« Il n’y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l’on exerce à l’ombre des lois et avec les couleurs de la justice » (Montesquieu)
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La minorité qui a pris en otage le Togo depuis plus de cinq décennies a démontré à suffisance qu’elle n’a aucune volonté d’œuvrer pour le développement du pays et le bien-être des populations, de jeter les véritables bases d’une société démocratique et de prospérité partagée. D’ailleurs, ses membres ont toujours considéré le Togo comme un bien privé sur lequel ils ont tous les droits et peuvent se permettre tout alors que les autres doivent se contenter de subir, résignés, leurs desiderata.
Ils ont perdu le sens des valeurs qui fondent la République et le vivre ensemble et se complaisent en permanence dans les manœuvres et politiques politiciennes destinées à stigmatiser et à semer les germes de division, d’exclusion, de rejet et de haine entre les citoyens. Comme dans leur entendement, les autres ne devraient disposer d’aucun droit, ils se rabattent sur leur Assemblée monolithique pour adopter des lois arbitraires et iniques pour créer des « Togolais de seconde zone ». C’est ce qui a motivé les modifications apportées à la loi relative à la charte des partis politiques, interdisant aux binationaux de créer et de diriger un parti politique.
Curieusement, on a entendu la présidente de l’Assemblée nationale se féliciter de ce projet de loi dangereux et suicidaire, faisant croire qu’il « porte en lui la marque des avancées démocratiques dans notre pays », qu’il tend à « la préservation et à la consolidation de la stabilité politique » et qu’il est un « gage de développement durable et inclusif ». Voilà comment cette Assemblée nationale en laquelle les Togolais ne se reconnaissent pas d’ailleurs, après avoir ouvertement déclaré la guerre aux populations, se moque goguenard d’elles, en prétendant que cette forfaiture est pour leur bien et le bien du pays. La perversité et le cynisme jusqu’au bout.
C’est toujours à des fins purement politiciennes que, dans le cadre des élections régionales, le régime de Faure Gnassingbé a morcelé, découpé, compartimenté les villes en plusieurs et petites communes, rendant impossible un plan de développement viable. A titre de comparaison, le Bénin qui a le double de la superficie du Togo dispose seulement de 77 communes alors notre pays en compte 117.
Pendant des décennies, les préfectures et communes avaient été gérées en toute opacité par des délégations spéciales non élues. En 2019, à la veille des toutes premières élections locales, pour éviter que la ville de Lomé ne tombe dans l’escarcelle de l’opposition qui y avait une très forte représentativité, le régime a émietté la capitale à tel point que les populations ont dû mal à se retrouver. Le comble, il a créé ce qu’il appelle le district du Grand Lomé qui chapeaute les mairies de la ville de Lomé dans son ensemble, avec à sa tête une personnalité non élue, et qui doit exécuter des actions propres à la capitale. Ce qui veut dire que les maires gérant certains quartiers de la ville n’ont pas une totale autonomie.
Les mêmes manœuvres politiciennes guident les élections régionales où le grand Lomé (la préfecture du Golfe et Agoenyivé) n’est pas concerné. Après les élections, le chef de l’Etat se chargera de nommer les personnalités qui vont siéger dans le conseil du district du grand Lomé. Ce pays va à la dérive.
Médard Ametepe
Avec Liberté