Dans une interview accordée lundi dernier au confrère Radio France Monde (RFI), la Première ministre Victoire TOMEGAH-DOGBE, a rappelé les grands axes de sa politique. La locataire du bâtiment principal de la Rue de l’OUA, a indiqué notamment que « le digital doit être au cœur » de toutes les actions du nouvel exécutif national. Un défi, à peine voilé, lancé à la Ministre de l’économie numérique et de la transformation digitale (digitalisation).
Depuis 3 ans, le gouvernement togolais a affiché son ambition de rendre les procédures moins pénibles aux citoyens en opérant une migration vers le digital. Mais force est de constater que le changement annoncé est difficilement perceptible sur le terrain. Malgré tout, le nouveau gouvernement dirigé par Victoire Dogbé semble décider à faire les choses autrement.
La digitalisation presque sine qua none…
« Aujourd’hui il est important de rendre la vie beaucoup plus facile aux citoyens », a déclaré la Cheffe du Gouvernement. « Il faut simplifier les procédures », a-t-elle insisté. Pour y arriver, « le digital doit être au cœur de tout ce que nous faisons », a poursuivi la locataire de la Primature, « et encore plus pendant cette période de crise sanitaire ». D’ailleurs, a-t-elle illustré, « la gestion de la Covid-19 nous a montré qu’il faut absolument digitaliser nos processus, l’administration et l’économie de notre pays ».
Il faut dire qu’aujourd’hui, il est difficile de faire sans la dématérialisation des procédures. En effet, l’avancée des technologies apporte de nombreux avantages qui améliorent la vie quotidienne des citoyens. Cette politique devient également primordiale pour les agents publics qui sont obligés de traiter d’innombrables dossiers au quotidien.
En outre, la numérisation des procédures devient avantageuse parce qu’elle élimine les déplacements, réduit les heures d’attente, etc. Le plus grand avantage de cette procédure résulte dans l’absence de corruption envers les agents publics. Une pratique courante au Togo. Ainsi, la digitalisation en ce qui concerne l’administration permet d’économiser du temps et de l’argent aux ménages.
Séduit par ce qui se fait ailleurs, le gouvernement togolais a adopté depuis quelques années une politique similaire pour intégrer une technologie de pointe dans les services de l’État. Concrètement, il s’agit de fournir les éléments utiles au public par le biais des technologies de l’information et de la communication.
Un défi lancé à Cina Lawson
En effet, pour faire de cette politique une réussite, le gouvernement a notamment lancé en 2017, le projet E-gouvernement. Il consiste à déployer un réseau de fibre optique reliant les bâtiments de l’administration, les hôpitaux et les universités pour leur permettre d’accéder à l’internet très haut débit afin de faciliter la réalisation de leurs missions. Officiellement, grâce à ce projet, plus de 500 bâtiments publics ont été connectés à l’internet haut débit. Mais dans la réalité, c’est une autre histoire. La qualité médiocre de la connexion au Togo met à rude épreuve ce projet ambitieux.
En 2018, sur 200 pays classés dans le monde par le rapport Worldwide Broadband Speed League en matière de qualité de la connexion internet, le Togo occupe le 173ème rang.
Selon ce rapport, le débit de la connexion internet au Togo est de 1,27 Mbps. Le pays a donc régressé de 20 points par rapport à l’année dernière. Il indique à titre d’illustration que, pour télécharger un film HD d’un volume de 5Go, les Togolais perdent 8 heures 56 minutes.
Et ce malgré, le recrutement par la Ministre de l’économie numérique, Cina Lawson de deux nouveaux opérateurs d’accès à internet. L’amélioration de la qualité de la connexion espérée n’a été qu’un leurre.
Dans l’administration, la situation est au point où dans certains services où des démarches plus pratiques ont été imaginées pour l’obtention de certains documents, les fonctionnaires sont obligés de recourir aux anciennes méthodes pour servir les citoyens.
Du coup, en voulant mettre la digitalisation au cœur de l’action du gouvernement, c’est un défi de grande taille qu’a lancé la Première Ministre à son Ministre de la transformation digitale, Cina Lawson. Un défi auquel se frotte, la diplômée d’Havard depuis son arrivée au gouvernement en 2010 sans grand succès. Les initiatives, elle les a multipliées sans parvenir à des résultats probants. De « E-Village » à « Environnement Numérique de Travail – ENT » en passant par le E-gouvernement, les grands changements annoncés ont été plus qu’échimère.
Pour Cina Lawson qui cumule plus de 10 ans au même portefeuille, ne pas relever ce challenge lui ferait sans aucun doute perdre la face devant les Togolais et le monde. Et ce n’est surement pas anodin, le choix d’un média international pour évoquer ce sujet. Pour celle qui jouit d’une place privilégiée dans l’entourage du Chef de l’Etat, un échec de plus sonnerait comme « un aveu d’incompétence », averti un observateur.
Source : Fraternité