Le tennisman Felix Auger-Aliassime au Togo pour un voyage humanitaire !

 

Dans la foulée de sa victoire en Coupe Davis, le Canadien Felix Auger-Aliassime a mis le cap sur le Togo, pays d’origine de son père, Sam. De villages en villages, l’actuel 6e joueur mondial a pu constater la distribution de biens financés par son action humanitaire (il reverse 5 dollars par points gagnés sur le circuit depuis trois ans).

 

 

Aux plages de sable fin des Seychelles, il a préféré la chaleur humide du Togo, pays côtier d’Afrique de l’Ouest qui partage ses frontières avec le Ghana, le Bénin et le Burkina Faso. Après une fin de saison harassante qui l’a vu remporter trois titres d’affilée (FlorenceAnvers et Bâle) et soulever la Coupe Davis à Malaga, Felix Auger-Aliassime aurait amplement mérité les joies du farniente sous un cocotier. Mais une mission plus importante et plus noble l’attendait dans la région de Kara au nord du pays où est né son père, Sam.

 
 
 

Depuis son premier match de l’année 2020, FAA reverse 5 dollars par point gagné en compétition officielle au profit de l’enfance togolaise. Son partenaire, BNP Paribas, complète ce don en multipliant cette somme par 3 (15 euros par point). Au terme de cette troisième saison, 16 486 points au total ont rapporté 329 720 euros et il était temps pour le 6e joueur mondial de se rendre sur place afin de constater la matérialisation de son projet humanitaire. « Il a grandement pris forme, se réjouissait-il début décembre, au téléphone, entre deux visites de villages. J’ai vu de belles choses, la rénovation de classes d’établissements scolaires, on a fourni tout le matériel nécessaire aux écoles primaires que j’ai visitées, matériel scolaire mais aussi sportif. Ça paraît bête mais ce sont des ballons, des chaussures, des filets pour les buts de foot et j’en passe… »

« La chose importante pour moi ce n’était pas seulement de rencontrer les tout petits à l’école primaire mais aussi les plus âgés qui maintenant grâce au projet ont été encadrés dans des ateliers d’apprentis menuisiers, couturières, soudeurs ou autres… »

Felix Auger-Aliassime

 

 

 
 

Au total, dix villages ont reçu cette aide matérielle pour 2740 bénéficiaires directs et 17600 indirects. Dix terrains de sport ont été rénovés, autant d’écoles réhabilitées, 80 enseignants formés et dotés en matériel, et des centaines d’enfants ont reçu de l’aide alimentaire, vestimentaire, médicale ou psychologique. « La chose importante pour moi, ce n’était pas seulement de rencontrer les tout petits à l’école primaire mais aussi les plus âgés qu’on accompagne et qui ont entre 17 et 20 ans, qui étaient en décrochage scolaire et qui maintenant grâce au projet ont été encadrés dans des ateliers d’apprentis menuisiers, couturières, soudeurs ou autres, détaille le Canadien. Ils sont accompagnés dans ce qu’ils aiment, et ce sont souvent des jeunes qui ont été confrontés à des difficultés familiales, deuils, séparations ou autres. Des jeunes qui partent parfois du pays et sont un peu perdus, et on leur donne un bel encadrement pour essayer de réussir dans leur métier afin d’être autonomes lorsqu’ils obtiennent un diplôme. Je suis très fier de voir que tout ce que j’ai investi, donné moi-même avec BNP Paribas porte vraiment ses fruits. »

6 613
Le nombre de points gagnés sur le circuit cette année par Felix Auger-Aliassime. Sur un total de 16 486 cumulés sur les trois dernières années, c’est 1700 de plus que lors des deux saisons précédentes, signe de ses progrès concrétisés par ses quatre premiers titres remportés en 2022.

Né à Montréal après la migration de son père au Canada au milieu des années 90, Felix Auger-Aliassime n’a découvert le pays où ont poussé ses racines qu’en 2013. Ce voyage était seulement le deuxième de sa jeune vie (22 ans) sur les terres de ses ancêtres. « Nous sommes dans la région de Kara, mais on a fait plusieurs villages aux alentours, décrivait-il. Ici, ce n’est pas comme chez nous, il y a tellement de villages différents, chacun a ses particularités, je ne me souviens pas de tous les noms, mais on est allés dans cette région avec les gens de Care (l’ONG qui accompagne le projet sur le terrain) qui sont sur place. Quand on a démarré le projet, j’avais l’idée d’aller au Togo, on s’était dit qu’il fallait aller là où il y a du besoin, où il y a possibilité de faire quelque chose de bien, d’apporter du changement. Et non pas y aller juste parce que mon père est de là-bas ou parce qu’on a de la famille. On est allé vraiment dans la région où il était important d’être présent. »

Danses et exercices physiques ont rythmé les visites du Canadien sur les terrains de sports de villages en villages. (D.R.)

 
Danses et exercices physiques ont rythmé les visites du Canadien sur les terrains de sports de villages en villages. (D.R.)

Neuf ans après sa première escale togolaise, FAA a pu mesurer tout ce qu’il reste à accomplir pour que ses efforts sur les courts soulagent une partie de la population de ce pays qui compte 8,5 millions d’habitants et appartient à la catégorie des moins avancés (PMA). « De ce que j’ai vu et des discussions que j’ai eues avec mon père, qui a grandi ici, ça progresse un peu mais pas au rythme qu’on souhaiterait, bien sûr, regrette-t-il. Il y a encore des choses qui n’ont pas trop bougé. C’est comme partout, avec le temps certaines infrastructures qui avaient été mises en place ont été négligées comme les courts de tennis sur lesquels il a joué dans des hôtels de Kara, ou chez lui à Sokodé, qui n’ont pas été entretenus. On trouve ça dommage, c’est un peu le problème ici, ça n’évolue pas comme ça devrait. »

Accueilli comme le Père Noël avant l’heure

Au contact des enfants qui l’ont accueilli un peu comme le Père Noël avant l’heure, le récent vainqueur de la Coupe Davis s’est immergé dans un monde si éloigné de celui qu’il fréquente sur le circuit ATP, qu’il en ressortira forcément grandi. « Oui, on leur a dit qui j’étais, dit-il, ils savent que je suis joueur de tennis, qu’ils ont eu certaines aides grâce un peu à ce que je fais, à BNP Paribas ou à Care, ils connaissent les trois piliers principaux du projet, mais après ce sont pour la plupart des enfants d’écoles primaires qui sont dans leur truc, dans leur monde. La reconnaissance ou des trucs comme ça, ce n’est pas important. Ils sont encore loin de s’intéresser à tout ça et de savoir vraiment ce qu’il se passe parce qu’ils vivent dans une autre réalité ici. Certes, ils peuvent prendre exemple sur moi et rêver de faire de grandes choses eux-mêmes, mais pour moi, l’essentiel c’est juste de voir qu’ils sont dans de bonnes conditions, dans un environnement sain et en sécurité. »

« Un voyage très enrichissant », où FAA a reçu beaucoup« d'amour et de chaleur ». (D.R.)

 
« Un voyage très enrichissant », où FAA a reçu beaucoup« d’amour et de chaleur ». (D.R.)

De ce retour aux sources en famille, « magnifique voyage très enrichissant », le meilleur joueur indoor de l’année 2022 (quatre titres, tous obtenus sous un toit) gardera le souvenir d’un accueil plein « d’amour et de chaleur » qui n’aura pas été de tout repos physiquement mais qui lui a fait le plus grand bien à la tête. « J’arrive à me reposer malgré tout, assurait-il entre deux transferts. Ce qui est difficile pendant les périodes d’entraînement ou de tournois, c’est le côté émotionnel, le stress de devoir performer jour après jour, et le fait de ne pas avoir ça pendant plusieurs semaines, ça permet de se régénérer. Après c’est vrai que le calendrier est chargé, ce sont de longues journées, au soleil, on passe beaucoup de temps à faire des activités avec les enfants dehors, on bouge beaucoup en voiture de villages en villages, donc je me repose un peu entre les déplacements d’écoles en écoles. Maintenant à mon retour en Europe, je vais prendre quelques jours pour me reposer vraiment avant de reprendre l’entraînement. »

Sur la terre de ses ancêtres, Felix Auger-Aliassime s'est plongé dans le quotidien des Togolais.

 
Sur la terre de ses ancêtres, Felix Auger-Aliassime s’est plongé dans le quotidien des Togolais.
 
 
Avec L’EQUIPE