C’est un gros coup dans la fourmilière que vient de donner l’ancien technicien de la Dynamique Mgr Kpodzro chargé de la compilation des résultats.
Dans une interview accordée au journal privé Le Medium, l’homme a révélé quelques secrets que Agbéyomé Kodjo et son équipe aurait bien voulu ne pas voir déballés au grand jour. Extrait…
Dites-nous, Agbéyomé Mensan KODJO n’avait aucun résultat en sa possession avant de se déclarer vainqueur des élections du 22 février dernier au soir du scrutin ?
L’ampleur des dysfonctionnements était telle que mon travail de collecte et de centralisation-compilation et diffusion des résultats n’a pas pu avoir lieu pour plusieurs raisons.
La raison principale est que jusqu’à 14 heures le jour du scrutin, les numéros de téléphone des personnes chargées d’envoyer les résultats via SMS ne m’ont pas été communiqués. En effet, la centralisation des résultats se basait sur une authentification des numéros d’expéditeurs, ce qui veut dire que je devrais impérativement avoir tous les numéros de téléphones par communes.
Bien plus, monsieur Philippe Amedodji a acheté 12 cartes SIM auprès des vendeurs au bord de la route alors que j’avais insisté que cela soit fait en agence pour activation immédiate. Le jour du scrutin quand je voulais procéder au paramétrage de la plateforme, je me suis rendu compte que les 12 numéros achetés (06 Moov et 06 Togocel) n’ont jamais été activés ou mis en service au niveau de l’agence.
Donc, j’étais dans une situation où je n’avais ni les numéros des personnes qui étaient censés envoyer les résultats par SMS et ces personnes ne connaissaient pas le numéro de téléphone sur lequel ils devaient envoyer les informations. Ce n’est pas sorcier de savoir que si ces deux conditions minimales n’étaient pas réunies, on ne pourrait absolument rien faire.
Après le coup de fil de madame Adjamagbo-Johnson à monsieur SIBABI BOUTCHOU d’insister auprès de Monsieur ATAYI pour m’envoyer tous les éléments dont j’ai besoin pour faire mon travail, monsieur SIBABI m’a dit au téléphone qu’il les avait déjà envoyés sur ma messagerie WhatsApp.
Immédiatement, je me suis rendu dans le bureau qui m’avait été affecté par la fille d’Agbéyomé KODJO en leur domicile à Tokoin Forever. Malheureusement, je n’avais aucun accès à internet alors que l’injection automatisée des données depuis le serveur local jusqu’au serveur dans le cloud et le site internet dédié à la diffusion des résultats des élections dépendait d’une bonne connexion internet.
Préalablement, nous avions prévu qu’une connexion internet depuis le réseau MTN du GHANA soit disponible au domicile de monsieur Agbéyomé KODJO pour ne pas se fier à la liaison internet des fournisseurs d’accès locaux qui pourraient être bloqués à tout moment, à titre préventif. Mais, le jour du scrutin je e suis rendu compte qu’aucune connexion internet n’était disponible audit domicile ; j’étais alors avec monsieur Amedodji Philippe à qui j’ai dit qu’il fallait que je sorte pour aller voir des prestataires dans la zone de Avenou Café Informatique que j’avais mis en alerte pour l’établissement d’un point d’accès autour du domicile de Agbéyomé Messan Kodjo.
Il a voulu me suivre mais je lui ai opposé un refus catégorique pour éviter que sa présence n’inquiète ces cracks en informatique réseaux qui étaient deux (2) ghanéens et un (1) nigérian. Au vu de l’amateurisme de notre part et dans l’organisation, deux (2) des cracks ont claqué la porte sauf un ghanéen qui a exigé une somme colossale pour avoir su établir cette connexion qui va durer 72 heures pour nous laisser le temps d’effectuer notre travail.
Finalement dans l’après-midi du jour du vote, la liaison a été établie et je lui ai remis tout ce que j’avais sur moi comme liquidité restante avec la promesse de lui en compléter le lendemain.
Je précise bien par ailleurs que le monsieur ghanéen a exigé d’être payé cash et j’ai dû lui remettre la totalité des fonds qui étaient en ma possession à cet instant et j’ai pris la route pour rejoindre Monsieur Emmanuel ATAYI que je n’avais pas vu encore de la journée. On était autour de 15 heures.
En ce moment, j’ai remarqué les appels en absence de Monsieur Philippe AMEDODJI que j’ai rappelé et qui m’a fait savoir que Monsieur Emmanuel ATAYI venait de les rejoindre au domicile du candidat KODJO. C’est là que j’ai aperçu un pickup noir vitres teintées qui me suivait et j’ai compris qu’il y avait un danger imminent. Le pickup a engagé une course poursuite avec moi pendant plus de 30 minutes avant que je ne le sème dans la zone d’Adidogomé Soviépé que je maîtrisais bien.
Je n’ai plus voulu regagner le domicile de monsieur Agbéyomé KODJO en passant par les pavés d’Adewi mais j’ai pris la direction de Noepe pour prendre par le grand contournement puis Baguida ou j’ai dissimulé mon véhicule pendant des heures avant de prendre encore une fois le boulevard du mono puis passer par mèches-Amina pour aller chez monsieur Agbéyomé KODJO…
J’avais perdu la notion de temps en ce moment car tous mes téléphones étaient éteints sauf mon ordinateur, pour éviter une localisation. Arrivé dans le quartier d’Agbéyomé KODJO, j’ai remarqué un dispositif impressionnant de policiers devant son domicile et j’ai dû tourner en rond dans le quartier avant que mon véhicule ne soit encore reconnu et pisté par un autre véhicule qui dans la course-poursuite a eu un accident en cours de route ce qui m’a permis de m’évader …
J’ai conduit le véhicule jusque dans la zone d’Avepozo où j’ai trouvé un hôtel pour m’y refugier car tellement traumatisé et craignant pour ma sécurité au point de perdre connaissance et me réveiller autour de 4 heures du matin le 23 février.
Autour de 7 heures du matin, le 23 février, je suis sorti de l’hôtel pour acheter du crédit téléphonique afin d’informer la mission d’observation de la CEDEAO des tentatives de kidnappings à mon endroit.
Dans la foulée, j’ai accusé réception d’un mail de monsieur Emmanuel ATAYI envoyé la veille. Je lui ai répondu en lui faisant comprendre que je n’étais pas en sécurité et s’il pouvait m’aider à entrer en contact avec le Général Behanzin de la mission de la CEDEAO. Ce à quoi il n’avait pas donné une suite favorable. J’ai donc appelé le standard de l’hôtel 2 février qui m’a passé le Général Béhanzin de la CEDEAO qui m’a dit de lui communiquer l’hôtel et la chambre dans laquelle j’étais, ce que j’ai fait en lui fournissant les détails sur l’adresse email qui m’a communiqué.
Après plus d’une heure de temps, je ne recevais pas de retour de sa part et c’est en ce moment que j’ai commencé par m’inquiéter, craignant que ma position avait été tracée j’ai dû donc quitter l’hôtel pour aller au 2 février où j’ai effectivement rencontré le Général Béhanzin.
Le Général Behanzin a aussitôt réuni leur équipe de gestion des crises post-électorales qui a recueilli mon récit à la fin duquel le représentant permanent de la CEDEAO au Togo est venu et a pris connaissance de la situation et m’a demandé de me retirer pendant quelques minutes pour qu’ils puissent se concerter.
A la fin de leur concertation, il est venu m’appeler pour me dire qu’il va être sincère avec moi, que la compilation et la centralisation des résultats est légale afin de disposer d’éléments de preuves pour formuler des recours mais que la démarche dans laquelle je m’étais inscrite est illégale parce que nous avons l’intention de publier avant la CENI les résultats des élections.
Il m’a dit que mon cas n’est pas encore grave puisque le Général Béhanzin a évoqué avec le chef de l’Etat l’interpellation musclée avec usage excessive de la force dont j’ai été victime et qui allait m’aider en me mettant sous sa protection personnelle à condition que j’arrête toute entreprise que je menais avec la dynamique avec pour objectif de se substituer à la CENI.
Il m’a remis son numéro privé et m’a dit de rentrer chez moi à la maison et que personne n’osera me toucher et que si c’est le cas de l’appeler ou le faire appeler de ma part si jamais je sentais la moindre menace.
C’est en ce moment que j’ai pris mes responsabilités en m’isolant dans un lieu sûr et secret. Toutefois, durant mon séjour en lieu sûr, j’étais constamment en contact avec ANANI FIFA (membre de la cellule de communication de la dynamique) qui m’a tenu au courant de comment des personnes de la dynamique sont allés chez monsieur Agbéyomé Messan KODJO me dénigrer et qu’il fallait que je vienne le rencontrer ce que je n’ai jamais voulu faire pour éviter de m’impliquer dans des situations qui pourraient me mettre en insécurité.
C’est le récit de la petite histoire mais je dis et je répète avec conviction qu’après son auto-proclamation comme président élu, Emmanuel ATAYI m’a envoyé un mail le 22 février après 19 heures me demandant d’activer la plateforme pour permettre la centralisation des résultats ce qui veut dire qu’à cette heure le soir du scrutin AMK n’avait encore aucun résultat.
Le lundi 24 février 2020 au matin dans une discussion WhatsApp avec Emmanuel ATAYI, nous avons eu un accrochage au cours duquel il m’a qualifié de traitre, il m’a encore une fois demandé de lui donner les clés du serveur et de lui indiquer la démarche à suivre car les gens de la dynamique lui en voulaient. Je lui ai dit que s’il continuait par me traiter de traitre, je serai obligé de déballer d’autres vérités.
Suite à ces échanges j’ai informé ANANI FIFA qui m’a dit de le multiplier par zéro car il me poussait à bout dans le but de publier les éléments compromettants pour la dynamique pour que tout le monde me prenne comme un traitre et donc de ne pas céder à ses gymnastiques.
Hubert BATALA