Affaire trading: J-GCI, QNET, TIENS, GTC SAS, voici comment le togolais est tombé dedans

 

 

Dans un communiqué en date de ce 29 mars, le ministre de l’économie et des finances a demandé à toutes les structures du domaine du trading et consorts de mettre fin à leurs activités. Comme l’explique le ministre Sani Yaya dans le communiqué, toutes ces entreprises ne sont pas reconnues et ne disposent d’aucune autorité pour mener de telles activités jusqu’à promettre de mirobolants taux de rentabilité.

 

 

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Il faut dire que le ministre était très attendu sur le sujet du moment où de nombreux Togolais ont été victimes de cette dramatique situation. Il y a même des personnes qui ont emprunté à la banque et se retrouvent aujourd’hui dans de beaux draps.

Ces entreprises de marketing de réseau, des transactions de crypto­monnaies, de courtage, de conseils en investissements boursiers, de trading et des produits de placement doivent tourner cette page au risque de faire face à la rigueur de la loi. Leurs promotions de rendements surréalistes allant jusqu’à 300% du capital souscrit n’est que du mensonge dénonce le ministère.

 

 

 

 

Les entreprises concernées sont entre autres Global Trade Corporation S.A.S., CACESPIC-IF Togo Sari, Prosperity Investment Corporation (PIC) S.A, la Société de Négoce et de Courtage en Banque (SNCB), Leader Bureau Chymall-Sairui Groupe Togo, Alliance in Motion Global, Chy Century Heng Hue, QNET, J-Global Capital International S.A.U, TIENS, TIMEX TRADING, Aladin Groupe, Petronpay Togo, Black empire, High Life International, Global Building Investment and Trade (GLOBIT), Global Investment Trading (LIYEPLIMAL).

Il est demandé à toutes ces entreprises de cesser immédiatement toute activité financière et monétaire, ainsi que de conseil sur toute l’étendue du territoire et de procéder aux remboursements, sans délai, des sommes collectées auprès des adhérents, sous peine de poursuite pénale. Ces promoteurs sont invités à prendre attache avec les autorités compétentes pour toutes fins utiles.

 

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J Global Capital, QNET, TIENS, GTC SAS et plusieurs autres entreprises illégales sommées de fermer leurs portes et de retourner les fonds des souscripteurs. Comment en est-on arrivé là ?

La manipulation de l’information financière est une manœuvre délictueuse visant à créer des fausses apparences sur les marchés boursiers surtout le trading . Il s’agit d’une tromperie qui a pour objectif d’inciter les investisseurs à prendre des engagements qui, loin de préserver leurs intérêts, procurent des gains non mérités au manipulateur. Ce dernier s’appuie sur des trucages cognitifs : fausses nouvelles, Investissements factices, promesses de résultats mirobolants, matraquage d’informations orientées pour cacher la vérité, etc.

Dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), la commission bancaire et le ministre en charge des finances de chaque pays sont responsables de l’agrément des institutions intervenant dans les opérations monétaires et financières et, en outre, régulent le fonctionnement des marchés d’épargne, de crédit et des capitaux. Mais le secteur financier dans l’UEMOA, et principalement au TOGO, reste marqué par un dualisme financier où un secteur financier informel cohabite avec un secteur financier moderne composé de banques, d’établissements financiers et d’institutions de microfinance (IMF) agréées.

 

 

 

 

Le secteur financier informel va des usuriers, des entreprises de marketing de réseau aux entreprises de trading opérant en marge de la réglementation. Ceci pose un véritable problème de surveillance et de régulation du secteur et crée ainsi un environnement favorable aux initiatives d’escroquerie. Au-delà des difficultés liées au contrôle des activités financières non réglementaires, la promesse de rendements élevés est un élément déterminant dans la mise en place des pyramides financières.

 

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Qu’est ce qui a favorisé le système de ponzi au TOGO ? 

La chaîne de Ponzi est un mécanisme dans lequel la solvabilité n’est pas assurée par les revenus investis ou placés mais plutôt par un endettement récurrent auprès de nouveaux adhérents. Le système de Ponzi fonctionne sur la rémunération pyramidale, une forme d’escroquerie par cavalerie. Ce système tient son nom de Charles Ponzi qui est devenu célèbre après avoir mis en place une opération frauduleuse fondée sur ce principe en 1919 à Boston. Ce système bien connu est extrêmement simple et efficace, ce qui explique son succès, malgré qu’il ait été par la suite interdit par la loi dans plusieurs pays.

Malgré les expériences passées et la pédagogie sur les pyramides de Ponzi et leurs préjudices, nombreuses sont encore les victimes des escroqueries des systèmes frauduleux de placement censés les enrichir très rapidement. Ces dernières années, les chaînes de Ponzi ont connu un grand succès au Togo. L’exemple mondial le plus connu après Ponzi est l’affaire Madoff, dont le montant de la fraude avoisine 65 milliards de dollars US. Les rendements constants et élevés, compris entre 7 et 11 % en moyenne par an, offerts par les fonds Madoff, quelle que soit la conjoncture économique, s’expliquent par un schéma de Ponzi. L’affaire Madoff souligne également l’importance des liens communautaires et des réseaux sociaux basés sur la confiance dans ce type de fraude et met en cause la qualité de contrôle exercé sur les institutions réglementées.

 

 

 

L’analyse du cas spécifique du Togo où la chaîne de Ponzi a prospéré pendant 2 ans jusqu’au krach de mars 2021 impliquant actuellement près 60 000 individus avec une perte d’environ 15 milliards de francs CFA fournit un cadre de compréhension des modes de fonctionnement et d’élargissement de la base des pyramides de Ponzi. Comment cette pyramide de Ponzi a-t-elle pu se mettre en place ?

Les raisons sont multiples , le laxisme des autorités, l’implication d’officiers supérieurs offrant à ces nouveaux Madoff des avantages comme la mise à disposition d’escortes armés, les dessous de table …

 

 

 

Une démarche rusée et ingénieuse 

À côté de cet environnement favorable dressé par certaines autorités togolaises pour une pratique complètement illégale, les promoteurs des institutions de placement illégal ont fait usage de ruse et d’ingéniosité afin de gagner la confiance des populations.

À l’instar de Charles Ponzi dont l’activité a commencé à partir de la communauté italo-américaine de Boston, de Madoff à partir de la communauté juive , les principales institutions de placement illégal au TOGO , ont commencé leurs activités en s’appuyant sur la communauté l’axe 3 du PND du Chef de l’état Togolais, pour se construire une identité financière. L’activité est donc placée sous une fausse protection du chef de l’Etat Togolais, censée soulager la misère de la population et donc fortement basée sur la confiance.

 

 

 

L’étape suivante de la démarche a consisté à afficher publiquement la proximité des promoteurs de ces institutions avec les autorités politiques à divers niveaux, députés ou ministres. Les œuvres caritatives, destinées à marquer les esprits de leur bonne foi et de leur générosité afin d’élargir la base de la pyramide de Ponzi, ont suivi. Ces œuvres sont de divers ordres, allant des soutiens financiers médiatisés au profit de personnes en détresse à la construction d’églises, d’écoles ou de dispensaires, de forages de puits pour les populations ou de parrainages d’activités sportives. Dans ce registre, on peut également mentionner des dons de matériels roulants à des administrations publiques ou municipales. Un accompagnement médiatique retentissant, qui a permis de mettre en lumière la supposée « gloire » ou « savoir-faire financier » des promoteurs susceptibles de garantir des taux d’intérêt exorbitants, a entouré leur démarche. Des campagnes publicitaires diffusées sur les plus importantes chaînes de télévision et antennes de radio à des heures de grande écoute ont permis de crédibiliser leurs manœuvres. En dehors du relais médiatique de leurs activités caritatives et des publicités mensongères, ces promoteurs sont souvent invités sur les différentes stations de radios et chaînes de télévisions afin d’assurer la promotion de leurs produits. À l’occasion, l’exhibition de signes ostensibles de fortunes (voitures de luxe, train de vie hors du commun, etc.) a renforcé la crédibilité des opérations, contribuant ainsi à faire vaciller les personnes encore hésitantes.

 

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On note bien qu’au-delà de la finance pyramidale, les promoteurs de la finance de Ponzi au TOGO ont joué sur les leviers politique, religieux et médiatique pour assurer la prospérité de leurs activités. La promotion médiatique de leurs produits financiers et les campagnes publiques de donation réalisées constituent des moyens de blanchiment d’une activité qui à la base est illégale, mais qui se déroule désormais au vu et au su de tous sans risque de répression judiciaire.

 

 

L’interaction entre les groupes militaires et les milieux politiques a joué un rôle déterminant dans la mise en œuvre du Ponzi. Les promoteurs de la finance de Ponzi ont profité de cette proximité entre les courants religieux et l’appareil d’État, pour abuser de la confiance de la population et faire prospérer leurs activités, en bénéficiant de la protection des autorités publiques par des jeux d’alliance.

 

 

 

 

TGWB