L’événement phare de la semaine dernière aura été la manifestation des revendeuses de Sokodé contre les outrageantes menées des éléments de la Force spéciale anti-pandémie de Covid19.
L’instauration d’un couvre-feu et le bouclage des villes de Sokodé, Tchamba et Adjengré, a toujours du mal à passer dans cette ville mise en coupe réglée par le pouvoir. De quoi susciter tension et colère des revendeuses. Il est juste inacceptable pour les habitants de Sokodé que des ces forces de la FOSAP sanctionnent ceux qui ne portent pas du masque même en étant seul ou en mangeant. « Nous avons commencé les manifestations depuis hier. Parce que les soldats, même si tu es seul devant ton étalage en train de manger, on vient t’embarquer sous prétexte que tu n’as pas porté le cache nez », avait pesté une des nombreuses manifestantes.
Beaucoup ne font pas mystère de leurs récriminations quant aux difficultés liées à l’entrée des vivres dans la ville. Pourquoi tant de tour de vis pour Sokodé, beaucoup se le demandent. On sait en tout cas que pour les autorités, ces mesures prises sont motivées par la volonté de limiter la propagation du virus dans ces localités où, à en croire la Coordination nationale de la gestion de la riposte à la Covid-19 (Cngr), Tchaoudjo demeure le plus inquiétant des trois principaux foyers enregistrés, avec à lui seul plus de 100 cas confirmés.
Mais de là à faire de Sokodé une ville-bastion où toute liberté est balayée d’un revers de main, il y a de la marge. Et à y regarder d’un peu plus près, le pouvoir de Lomé 2 semble être repris du démon liberticide, sa marque de fabrique. Pourquoi pour un oui pour un non s’en prendre à une population sous le mensonger prétexte de lutter contre la pandémie ? Les motivations des autorités sont ailleurs, dans la mesure où Sokodé s’est signalée depuis 2017 par son aspiration à en découdre avec un pouvoir despotique depuis des décennies. Parce qu’elle réclamait alors le retour à la Constitution de 1992, la ville de Sokodé, qui plus est bastion du Parti national panafricain (PNP), a été la cible de la répression la plus brutale.
La moisson répressive des militaires a été des plus prometteuses :
au moins deux opposants tués par des tirs des forces de l’ordre, des manifestants arrêtés, des militaires qui marquaient à la culotte tout habitant, des bérets rouges et des bérets verts venus en tenue civile en renfort de Kara, la poursuite de gens jusque dans leurs maisons… La rancune du pouvoir envers Sokodé ne s’est depuis lors démentie, et on l’a encore vu lors de la dernière élection présidentielle. Pourquoi autant de haine ? Ce serait naïf de croire que ces forces de la FOSAP agissent pour limiter la propagation.
L’arbre sanitaire cache bien mal la forêt politique. Et c’est juste regrettable
qu’un Etat martyrise ses propres populations.
Source: Journal Le Correcteur