cet hôtel situé au grand marché de Lomé.

Du côté de l’hôtel Concorde situé à totsi, sollicité souvent pour plusieurs activités, ça dort également. Tout tourne au ralenti. Du côté du personnel, c’est le service minimum. La direction générale a pris quelques dispositions pour arrondir les fins de mois des employés.

Des pistes de sortie de crise Durement affecté par la pandémie, l’hôtellerie qui vit du tourisme et d’un environnement propice aux affaires, devra garder malheureusement prendre son mal en patience. Avec les nombreuses pertes d’emplois en cours dans le secteur, il y a une réelle nécessité de sauver le malade à l’agonie avant qu’il ne soit trop tard.

 

Au-delà des 10% de taux d’imposition sur les activités dans le secteur, l’Etat devra, selon certains observateurs avisés, renforcer les mesures déjà prises et qui se révèlent insuffisantes face à l’ampleur de la situation.

 

 

 

« Une aide au redémarrage en priorité des PME/PMI, et en second lieu des Grandes Entreprises du secteur qui n’ont pas eu la trésorerie pour faire face aux difficultés, adopter des dispositions spécifiques pour les années 2020 et 2021 dans les domaines clés identifiés du PND dont le tourisme, etc.

En exemple, l’Etat pourra mettre en place une procédure spécifique aux projets dans le secteur du tourisme avec une défiscalisation complète du secteur et des projets d’investissement y afférents jusqu’en 2022 », conseille l’Association des Grandes Entreprises du Togo.

 

Nouvelle Tribune