Sénégal, Côte d’Ivoire, Guinée.. : La fièvre des 3ème mandats ?

 

« Dis-moi ce que tu crois être et je te dirai ce que tu n’es pas ». Dans son Journal intime, Henri-Frédéric AMIEL met à nu les consciences puantes qui se couvrent de dentelles comme des manteaux de protection en laissant apparaitre au grand soleil leurs visages lugubres dont personne ne se doute du caractère hideux. Les titres ronflants dont se parent les cascadeurs des civilités républicaines et de l’éthique politique bercent trop peu le monde d’illusion.

 

Lire aussi : Football : la justice prononce son verdict pour Platini et Blatter

On ne peut pas être en rupture saillante avec les convenances, les codes, les lois et se donner des titres de puissance qui remorquent l’accompagnement populaire avec soi. Quand le leadership bave de merde et n’a de ressort que d’effraction et de crime, la perversion du sens de la gouvernance est au zénith et la République se calcine dans le feu de l’adversité sans trouver la moindre oxygénation de régénérescence quels que soient les colmatages de recours de sauvetage qu’on veuille lui prêter. La paix civile renversée laisse en République des blessures profondes aux dimensions multiples qui salissent l’histoire des peuples.

 

Le leadership de boucher juste pour conserver le pouvoir par devers soi est une sale inutilité sans la moindre teinture de décence et personne jamais ne s’en tire à bons comptes, parce que la sentence implacable de l’histoire vient à n’importe quel moment régler le goût piteux des travers de ceux qui croient qu’il suffit de faire le désert devant eux pour avancer dans leurs vices et délits.

Les dix-sept ans de pouvoir du fils du père, à la fanfare des transgressions, du viol, du crime n’ont ni servi à la grandeur de notre République en rebut, ni à notre peuple, encore moins le troisième mandat du prince. L’aval et le silence d’une institution sous-régionale comme la CEDEAO sur les méfaits des ruptures de son propre protocole additionnel sur la gouvernance et la démocratie constituent une tragédie véritable, un vampirisme administratif aux éclaboussures immondes qui s’étendent dans la sous-région, en Côte d’Ivoire, en Guinée, au Sénégal avec des chaînes mortifères.

Si des prétendus leaders d’Afrique sont capables de tant de cupidité et de vanité pour écraser leurs propres peuples dans les délices du pouvoir des prolongations, quelles dimensions montrent-ils à l’humanité ?

 
 

Quelles semences peuvent-ils laisser mûrir dans l’histoire des hommes sans éthique politique, sans morale publique, sans justice et sans humanité ?

Lire aussi : [URGENT] L’ancien premier ministre japonais assassiné : voici les faits !

 
 

1) Un leadership de délinquance politique

Nous assistons de plus en plus à des massacres prompts de civils sans aucune défense en Afrique pour de simples caprices des gouvernants de se maintenir au pouvoir en ignorant l’éthique, les règles démocratiques, les bases contractuelles du vivre-ensemble. A la moindre résistance des populations qui tiennent à l’évolution de la République, au respect des codes et lois, les bourreaux de nos constitutions ont la main lourde pour les crimes faciles, des violences de tous genres, pourvu qu’ils parviennent à n’importe quel prix à saccager l’ordre constitutionnel, la paix civile parce que la vie des populations ne vaut pas grand-chose à leurs yeux et ne pèse rien du tout par rapport à leurs propres ambitions.

Mais, le mal togolais de brigandage constitutionnel et de passage en force pour installer un chef à la tête du pays au nom de cette appellation malhonnête de « toilettage des textes » est le venin qui sème la contagion et engendre tous les séismes politiques que connaissent nos voisins proches et lointains. En politique, lorsqu’on s’évertue à justifier le crime, à semer la mort avec l’aval des intelligences bêtes qui, au lieu de s’irriter et de se dresser contre l’imposture, trouvent dans leurs méninges des ficelles et des accords pour faire danser les bourreaux sur le plateau de l’insouciance et de la corruption, le dopage à la sottise crée les nullités les plus folles et aplatit les consciences pour la récidive.

 
 

Cette trouvaille immonde et mortifère de « toilettage des textes » de la République est la ciguë politique couverte d’un euphémisme de perversion du sens moral qui fait l’ « hostie noire » des gouvernants dramatiquement au fond du gouffre de l’histoire du progrès démocratiques et des aspirations populaires. L’expurgation des textes fondateurs de nos Républiques sous nos tropiques amuse beaucoup les démocraties occidentales qui aiment voir les Noirs dans les petitesses de confinement qu’elles se plaisent à tailler à eux en toutes circonstances. Nous sommes devenus assez sots pour meubler les clichés qu’elles nous ont si longtemps collés avec cette affirmation de Jacques CHIRAC : « l’Afrique n’est pas mûre pour la démocratie » en validant le comble des perversités, des massacres et des tragédies politiques au Togo sous le singulier prétexte des « amitiés » avec Eyadéma et son fils Faure GNASSINGBE. Il n’est pas le seul à prêter assistance à des crimes de masse dans ce pays et à fermer les yeux sur les pires ignominies politiques qui prospèrent sur notre sol et dont les éclaboussures s’étendent au-delà de la sous-région ouest-africaine.

Notre conception primaire de pouvoir au Togo est la source de l’implosion des constitutions et des sociétés africaines. Les grandes trahisons pourrissent les nations, les Républiques et développent des répliquent lorsqu’elles sont couronnées d’impunité. Le séisme politique qui a endeuillé le Togo de mille morts en 2005 avec l’incroyable succession dynastique après un autre « toilettage des textes» ne s’oublie pas.

Il suit le cours de la guillotine du contrat social pour un troisième mandat qui distille sur le continent le poison des massacres contre lequel se dresse une coalition de cent-deux universitaires sénégalais dans une publication commune, le 24 juin 2022. La phrase la plus percutante qui résume toute la folle aventure du juridisme de transgression éhontée des textes se libère en ces termes : « La plus grande injustice peut être habillée d’une forme juridique parfaite… »

 
 
 

Les césures constitutionnelles qui ne se requièrent pas l’assentiment populaire et qui vont à l’encontre de la démocratie et des libertés des peuples participent d’une délinquance juridique sans rien apporter aux nations, parce que la préservation gloutonne des appétits du pouvoir n’est jamais de l’ordre du bon sens, de la logique, de la morale publique et du devoir d’exemplarité qui incombe surtout aux leaders politiques.

La sottise est toujours au front du taureau qui croit que le combat, c’est la force sans la puissance du droit. Seuls les leaders politiques, aux consciences mortes jouent la comédie du toilettage des textes dans nos pays pour abuser du droit et des peuples dans une cruauté conceptuelle de la gouvernance qui ne sait pas apprécier la valeur de la vie.

 
 

Il est fort troublant que Macky SALL s’oppose à une disposition communautaire qui vise à instituer dans la sous-région une exclusivité de la gouvernance au plus à deux mandats. Pour celui que les Maliens appellent avec dédain le Dramatique Alassane Dramane OUATTARA et son filleul Faure GNASSINGBE, les mœurs et le tact moral sont bien loin pour un soupçon de sérieux dans le respect de l’humain-patron et dans la gouvernance vertueuse pour une élévation de l’Afrique à deux mandats de règne. Nous voyons bien que « Les mœurs font toujours de meilleurs citoyens que les lois», comme le dit MONTESQUIEU dans les Lettres persanes.

Lire aussi : Dernière minute : l’ex-Premier ministre  japonais, Shinzo Abe est mort après une attaque par balles

2) Le syndicat du crime

« Partout où il y a eu des modifications de la constitution, il y a des morts, mais c’est fait ». Ces mots d’Alpha Condé lors d’une interview sur Radio France Internationale après son passage en force suivi du massacre de quatre-vingt –dix –neuf jeunes guinéens dans les mouvements pour la défense de la Constitution résume la parodie argumentaire de conscience perverse qui préside aux crimes consciemment et méthodiquement organisés, juste pour une licencieuse option du troisième mandat.
Les aventures funestes ont toujours des suites intolérables. Il faut les combattre pour préserver l’avenir des peuples et des nations. Les détresses qu’elles engendrent sont immenses et immondes. Tous ceux qui ont une teinture de psychologie savent évaluer les hommes, connaître leur profil, parce que nos actes, notre historicité, notre temporalité déclinent notre personnalité, notre identité. Il faut voir l’impassibilité cruelle avec laquelle, après les crimes de masse de 2005, le “prince” déclara : « Papa nous a dit que si le pouvoir nous échappe, nous allons lui courir après sans jamais le rattraper ».

Le fracas de négativité de l’homme en République installe le frisson sur l’avenir du Togo et sur la limitation des mandats qu’approuvent les sinistres individus et tous ceux qui ont des tendances vampiriques.

Hamadou KOUROUMA, écrivain ivoirien aux origines du nord de la Côte d’Ivoire, disait, il y a une trentaine d’années : « La plus lourde faute de OUATTARA, c’est d’avoir imposé une carte de séjour aux citoyens de la CEDEAO ». Cette transgression de grande froideur a toujours ses suites et ses rebonds dans le comportement de celui que les journalistes maliens appellent « très affectueusement » le dramatique Alassane Dramane OUATTARA, père de la rébellion en Côte d’Ivoire, instigateur de la guerre de succession, prêtre et acteur du troisième mandat, traître et torpilleur du projet de la monnaie commune de la CEDEAO.

Les supercheries diplomatiques, la constitution de la bande des esprits retors sur l’ordre constitutionnel, l’incitation à la trahison font l’ancre politique du dramatique OUATTARA que nous avions aussi connu au Togo avec son substitut Kassi BROU et son frère siamois Alpha Condé dans la crise togolaise. La coalition des quatorze partis politiques de l’opposition, la société civile togolaise comme Togo-Debout et les populations du Togo mesurent la gravité de ces hommes de l’imposture qui se prennent abusivement pour des leaders et qui répandent en Afrique l’instinct sauvage que Hobbes et Rousseau ont cru chasser du contrat social.

 

Il est surprenant que Macky Sall qui a farouchement combattu Abdoulaye Wade sur le terrain du troisième mandat veuille, à son corps défendant, refuser une institutionnalisation de deux mandats exclusifs dans l’espace CEDEAO. Le feu fumant de l’adversité au Sénégal contre Macky Sall intègre une réponse nationale à sa minable tentation du troisième mandat. Les Sénégalais sont au vestiaire de la résistance et somnolent comme des crocodiles qui savent dissimuler leur faim pour surprendre leurs proies.

En voulant imiter le « jeune doyen », Alpha Condé s’est livré à une chute et nul ne peut encore affirmer qu’il représente quelque chose dans l’histoire de son pays et du continent. Les singeries éhontées de Macky Sall dans une grande tradition démocratique sur laquelle il a jeté le froid, lui réservent, à coup sûr, un embrasement volcanique dont il ne peut se tirer. Le précipice du troisième mandat lui bande les yeux. Le Sénégal n’a ni une armée ethnique, clanique ou des rebelles qui servent de rempart à un individu. Les justes et les patriotes sénégalais sont si nombreux qu’ils montreront à Macky Sall ce qu’ Octave Mirableu écrit dans Le Journal d’une femme de chambre : « Si extrêmes que soient les canailles, ils ne le sont jamais autant que les honnêtes gens ».

 

 

Avec L’Alternative