Finance Digitale : L’opération estimée à 200 millions de dollars donne une visibilité internationale à un écosystème nigérian des start-up en pleine ascension.
Stripe, une société américaine de services financiers et de logiciels, a annoncé le 15 octobre qu’elle rachetait l’un des plus grands géants nigérians de la fintech, Paystack. Une transaction considérée comme la plus grande acquisition de start-up du Nigeria.
Si les détails de l’opération n’ont pas été immédiatement rendus publics, TNP, un cabinet d’avocats basé à Lagos qui a conseillé l’acquisition, a déclaré dans un tweet que l’investissement représente « plus de 200 millions de dollars ».
« C’est un signal fort quant à la maturité des business angels locaux, et une preuve que les start-ups nigérianes sont bancables », commente Tomi Davies, cofondateur du Lagos Angel Network (LAN) et président de l’African Business Angel Network (ABAN).
« Une énorme visibilité »
Ce dernier, qui rappelle que la jeune pousse « a commencé le voyage avec Shola [Akinlade] et Ezra [Olubi] », estime que le deal « valide notre conviction que les investisseurs locaux sont essentiels à l’autonomisation des fondateurs de start-up pour créer des solutions innovantes aux défis du continent ».
Outre Stripe, Paystack est soutenu par Visa, Stripe et Tencent – qui possède WeChat, l’application chinoise. « Et ce n’est qu’un début ! », assure Tomi Davies, que entrevoit d’autres acquisitions dans le secteur.
« Une acquisition comme celle-ci apporte une énorme visibilité, alors que trop d’entrepreneurs, en particulier ceux de couleur, qu’ils soient de la Silicon Valley ou d’Afrique, restent en dehors des radars des capital-investisseurs », abonde le conseiller en investissements Aubrey Hruby.
Le Nigeria, la destination qui monte dans le capital-risque
« L’acquisition de Paystack est la preuve que l’écosystème technologique nigérian est mûr pour un financement accru du capital-risque. Avant cela, d’autres fintech ont attiré des investissements, mais aucun n’était aussi important, à l’exception de Flutterwave, valorisé à environ 600 millions de dollars. Aujourd’hui, ce sont les investisseurs qui ont souscrit aux tout premiers tours de table de Paystack qui doivent être à la fête !», commente de son côté Ahmed Inuwa, co-fondateur d’Afripay.
Si l’opération ouvre la voie à Stripe pour se faire une place sur le marché africain, après une phase d’observation, elle conforte aussi la position du Nigeria comme l’une des plus grandes destinations pour le capital-risque sur le continent. L’an dernier, Visa a déboursé 200 millions de dollars pour une participation de 20 % dans Interswitch, une plateforme de paiement au Nigeria, devenue une licorne du fait de cette opération.
Les paiements numériques se développent au Nigeria et étaient en hausse de près de 500 % en 2019, selon les données du Nigeria Inter-bank Settlement Scheme (NIBSS), qui montrent que les Nigérians ont transféré 149 milliards de nairas (392 millions de dollars) depuis leurs appareils mobiles en décembre 2019, contre 28,14 milliards en décembre 2018.
Soutien des banques
Sur les 2 milliards de dollars de fonds de capital-risque levés par les jeunes entreprises technologiques africaines en 2019, le Nigeria a attiré un montant record de 747 millions de dollars, soit 37 % de l’ensemble des fonds, selon Partech, une plateforme d’investissement dédiée aux entreprises technologiques et numériques.
S’il salue l’agilité et le savoir-faire technique des jeunes fondateurs de start-up nigérians, Ahmed Inuwa souligne aussi le rôle clé des banques nigérianes « qui ont investi massivement dans la technologie ».
La croissance du marché financier nigérian, en partie stimulée par la feuille de route pour l’inclusion financière adoptée par le gouvernement, a été un facteur important du développement de cet écosystème des fintechs, qui visent à proposer des produits financiers au plus grand nombre.
JA