Faure Gnassingbé est attendu à l’Elysée entre mars et avril prochain. C’est l’information qui a circulé en début de cette semaine. Ce déplacement du successeur de Gnassingbé Eyadema chez son voisin français a un objectif bien précis: la lutte contre le terrorisme dans la sous-région ouest africaine.
Ce sera donc la sécurité qui aura motivé cette rencontre. Celle-ci paraît urgente quand on sait qu’aujourd’hui les adeptes de la charia djihadistes ont si bien gagné du terrain, que ce sont le Bénin et la Côte d’Ivoire qui se trouvent dans leur viseur.
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Si l’on en croit Bernard Emié, le patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSE), pour qui les chefs d’Al-Qaïda au sahel auraient un » projet d’expansion vers les pays du golfe de Guinée « . Faure Gnassingbé ayant, comme son défunt président de père, fait de la paix et la sécurité son poney de bataille, Emmanuel Macron n’a donc pas hésité à l’associer dans cette lutte qui devient à tout le moins tentaculaire. Ce que la France de Macron a malheureusement oublié, ou plutôt, qu’elle feint d’oublier, c’est que le président qu’il recevra prochainement est l’un des dirigeants les plus infréquentables qui soient.
De mémoire de citoyen n’ayant connu qu’un seul régime depuis le temps bénis des colonies, Faure Gnassingbé demeure l’un des chefs d’Etats qui agissent au rebours des normes démocratiques, cela depuis son arrivée par effraction sur le fauteuil présidentiel. Année après année, le Togo voit sa réputation écornée, son image ridiculisée, en raison du tour de vis qui y est pratiqué au détriment des populations toujours en quête d’alternance et du mieux-être.
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On en vient même à le comparer à la Corée du Nord. Et si on ajoute les derniers résultats du groupe britannique The Economist, spécialisé dans le classement des pays en termes d’évolution des libertés démocratiques et individuelles dans le monde, où le pays brillé par sa dictature en occupant la très indigne 141ème sur 167, on voit comment le grand recul est consommé.
Qui eût cru que dans ce 21ème siècle où des pays essaient de se signaler en fait de bonne gouvernance, le Togo continue d’être le mauvais élève ? Tel l’ancêtre des Atrides sorti du Phlégéthon pour hanter ce qui fut sa maison, le cas togolais continue de pourrir une zone ouest-africaine qui a presque tourné le dos à la dictature, n’étaient le quatrième mandat de ce jeune doyen qui a poussé ses pairs Condé et Ouattara à briguer à leur tour ce qu’il convient d’appeler des mandats de la honte. Et c’est à ce président antidémocratique que la France va dérouler le tapis rouge, au mépris des convenances ? On croit rêver !
Sur le plan national, la situation n’est guère reluisante : les populations sont brimées, les libertés séquestrées, les journalistes démis de leur métier… A quoi donc rime finalement cette invitation, si ce n’est cautionner l’indéfendable au grand dam de pauvres populations qui continuent de souffrir ?
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En bluffeur des populations, Faure Gnassingbé a toujours promu la sécurité et paix, comme il l’a fait le 8 février dernier en se rendant à Koundjoare (canton de Namoudjoga, région des Savanes) pour, dit-on, échanger, féliciter et encourager les éléments des Forces armées togolaises déployées dans cette zone sensible et en première ligne contre la menace terroriste.
Ces initiatives qui sont autant de valeurs que Faure a reçues en héritage, mais qu’il n’est même pas fichu de traduire dans les faits, ne doivent pas faire oublier à la France que même dans des pays où le terrorisme a le vent en poupe, pour ne citer que le Mali, ces programmes de lutte contre le terrorisme n’ont pas permis au régime d’Ibrahim Boubacar Keita de survivre aux manifestations populaires, alors qu’il était en plein exercice de sa fonction. Et on n’oubliera pas davantage que ce sont dans des pays à sécurité précaire (comme le Togo) que des djihadistes trouvent toute leur latitude.
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A Dieu ne plaise qu’on en arrive là, mais la France aura beau adouber ce président qui ne cesse de passer ses propres concitoyens sous les fourches caudines, le salut verra jour.
Que l’on ne s’y méprenne pas, en recevant le jeune doyen sous le harnois, Emmanuel Macron ne fait qu’épauler l’ancien député de Blitta dont le pays continue de conquérir du galon en termes de restrictions des libertés. Seulement, l’histoire retiendra que la chancellerie française a choisi de se mettre du côté de l’oppresseur. Regrettable.
Le Correcteur