Foire Togo 2000 : Voici le premier faux pas d’Alexandre De Souza, le nouveau DG du CETEF

 

 

Au Togo, les citoyens ont l’impression que les dirigeants n’aiment pas les voir heureux. A chaque fois que quelque chose leur procure du plaisir, ces derniers ont tendance à les en priver.  Dans ce désert de misère qui est leur lot quotidien, la foire Togo 2000 qui, en chaque fin d’année, semble procurer à ce peuple un semblant de joie avant les festivités de fin d’année est aussi en train de tourner au vinaigre, en témoignent l’ambiance qui prévale sur le site.

 

 

 
 

 

Après deux décennies de mainmise sur l’organisation de la foire au Togo, la page de Kueku-Banka Johnson, le président sortant du Centre togolais des expositions et foires de Lomé (CETEF) a été tournée. Remplacer cette icône de l’organisation de la foire qui a fait de Lomé la plus grande place de la foire commerciale et internationale de la sous-région, n’est pas aisé. Mais c’est le défi que s’est lancé Alexandre De Souza qui, en avril 2023, prenait officiellement fonctions à la tête du CETEF. Avec un ambitieux projet, celui de réformer et de moderniser le centre pour en faire un maillon significatif de l’écosystème économique du Togo ; un centre de redynamisation des entreprises existantes, de dynamisation et d’accompagnement des nouvelles structures…

 

 

Patron d’entreprise et fin connaisseur du secteur des foires et de l’événementiel, atouts qui ont indéniablement plaidé en sa faveur pour sa nomination, le nouveau patron de CETEF sait qu’il est beaucoup attendu parce que c’est l’une des rares fois qu’un acteur du privé est nommé à ce poste. Malgré cela ces premiers pas dans l’organisation de la foire Togo 2000 ne rassurent pas.

Le premier couac visible de ce diplômé des universités Claude Bernard Lyon I et Jean Moulin Lyon III a été l’augmentation du tarif des tickets d’entrée. Un geste qui est mal passé chez les exposants qui n’ont pas été préalablement informés. Le prix des tickets d’entrée a subi une augmentation de 100% passant de 500 F CFA à 1000 F CFA les weekends. Une hausse qui a suscité le mécontentement des exposants qui, d’abord, se plaignaient du manque d’affluence sur le site et qui menaçaient de manifester bruyamment. Pour désamorcer la situation, Alexandre De Souza fait un revirement impromptu en réajustant le prix.

 

« Ce réajustement significatif des tarifs d’entrée effective dès ce lundi 27 novembre est une réponse directe aux précieux retours de nos participants et s’aligne sur notre mission d’inclusivité et d’accessibilité », annonce-t-il dans un communiqué.

Au-delà du problème de ticket, c’est toute l’organisation qui entoure cette foire qui, pourtant, est arrivé à l’âge de la majorité civique cette année, qui est décriée par les exposants.

« A l’ouverture de la foire à peine la moitié des stands étaient effectivement prêts. Conséquence pas d’exposition pour la plupart des exposants les 22 et 23 novembre. Par ailleurs, les stands qui étaient prêts sont difficiles d’accès pour les marchandises et les agents de sécurité (de surcroit violents) se sont opposés à leur entrée durant deux jours sur le site », fulmine une exposante habituée des lieux.

 

Sur la plateforme qui regroupe exposants et organisateurs, c’est la grogne. L’exaspération est à son comble quand les organisateurs ont délibérément choisi d’ignorer les revendications des exposants. Ces derniers ont alors menacé d’alerter la presse. Face à cette menace le directeur Alexandre De Souza consent à les rencontrer. La rencontre qui n’a été annoncée aux exposants que deux heures de temps avant sa tenue n’a pas pu avoir lieu en raison du délai trop rapproché. Reporté sur l’après-midi, l’échange entre le directeur De Souza et les exposants a permis à ces derniers d’exposer une panoplie de doléances. Celles-ci ont entre autres trait à la libre circulation des commerciaux dans les pavillons, à la visibilité du pavillon Oti situé à l’étage et qui reçoit moins de visiteurs, la facilitation de l’accès aux personnes vivant avec un handicap qui ont acquis des stands, la prorogation de la date de fin, la réduction du prix des stands pour combler le manque de visiteurs dû notamment à la hausse du prix d’entrée …

Cette dernière doléance qui se fonde sur la baisse des visiteurs en raison du prix des tickets très élevé est balayée en brèche par le directeur dans une interview. De Souza se montre d’ailleurs satisfait des premiers jours de la foire par l’affluence et soutient chiffre à l’appui que des records ont été battus.

 

« Depuis l’ouverture où les deux premiers jours ont été des journées offertes gratuitement aux visiteurs. A partir du vendredi nous avons, avec les statistiques, comparé les données, et elles ont montré que sur 2023, nous avons fait quatre (04) fois plus d’affluence qu’en 2022. Explicitement, en cette année nous étions à 12 000 visiteurs le premier vendredi contre 2900 l’année dernière. Le samedi le chiffre est égal à celui de l’édition précédente qui était de 14 000 visiteurs. Et puis, le dimanche, nous avons encore dépassé le record de 2022. Nous étions à 18 000 visiteurs contre 15000 sur 2022. Vous voyez que tout se déroule dans les conditions optimales et même meilleures que ce que nous avions prévu », se réjouit-il.

Si le Dr des Lettres et Sciences humaines se satisfait du bilan de sa première foire Togo 2000, tel n’est pas le cas des exposants. Ceux-ci soutiennent mordicus qu’il faut proroger la date de fermeture de la foire.

 

« Nous disons que 70% des solutions ont été trouvées à nos préoccupations maintenant notre doléance actuelle concerne la durée de la foire. Nous souhaiterions qu’elle soit prorogée d’une semaine », lâche un exposant pour qui des promesses leur ont été faites dans ce sensMême s’il reconnait in fine qu’un contrat a été signé entre les deux parties sur la durée de la foire mais il leur faut rattraper « les jours qu’on a perdus par rapport à l’exposition et le prix du ticket qui était très élevé nous a privés de visiteurs », insiste-t-il. Cependant, les exposants sont inquiets. Malgré la promesse faite par le directeur De Souza de leur revenir ce mercredi 29 novembre sur une probable prorogation de la date de fermeture de la foire des affiches sont placardées dans les stands annonçant la fin de la foire sur dimanche. « Si tel est le cas, cette foire laissera un goût amer pour les exposants. Il faut rapidement tourner cette page sinon ce n’est pas rassurant pour nous. Nous avons tendance à croire que nous n’avons pas d’interlocuteur qui nous écoute », souligne un autre exposant.

 

Malgré ce climat, De Souza lui salue la bonne collaboration qui existe entre lui et les exposants. « Nous avons eu vent de certains mécontentements des exposants sur divers aspects, notamment sur les tarifs des tickets, la durée de la foire, et sur d’autres aspects de l’organisation. Nous avons rencontré un premier groupe le vendredi soir et ensuite un deuxième groupe le dimanche.  Nous avons échangé longuement avec eux et aujourd’hui nous sommes arrivés à un accord très cordial parce que sur l’ensemble de leurs préoccupations, onze (11) au total, nous avons pu trouver une solution d’entente sur dix (10) points », déclare-t-il.

Une bonne collaboration qui, nous l’espérons, permettra certainement d’aplanir les divergences et fera mentir ceux qui soutiennent que le nouveau directeur décide sans consulter mais aussi ramènera le calme et la sérénité  qui ont toujours prévalu entre exposants et organisateurs de la foire Togo 2000 car personne n’a intérêt à un conflit ouvert.

 

 

 

Francine DZIDULA avec @togoscoop