Un écrivain sort de l’ombre et dit tout sur l’échec de l’alternance au Togo

Ayayi Togoata Apedo-Amah, l’un des illustres professeur d’université et auteur prolifique a expliqué en détail l’origine de l’échec de l’alternance politique en cette année 2020 au Togo mais également des années précédentes. Et selon les propos de l’Enseignant-écrivain, c’est l’opposant historique Jean-Pierre Fabre qui est le véritable nœud de cette défaite politique.

 

 

Il raconte avec un style comique, directe et la fois sévère, la malheureuse histoire des acteurs politiques togolais.

 

Lisez l’intégrité de ses propos !

On ne Chasse pas une dictature militaire avec des bulletins de vote: Il nous a vendu son acceptation par l’armée; alors, au boulot, monsieur Agbeyome Kodjo, pour récupérer La victoire du peuple !

La présidentielle du 22 février 2020 avait des airs de déjà-vu. On a pris les mêmes et on a recommencé: le dictateur et ses figurants indispensables à sa caution démocratique. Chacun des complices a joué son rôle en offrant un énorme cirque pour distraire le brave peuple, le cœur bourré d’espoir de se débarrasser d’une dictature immonde et archaïque. Comme il fallait s’y attendre, ce fut un coup d’épée dans l’eau. La machine infernale à fraudes a fonctionné à plein régime en s’offrant un score à la soviétique en sciant les jambes des électeurs volés.

 

LE HOLD UP PERMANENT DU CLAN GNASSINGBÉ

Le Togo est un pays qui tourne en rond en faisant du surplace à cause d’une dictature cinquantenaire. Le régime militaire vient encore une fois d’effectuer une simple formalité avec une élection présidentielle frauduleuse, une de plus. Encouragée en cela par une opposition officielle qui s’est inscrite sur le mode de l’accompagnement et non de la rupture, contrairement aux vœux du peuple togolais. Ce nouveau mandat frauduleux est la perspective de grands malheurs pour les Togolais. Les violations massives des droits humains et la culture de l’impunité ont devant elles un boulevard. Le dictateur a devant lui un mandat à vie. Plus que jamais, la Constitution est un chiffon de papier que l’on tripatouillera à volonté.

Dans ce pauvre pays, toutes les élections sont des coups d’État fomentés par la minorité qui opprime et exploite le peuple martyr. Le score à la soviétique du tyran fait sourire quand l’on sait qu’il est vomi avec son régime par l’écrasante majorité de la population. Il faut être honnête et reconnaître que les faux opposants de service lui ont beaucoup facilité la tâche.

 

LA GUEULE DE BOIS DE L’ÉLECTORALISME IMPÉNITENT

Faut-il encore le répéter ? On ne chasse pas une dictature militaire avec des bulletins de vote. Ceux qui ont feint de l’ignorer en sont encore pour leurs frais et c’est dommage eu égard à la mobilisation massive des électeurs pour chasser le dictateur et son régime vomis. Les électeurs patriotes ont été abusés par les marchands d’illusions qui leur ont fait accroire que la carte d’électeur pouvait être un sésame pour supprimer la dictature. La présidentielle du 22 février a été une escroquerie politique du RPT/ URINE et des opposants partisans impénitents de l’électoralisme. L’électoralisme au Togo est une stratégie politique qui condamne l’opposition au rôle de figurant pour cautionner les fraudes électorales dont elle est victime. Masochisme ou complicité ?

 

LES LEÇONS DE LA FARCE ÉLECTORALE

Il appert, au regard des résultats proclamés par la CENI et les choix des électeurs, que Jean-Pierre Fabre et l’ANC ont été sanctionnés comme principaux acteurs politiques de l’opposition électoraliste. Le raz-de-marée suscité par la dynamique Kpodzro/Agbeyome Kodjo leur ont été fatal. Pourquoi ? La propagande anti-Fabre et ANC a fait croire aux populations naïves qu’il fallait un candidat qui rassure l’armée et auquel celle-ci céderait le pouvoir après la victoire.

 

L’ampleur et la vigueur de la pré-campagne contre Fabre et l’ANC, à coups de dénigrements et de haine, ont donné une idée du rejet de sa personnalité clivante et du refus de l’hégémonie de l’ANC. Trop d’arrogance, trop de mépris envers les petits partis, lesquels se sont coalisés, en s’appuyant sur le prélat Kpodzro, pour écarter Fabre et l’ANC. Dans le paysage politique togolais, ce scénario n’est pas nouveau. Il a fonctionné à merveille contre la dominance d’Agboyibo et du CAR dans les années 1990. Ils ont été victimes de dénigrements et d’une propagande selon laquelle ils ne pourraient pas, malgré la défaite d’Eyadema à la présidentielle de 1998, prendre le pouvoir. Celui qui le pourrait était Gilchrit Olympio qui posséderait une armée et serait épaulé par le président Rawlings du Ghana et par des Marines de l’armée américaine. Eh oui, rien que ça, s’il vous plaît ! Olympio s’élimina lui-même, plus tard, en pactisant avec le diable, fatigué par les échecs répétés de sa stratégie électoraliste.

 

La sanction qui a frappé Fabre, auquel l’on a attribué 4%, est l’expression de ses trois échecs électoraux à l’élection présidentielle. Les électeurs ne comptaient plus sur un perdant. D’où la préférence pour Agbeyome Kodjo. Fabre a reconnu la victoire de son frère ennemi. Fabre a été condamné à cause de sa roublardise politique. N’a-t-il pas juré aux Togolais “Pas de réformes, pas d’élections” ? tout en s’inscrivant le premier aux élections sans lesdites réformes ? N’a-t-il pas boycotté les législatives pour absence de transparence tout en se précipitant aux communales et à la présidentielle sans ces garanties de transparence ? Il a été la victime de son inconséquence et de sa volonté compulsive d’apparaître comme le premier des élèves électoralistes du régime RPT.

 

Cette déroute de Fabre et de l’ANC constitue une nouvelle alternance humiliante au sein de l’opposition officielle, car celui qui en est le bénéficiaire est un transfuge du RPT de malheur. Ce fait doit interpeller tous les vrais opposants à la dictature. Il s’agit de la troisième alternance après celles qu’ont subi le CAR présidé par Agboyibo et l’UFC d’Olympio. Le seul événement de la présidentielle de février 2020, est la déroute de Fabre, chef de file de l’opposition participationniste. A part ça, R.A.S.

 

ET MAINTENANT ?

La dynamique Agbeyome Kodjo que les électeurs ont placé à la tête de la présidentielle et donc comme nouveau président, est victime du hold up électoral. Agbeyome Kodjo ne peut s’arrêter à ce triste constat, il a le devoir d’aller chercher sa victoire. Il nous a vendu son acceptation par l’armée, tout comme les équilibristes du confusionnisme politique nous ont vendu une politique de compromissions et de reniements pour combattre la dictature par la renonciation aux valeurs morales et démocratiques et à la qualité des individus censés nous représentés ; alors, au boulot, Monsieur Agbeyome Kodjo, pour récupérer la victoire du peuple !

 

Ayayi Togoata APEDO-AMAH